Cardinal Burke : pour une réforme en profondeur de l’Église
Venu présenter à Paris la version française de son livre La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin (Via Romana), le cardinal Raymond Burke a lancé ce thème fort : « Je suis convaincu de la nécessité d’une réforme en profondeur de l’Église » (entretien dansL’Homme nouveau, 12 mars 2016). Et de développer : « Il faut des hommes de foi et de doctrine, des hommes en parfaite adéquation avec la foi catholique ». Ces hommes existent : « Dans divers pays du monde, je rencontre beaucoup de gens très bien formés, animés d’un saint et véritable zèle pour la réforme de l’Église. Je note aussi dans la jeune génération un grand désir d’écouter l’enseignement de l’Église en profondeur. Et aussi un intérêt pour la beauté de la sainte liturgie ». Et encore : il faut une transmission de la foi par « une bonne catéchèse » ; il faut des écoles qui soient vraiment catholiques ; il faut une formation des prêtres centrée sur l’eucharistie ; il faut un développement d’universités catholiques « fortes ».
Il a largement développé ces éléments, le 14 mars, dans une rencontre avec des prêtres diocésains, des religieux et des prêtres de communautés, puis dans une conférence de presse. À la manière de Joseph Ratzinger, il a donné son expérience douloureuse de la réforme liturgique : « Le chant grégorien et la polyphonie sacrée étaient abandonnés en faveur de musiques contemporaines, médiocres et souvent banales. Le latin ne se faisait guère ou jamais entendre, et les traductions anglaises des textes liturgiques utilisaient un langage ordinaire et peu soutenu. La chose la plus frappante fut le changement radical du rite de la Messe, réduisant largement son expression. Cette situation a été aggravée par les expérimentations liturgiques apparemment interminables et qui parfois m’ont laissé l’impression de ne pas avoir vraiment assisté à la Sainte Messe » (voir ici). Répondant à une objection qui faisait valoir que cette situation tenait aux « abus » de l’époque, il a insisté : il est vrai que les abus l’ont aggravée, mais le rite même de la messe a été « dénudé » par la réforme. La forme ancienne doit enrichir la forme nouvelle.
En comparant les propos du cardinal Burke sur la nécessité d’une réforme de l’Église, on est frappé par le fait que, à la différence de la « réforme » dont on parle à Rome depuis trois ans, sans jamais lui donner aucun contour précis, celle que veut promouvoir Raymond Burke – en citant constamment le cardinal Sarah – développe des éléments déterminés, dont on a l’impression qu’ils constituent une sorte de programme spirituel et institutionnel : restauration d’une catéchèse authentique ; promotion de la« confession fréquente » ; formation solide des séminaristes ; promotion des écoles catholiques. Avec ce leitmotiv : « La première catéchèse à entreprendre est la célébration de la sainte liturgie elle-même. Elle doit être restaurée dans sa propre dignité, non seulement en ce qui concerne la célébration du prêtre, mais également pour la participation des fidèles qui doit être digne, en fonction justement du profond mystère qui est célébré » (entretien dans L’Homme nouveau).