Homélie du Cardinal Castrillon Hoyos
sermon 22 septembre 2007
Homélie pour l’ordination Sacerdotale à Bordeaux
Éminence, cher confrère et Archevêque de cette ville de Bordeaux, Frères et Sœurs dans le Christ, spécialement chers diacres qui allez recevoir l’ordination sacerdotale.
Il y a une grande attente dans vos cœurs, en ce moment : après des années de préparation spirituelle et théologique, voici venu le moment que vous avez tant attendu. Il y a une grande attente également dans le cœur de vos parents et de vos familles, qui vous entourent et auxquels je voudrais adresser un salut spécial. Mais comment ne pas voir que toute l’Église de Bordeaux a fixé les regards sur cette église Saint-Eloi en ce jour, car si l’Institut du Bon Pasteur reçoit cinq prêtres, c’est toute l’Église de Bordeaux, c’est l’Église Catholique entière qui reçoit ce don. Car il s’agit vraiment d’un don que le Seigneur fait à son Église : Il appelle des hommes au service apostolique dans l’Église d’aujourd’hui, Il les appelle à être ses prêtres. Je ne dois pas vous expliquer ce que c’est le prêtre; vous le savez, vous en connaissez beaucoup dans ce diocèse et partout, des hommes qui suivent le Christ en servant concrètement l’Église. Je ne veux que vous proposer quelques scènes de l’Évangile :
1. La veille du Jeudi Saint, avant de faire de ses douze Apôtres des prêtres de la Nouvelle Alliance, Jésus les avertit : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisi. » et Il explique pourquoi Il les a choisi : « pour que vous alliez et que vous portiez du fruit ! » Un choix de Dieu donc, non pas pour avoir une place d’honneur, mais pour travailler dans sa Vigne, qui est l’Église; pour que leur travail porte des fruits. Et Il leur indique quel sera leur travail principal : « ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ! » Pourquoi seulement cela ? Parce que c’est ainsi qu’ils doivent faire voir au monde que « Dieu est amour ».
2. Quelques heures plus tard, Jésus est au jardin de Gethsémani, avec les onze apôtres, qui sont restés après le départ de Judas. Ils voient d’abord leur maître prier, comme ils l’avaient vu souvent; mais alors Il prend seulement trois d’entre eux, Pierre, Jean et Jacques, auxquels Il demande de veiller avec Lui et de prier. Ce sont eux qui assistent au début de la Grande Passion de Jésus : son agonie commence là, dans ce jardin et « sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang ». L’apôtre, le prêtre doit veiller et prier avec Jésus.
3. Le lendemain, le Vendredi-Saint : un seul apôtre est resté sous la croix de Jésus, Jean, c’est lui qui est le témoin de toute la Passion, de la mort et de la sépulture de son Maître. C’est à lui que Jésus laisse Marie, sa Mère : « voici ta mère ! » C’est cela le troisième commandement donné aux prêtres : Soyez les témoins de la bienheureuse Mort du Fils de Dieu, témoins de la Rédemption accomplie sur la Croix et offrez en son nom le salut à tous les hommes, qui veulent l’accepter en croyant à Jésus.
4. Il manque seulement le grand envoi en mission : « allez enseigner tous les peuples, baptisez-les ! Soyez mes témoins jusqu’aux confins de la terre ! » Mais cet envoi n’est possible qu’après le « Troisième Jour », ce « Jour qu’a fait le Seigneur », le jour de sa glorieuse Résurrection. Maintenant, ils sont tous des « témoins oculaires », car ils ont eu la grande joie de voir le Ressuscité, de toucher même son corps glorieux et ils l’ont vu rentrer au Ciel le jour de l’Ascension et c’est de cela qu’ils vont témoigner partout. Voilà, c’est à la même charge apostolique que sont envoyés aujourd’hui ces nouveaux prêtres.
L’histoire de l’Église nous enseigne que dès le début les apôtres ont évangélisé partout où ils venaient; mais vite ils se sont donnés des coopérateurs, pour les aider et pour continuer leur œuvre après leur mort : les évêques qui ont été mis à la tête des communautés de fidèles, qui eux, ont associé à leur travail des prêtres du « second degré », comme dit le Pontifical, « pour secourir à notre faiblesse ».Oui mes chers frères et sœurs, oui, nous les évêques, nous avons besoin de vous, les prêtres, car la charge de Pasteur est tellement lourde, qu’il faut beaucoup de collaborateurs pour prêcher l’Évangile, pour catéchiser les enfants, les jeunes et tous ceux qui en ont besoin. Des prêtres avant tout pour célébrer les Saints Mystères, la Sainte Messe, parce que ce sont les sacrements qui nous transmettent la grâce de notre salut. Des prêtres qui donnent à ceux qui le demandent le pardon des péchés au Sacrement de Pénitence, des prêtres qui enseignent à prier et qui prient avec leur peuple et qui restent auprès des malades, des prêtres qui viennent au secours des mourants avec la grâce des derniers sacrements, et qui accompagnent les morts au cimetière. Voilà la tâche du prêtre, qui est appelé à être pasteur avec son évêque, pasteur à l’image de Celui qui a dit « Je suis le Bon Pasteur ». Jésus est le vrai « Bon Pasteur » qui connaît vraiment ses brebis et qui les mène sur « des prés d’herbe verte et vers les eaux du repos » comme dit le psaume 22.Mais Dieu a voulu avoir besoin des hommes, des hommes qui le représentent, qui continuent d’une certaine manière sa vie terrestre, qui lui donnent leur voix; saint Augustin le dit en deux mots : « En eux on entend la voix du Christ, et à travers eux se manifeste son amour. »Le « Bon Pasteur » - comment ne pas manifester ce beau titre que votre Institut s’est donné : « Institut du Bon Pasteur » ? Cet Institut portera dorénavant le nom de Bordeaux, et je suis certain qu’il fera honneur à cette belle ville, et à son Siège épiscopal, vénérable par son ancienneté, vénérable aussi par la longue liste des Évêques qui, dès le troisième siècle ont occupé ce Siège et qui étaient des bons pasteurs de leur peuple; vénérable enfin par la personne de son archevêque actuel, le cardinal Ricard; c’est à sa bonté et à son sens pastoral que cet « Institut du Bon Pasteur » doit son existence; il a bien vu que pour le service pastoral des fidèles liés à la tradition liturgique antérieure il faut des prêtres « spécialisés »; notre Saint Père le Pape lui a donné raison en publiant comme vous le savez, sa Lettre Apostolique « Summorum Pontificum Cura », qui demande à toute l’Église de considérer désormais le Rite romain comme ayant deux formes, celle ordinaire du Missel du Pape Paul VI, qui se célèbre dans les paroisses normales, et le rite extraordinaire selon le Missel antérieur, publié la dernière fois par le Pape Jean XXIII en 1962.Si nous célébrons aujourd’hui la Sainte Messe selon ce Missel, c’est justement parce que les nouveaux prêtres seront appelés à ce service pastoral et nourriront leur vie spirituelle, comme celles des fidèles qui leur seront confiés, par cette vénérable liturgie romaine. Ils se consacreront volontiers à ce ministère, ensemble avec leurs confrères et avec les prêtres membres d’autres Instituts spécialisés. Et maintenant mes chers diacres, préparez votre cœur à recevoir le Saint-Esprit, qui va vous configurer pour toujours à Jésus-Christ, notre Souverain-Prêtre. Préparez-vous à écrire dans la mémoire de votre cœur les paroles qui vont vous suivre pendant toute votre vie : « Accipe jugum Domini : jugum enim eius suave est et onus eius leve » « Reçois le joug du Seigneur, car son joug est doux et son fardeau léger. »
Et enfin, regardez avec les yeux de votre cœur Marie, la Mère de Jésus, qui vous accueille aujourd’hui sous sa protection spéciale, comme bonne Mère des prêtres.
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