sábado, 8 de outubro de 2011

Le Barroux et la messe : une préférence motivée



Dans son dernier numéro (octobre 2011), notre confrère La Nef consacre un grand entretien à la construction par l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux d’un nouveau monastère à La Garde. Actuel père abbé du Barroux, dom Louis-Marie répond aux questions de Christophe Geffroy, le directeur de cette revue. On pourra lire sur le site de La Nef l’intégralité de cet entretien, qui explique bien le projet de La Garde, la spécificité du Barroux dans le monde bénédictin ou qui traite encore de la crise des vocations. Les deux dernières questions posées à dom Louis-Marie portent plus directement sur la liturgie et sur l’herméneutique de la continuité. J’ai pensé que les réponses pouvaient intéresser les lecteurs.


Vous êtes attaché à la forme extraordinaire du rite romain : pourquoi ce choix et comment jugez-vous la situation liturgique dans l’Église latine, particulièrement depuis le motu proprio Summorum Pontificum et la récente publication de l’instruction Universae Ecclesiae ?
Le choix de la forme extraordinaire du rite romain remonte à nos origines, à Bédoin, en 1970. Ce choix n’est pas affectif, mais une préférence motivée par des raisons de manifestation plus nette de certaines vérités de la foi : caractère central, sacrificiel et sacré de la messe, présence réelle du Seigneur dans les Saintes Espèces, distinction essentielle du sacerdoce ministériel du prêtre et du sacerdoce baptismal. J’ajoute que la forme extraordinaire manifeste hautement la continuité de l’Église, car l’Église n’accepte pas les ruptures ni les révolutions, elle ne change pas le contenu de sa foi. Et pour finir, l’orientation œcuménique donnée par le concile Vatican II trouve dans la forme extraordinaire un pont avec les Églises orientales et même avec les communautés chrétiennes anglicane et luthérienne, aux formes liturgiques encore anciennes.
La situation liturgique tend à évoluer dans le bon sens. Je le vois par exemple à la messe chrismale du Jeudi Saint à la Métropole d’Avignon. Mais il faudra du temps car, comme disait Dom Gérard, il faut une nuit pour brûler une forêt, et 50 ans pour la faire repousser. En tout cas, le Saint-Père a débloqué une situation. La forme extraordinaire n’est plus considérée par les fidèles comme abolie. Il me semble que le but actuel du Vatican est de diffuser la célébration de cette forme avec tout ce qui va avec (catéchisme, patronages, pèlerinages…) afin, dans un premier temps, d’influencer la célébration correcte de la forme ordinaire. Nous sommes au commencement du commencement. Après, Dieu pourvoira.

Le Barroux s’est illustré par la publication d’études importantes en accord avec le souci du Saint-Père d’une juste « herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité ». Est-ce important pour vous et comment percevez-vous les projets de Benoît XVI en la matière ?
C’est un point fondamental. L’Église n’a pas le pouvoir de se donner de nouvelles constitutions au cours du temps. Elle se doit de rester elle-même, telle qu’elle a été fondée par son Maître. C’est aux pasteurs de cultiver dans la vigne du Seigneur l’esprit de fidélité, de communion avec la Tradition et ses développements fondamentaux, et donc de présenter le concile Vatican II non pas comme une nouveauté absolue, mais comme un développement organique ou une réforme dans la continuité. Les pasteurs qui font autrement auront des comptes à rendre au Seigneur.
Je ne suis pas dans les secrets du Saint-Père, mais je constate que ses allocutions illustrent bien l’urgence de renouer avec notre histoire : depuis 5 ans, il consacre ses audiences générales à présenter les géants de l’histoire de l’Église, depuis les apôtres, en passant par saint Benoît, et pour finir par sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Et, en ce moment, il nous parle de l’homme de prière. Il me semble que son projet est l’enracinement, thème des JMJ, enracinement dans notre foi, dans notre histoire et dans la prière. C’était déjà le projet de Dom Gérard lançant les travaux du Barroux : « Le critère-roi, celui auquel nous désirons tout sacrifier, sera non pas l’émergence mais l’enracinement. » Ce qui promet de bons fruits.

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