Traité de la Perfection
Ce traité de la perfection est-il véritablement de sainte Catherine de Sienne ? Nous le pensons, quoique nous n’en trouvions aucune preuve dans les écrits de ses disciples et dans les dépositions du procès de Venise. La forme est moins riche, moins lumineuse que celle du Dialogue ; mais le fond présente les mêmes pensées et les mêmes enseignements, Ce traité est sans doute le résumé d’un de ces discours admirables que sainte Catherine de Sienne adressait à ceux qui venaient lui demander des conseils ; beaucoup de ses paroles ont été peut-être ainsi recueillies. Le bienheureux Thomas Caffarini, son confesseur, parle d’un traité sur les Evangiles qui auraient été fait d’après ses explications ; ce traité n’a pas été retrouvé.
1.- Une âme éclairée par l’Auteur de la lumière considérait sa misère et sa fragilité, son ignorance et sa pente naturelle au mal. Elle contemplait aussi la grandeur dé Dieu, sa sagesse, sa puissance, sa bonté, tous ses attributs divins, et elle comprenait combien il est juste et nécessaire que ce Dieu soit saintement et parfaitement honoré.
2.- Dieu est père et seigneur de toutes choses ; il les a faites pour qu’elles louent son très saint nom et qu’elles contribuent à sa gloire. N’est-il pas juste et convenable que le serviteur respecte son maître, le serve et lui obéisse avec toute la fidélité possible?
3.- C’est aussi une chose nécessaire, parce que Dieu a créé l’homme, composé d’un esprit et d’un corps, à la condition que s’il lui rend volontairement un service fidèle jusqu’à la mort, il parviendra à la vie éternelle. L’homme ne peut autrement acquérir cette félicité, renfermant l’abondance de tous les biens ; mais II y en a peu qui l’obtiennent, parce que presque tous cherchent leurs intérêts et non ceux de Dieu. (363)
4.- Cette âme voyait que les jours de l’homme sont courts, et qu’il ignore l’instant où doit finir le temps fugitif qui lui est donné pour mériter. En enfer, il n’y a plus de rédemption possible ; car chacun dans la vie future reçoit justement, par une immuable et inévitable sentence, la récompense ou le châtiment que sa manière de vivre lui aura mérité.
5.- Elle voyait combien les prédicateurs faisaient de discours et parlaient diversement des vertus par lesquelles on honore et sert Dieu. Elle voyait aussi le peu de capacité de la créature raisonnable, son intelligence bornée, sa faible mémoire, qui ne peut saisir beaucoup de choses, ni retenir fidèlement celles qu’elle a apprises. Beaucoup s’appliquent à toujours apprendre ; mais bien peu s’efforcent d’arriver à une vraie perfection, en servant Dieu comme il serait juste et nécessaire de le faire. Presque tous vivent continuellement dans l’agitation de l’esprit et s’exposent à un péril extrême.
6.- A la vue de toutes ces choses, cette âme s’adressait au Seigneur, dans l’ardeur du désir et de l’amour. Elle conjurait la divine Majesté de vouloir bien lui donner quelques courts préceptes pour régler saintement notre vie et la rendre aussi parfaite que possible, en nous faisant suivre véritablement l’enseignement de l’Église et des saintes Écritures, l’obéissance à ses préceptes devant nous faire rendre à Dieu les honneurs qui lui sont dus, et nous mériter, après cette vie courte et misérable, la félicité pour -laquelle il nous avait créés.
7.- Alors Dieu, qui inspire les saints désirs et ne permet pas que leur ardeur soit inutile, se manifesta tout à coup à cette âme dans l’extase, et il lui dit : Ma bien-aimée, tes désirs me ravissent ; ils me, plaisent tant, que je suis beaucoup plus avide de les satisfaire, que tu ne l’es toi-même de les voir satisfaits. Je souhaite ardemment vous donner, quand vous y consentez, les grâces qui sont utiles et nécessaires à votre salut ; aussi je m’empresse de contenter ton désir et d’agréer tes demandes.
8.- Ecoute donc attentivement ce que l’ineffable et infaillible Vérité va te dire. Je t’exposerai en peu de mots ce qu’est, ce que renferme la vraie perfection, et toutes les vertus qu’enseignent l’Eglise et les saintes Écritures. Si tu (364) te contemples dans cette doctrine, si tu y conformes ta vie, si tu t’efforces de l’observer, tu accompliras tout ce qui est Contenu et caché dans ces paroles divines, et tu jouiras d’une joie sans bornes et d’une paix inaltérable.
9.- Apprends que le salut de mes serviteurs et leur perfection consistent uniquement à faire ma seule volonté et à toujours l’accomplir, à ne servir que moi, à n’honorer que moi, à ne voir que moi dans tous les moments de leur vie. Plus ils s’y appliqueront avec ardeur, et plus ils approcheront de la perfection ; car plus ils s’uniront et s’attacheront par des liens intimes et forts à moi, qui suis la souveraine perfection.
10.- Ce que je te dis en ces quelques mots, tu le comprendras plus clairement si tu regardes mon Christ, en qui j’ai mis mes complaisances. Il s’est anéanti sous la forme d’un esclave, et il s’est revêtu des apparences du péché. Vous étiez plongés dans d’épaisses ténèbres, vous étiez éloignés du sentier de la vérité ; il vous a éclairés des splendeurs de sa lumière, et vous a ramenés dans la voie droite par sa parole et son exemple. Il a été obéissant jusqu’à la mort, et cette obéissance persévérante vous enseigne que votre salut dépend du ferme propos de faire ma seule volonté.
11.- Quiconque voudra méditer avec soin la vie et la doctrine de mon Fils, verra clairement que la justice et la perfection de l’homme consistent uniquement dans une continuelle et fidèle obéissance à ma volonté. C’est ce que votre Chef vous a répété tant de fois. N’a-t-il pas dit : « Ce n’est pas celui qui crie : Seigneur! Seigneur! qui entrera dans le royaume des cieux, mais celui qui fera la volonté de mon Père » (Matth. VII,21)?
12.- Ce n’est pas sans raison que mon Fils a répété deux fois : Seigneur! Seigneur! Toutes les existences passagères de ce monde se partagent entre l’état religieux et l’état séculier, et il a voulu exprimer que personne, quelle que soit sa position, ne peut acquérir la gloire éternelle, quoiqu’il ait tout fait pour m’honorer extérieurement, s’il n’a pas accompli ma volonté.
13.- Mon Fils a dit dans un autre endroit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle du Père qui m’a envoyé. Ma nourriture est de faire la volonté de Celui (365) qui m’a envoyé ». Et autre part : « Que ce ne soit pas ma volonté, mais la vôtre qui se fasse. C’est selon l’ordre que m’a donné le Père que j’agis de la sorte » ( Jean, VI,38 ; Vl,34 ; XIV,31).
11.- Si tu veux donc imiter l’exemple de ton Sauveur, et faire ma volonté, qui renferme tout bien, il est nécessaire qu’en toute chose, tu renonces à ta volonté, que tu la méprises et la renies. Plus tu mourras à toi-même, plus tu rejetteras avec soin ce qui est toi, et plus je te donnerai avec abondance ce qui est moi.
15.- Lorsque l’âme eut reçu ces salutaires enseignements de la vérité, elle disait dans sa joie : Mon Père, mon Dieu, je ne pourrais jamais exprimer combien je suis ravie des choses que vous avez daigné faire entendre à votre pauvre servante ; j’en remercie de toutes mes forces votre souveraine Bonté. Rien ne pourra mieux et plus clairement faire comprendre ces enseignements à ma grossière intelligence, que l’exemple du Sauveur.
16.- Puisque vous êtes le Bien suprême, et que vous ne voulez pas l’iniquité, mais la justice et la vertu, je fais ce que je dois faire si j’accomplis votre volonté, et elle l’accomplis en renonçant à la mienne, que vous ne voulez jamais violenter ; car vous l’avez faite libre, pour que je vous la soumette de mon plein gré ; En m’appliquant sans cesse à faire la vôtre, je vous deviendrai plus agréable, et j’acquerrai des mérites devant vous.
17.- Je veux donc et je désire ardemment faire tout ce que vous commandez ; mais je ne sais pas bien ce que renferme votre volonté, et comment je puis me soumettre à vous avec zèle et fidélité. Si je ne suis pas trop téméraire, si je n’abuse pas de votre bonté, je vous conjure humblement d’agréer ma demande, et de me donner encore quelques courts enseignements.
18.- Alors le Seigneur répondit : Si tu désires connaître en peu de mots ma volonté, afin de pouvoir la suivre parfaitement, ma volonté est que tu m’aimes souverainement et toujours. Je vous ai fait le commandement de m’aimer de tout votre coeur, de toute votre âme, de toutes vos forces, et c’est à observer ce commandement que consiste la perfection ; car la fin du commandement est la charité, et l’accomplissement de la loi est l’amour.
19.- L’âme reprit : Je comprends que votre volonté et ma perfection se trouvent dans votre amour, et je voudrais vous aimer, comme je le dois, d’un amour ardent et souverain ; mais je ne sais pas assez comment je puis et je dois le faire. Je vous supplie donc de vouloir bien m’instruire à ce sujet.
20.- Dieu lui dit : Ecoute et médite de toute l’application de ton esprit ce que je vais te dire. Pour m’aimer parfaitement, trois choses sont nécessaires. Il faut d’abord éloigner, séparer, retrancher ta volonté de tout amour et de tout attachement terrestre et charnel, de sorte qu’aucune chose passagère et périssable ne puisse te plaire en cette vie, si ce n’est pour moi.
21.- La chose la plus importante, c’est qu’il ne faut pas que tu m’aimes pour toi, que tu t’aimes pour toi et que tu aimes le prochain pour toi ; il faut que tu m’aimes pour moi ; que tu t’aimes pour moi, et que tu aimes le prochain pour moi.
22.- L’amour divin ne peut souffrir la société d’un autre amour. Selon que tu seras souillée de la contagion des, choses de la terre, tu seras privée de mon amour et tu perdras la perfection ; car, pour être pure et sainte, il ‘est nécessaire que l’âme méprise toutes les choses sensibles. Fais donc en sorte qu’aucune des choses que ma bonté vous a données pour votre usage ne t’empêche de m’aimer. Que toutes, au contraire, t’aident, t’excitent et t’enflamment pour moi ; car si je les ai créées, et je vous les ai données, c’est afin que, connaissant davantage la grandeur de ma bonté, vous m’aimiez d’un plus grand amour.
23.- Applique-toi donc à soumettre au frein de la continence tes sens et tes désirs : garde toi avec vigilance, et résiste avec courage aux concupiscences de la terre, que font naître de toute part les conditions de cette vie malheureuse et la corruption de la nature. Fais en sorte de pouvoir dire avec mon prophète : « C’est lui qui a formé mes pieds (c’est-à-dire mes affections, qui sont les pieds de l’âme) comme ceux du cerf, pour fuir les chiens ( c’est-à-dire les liens de la concupiscence), et il m’a placée sur les hauteurs» (Ps. XVII,34), c’est-à-dire dans la contemplation.
24.- Aussitôt que tu auras observé ce premier enseignement, tu pourras accomplir le second, qui est d’une (367) plus grande perfection : c’est que toutes tes pensées, tes actes et tes opérations aient pour unique but mon bonheur et ma gloire. Il faut t’appliquer sans cesse à me louer par tes prières, tes paroles, tes exemples. Il faut non seulement le faire, mais encore y porter autant que tu le pourras les autres, afin que tous me connaissent, m’aiment et m’honorent uniquement. Ce moyen me plaît plus que le premier, parce qu’il accomplit plus ma volonté.
25.- Quant au troisième enseignement qui reste, si tu le suis, sois persuadée que rien ne te manquera, et que tu arriveras à la justice parfaite. Voici en quoi il consiste : il faut chercher avec un ardent désir, et t’efforcer d’atteindre une disposition d’esprit telle, que tu me sois si unie, et que ta volonté soit si conforme à la mienne, que tu ne veuilles jamais non seulement le mal, mais encore le bien que je ne veux pas.
26.- Quoi qu’il arrive au milieu des misères de cette vie, dans les choses temporelles ou spirituelles, rien ne doit détruire la paix ou troubler le calme de ton esprit. Il faut au contraire croire avec une foi inébranlable que moi, le Dieu tout puissant, je t’aime plus que tu ne t’aimes toi-même, et que j’ai pour toi plus de soin et de sollicitude que tu ne peux en avoir toi-même. Plus tu t’abandonneras, plus tu te confieras en moi, et plus je t’aiderai, plus je te serai présent, plus tu connaîtras et sentiras parfaitement la douceur de ma charité envers toi.
27.- Tu ne peux arriver à cette perfection que par un entier et perpétuel renoncement à ta propre volonté. Quiconque n’apporte pas ce renoncement dans toutes ses oeuvres manque par cela même à la vraie perfection ; mais celui qui le pratique avec joie accomplit parfaitement ma volonté. Celui-là m’est très agréable ; car rien ne m’est plus doux que d’agir avec vous par la grâce et d’habiter en vos âmes.
28.- Mes délices sont d’être avec les enfants des hommes. Je ne veux pas violer les droits de leur libre arbitre ; mais dès qu’ils m’acceptent par la grâce, ils sont transformés en moi, tellement qu’ils sont une même chose avec moi par la participation de ma perfection, de ma paix particulière et de mon repos.
29.- Afin que tu comprennes mieux avec quelle ardeur (368) je désire être avec, vous, et que tu te presses de soumettre et d’unir ta volonté à la mienne, vois et considère attentivement que j’ai voulu que mon Fils unique s’incarnât, et que ma divinité, dépouillée de l’éclat de sa majesté, s’unît à votre humanité. C’est par cette preuve d’amour que je vous ai invités, excités à unir votre volonté à la mienne,
et à vous attacher toujours à moi seul.
30.- J’ai voulu que mon Fils bien-aimé s’assujettît à la mort cruelle et ignominieuse de la Croix, afin que par ses tourments il effaçât votre péché. Car le péché avait établi entre moi et vous une rupture qui m’avait obligé de détourner de vous mes regards.
31.- Je vous ai aussi apprêté ce festin si grand et si peu connu, le Sacrement du corps et du sang de mon Fils. En le prenant pour nourriture, vous êtes transformés et changés en moi. De même que le pain et le vin dont vous vous nourrissez passe dans la substance de votre corps, de même, en vous nourrissant de lui, mon Fils, qui est une même chose avec moi, pénètre votre substance spirituelle sous les apparences du pain et du vin, et vous vous convertissez en moi. C’est ce que j’exprimais à mon serviteur Augustin lorsque je lui disais : « Je suis la nourriture des grands. Crois et mange, tu ne me changeras pas en toi, mais tu seras changé en moi » (Cibus sum grandium : credete manducabis ; nec tu me mutabis in te, sed tu mutaberis in me.)
32.- Cette âme comprit alors ce qu’était la volonté de Dieu ; elle vit que, pour l’accomplir, la charité parfaite est nécessaire, et que la charité parfaite consiste dans le renoncement de la volonté propre. Seigneur mon Dieu, dit-elle, vous m’avez fait connaître votre volonté, vous m’avez expliqué que si je vous aime parfaitement, je n’aimerai aucune chose terrestre et périssable pour moi-même, mais que j’aimerai tout à cause de vous et pour vous. Vous m’avez dit que je devais chercher en toute occasion votre honneur et votre gloire, et porter mon prochain à le faire également. Vous m’avez dit que dans toutes les adversités que je rencontrerais pendant cette malheureuse vie, je devais m’appliquer à souffrir avec un esprit indifférent, tranquille et joyeux. (369)
33.- Puisque toutes ces choses doivent se faire par le renoncement de ma volonté propre, enseignez-moi, je vous prie, le moyen d’arriver à ce renoncement et d’acquérir, de conserver une si grande vertu ; car, je le vois à la lumière de votre doctrine, je vivrai en vous autant que je mourrai en moi.
34.- Alors Dieu, qui ne trompe jamais les saints désirs, ajouta : II est certain que tout bonheur consiste dans le parfait renoncement de toi-même : Je te remplirai de ma grâce à mesure que tu te dépouilleras de ta volonté. La communication de ma bonté divine fera ta perfection par la grâce, sans laquelle la créature humaine n’est rien en
vertu et en dignité.
35.- Si tu veux donc arriver à cette perfection, tu dois, avec une humilité profonde, avec une véritable et intime connaissance de ta misère et de ta pauvreté, travailler à une seule chose et la désirer sans cesse : obéir à moi seul et accomplir en tout ma volonté. Pour y parvenir, il est nécessaire qu’au moyen de ton imagination et de
ton jugement, tu te construises en toi-même une cellule entièrement fermée par les ordres de ma volonté, pour t’y cacher et y habiter sans cesse. Quelque part que tu ailles, n’en sors jamais. Quelque chose que tu regardes, n’en détache jamais les yeux.
36.- Que tous les mouvements de ton esprit et de ton corps Soient toujours dirigés vers ma volonté. Ne parle, ne pense et n’agis que pour me plaire et pour accomplir ce qui te semblera être ma volonté ; et de cette manière, dans tout ce que tu feras, le Saint Esprit sera ton maître.
37.- On peut arriver aussi par une autre voie au renoncement de la volonté propre. Si tu rencontres quelqu’un qui puisse t’instruire et te gouverner selon mon bon plaisir, tu lui assujettiras ta propre volonté. Tu te confieras entièrement à lui pour lui obéir en toutes choses, et suivre continuellement ses conseils. Car celui qui écoute mes serviteurs prudents et fidèles m’écoute moi-même.
38.- Ce que je veux aussi, c’est qu’avec une foi ferme et une ardeur infatigable tu médites sur moi, ton Dieu, qui t’ai créée pour jouir de la béatitude. Je suis l’Être éternel, souverain, tout, puissant. Je fais pour vous tout ce qui me plait. Rien ne peut résister à ma volonté, et rien ne peut (370) vous arriver sans elle ; car rien ne se fait sans ma permission. Le prophète Amos l’a dit : « Aucun mal n’arrive à la cité sans moi ou sans ma permission » (Amos. III, 6 ).
39.- Songe que moi ton Dieu, je suis la plénitude de la sagesse, de la science et de l’intelligence, que je vois toutes les choses avec certitude, et que je les pénètre intimement. En te gouvernant, en gouvernant le ciel et la terre et le monde entier, je ne puis jamais être trompé ni égaré par quelque erreur. S’il en était autrement, je ne serais pas Dieu et la Sagesse suprême. Pour que tu comprennes l’efficacité de ma sagesse, apprends que, «e la faute et du châtiment, je tire un bien plus grand que le mal même.
40.- Considère enfin que je suis un Dieu souverainement bon et que mon amour me fait nécessairement vouloir tout ce qui vous est utile et salutaire. Il ne peut venir de moi aucun mal, aucune haine. C’est par bonté que j’ai créé l’homme, et je l’aime toujours d’une ineffable tendresse.
41.- Lorsqu’une foi ferme et inébranlable, une méditation profonde t’auront convaincue de ces vérités, ta connaîtras que les tribulations, les tentations, les difficultés, les maladies et toutes les choses contraires de la vie vous sont toujours envoyées par ma providence pour votre salut. Ce qui vous parait fâcheux doit vous corriger de votre malice et vous conduire à la vertu, par laquelle on acquiert le vrai, le souverain bien que vous ne connaissez pas.
42.- La lumière de la foi doit aussi t’apprendre que je sais, je veux et je puis accomplir ton bonheur mieux que toi-même. Tu ne peux rien faire, savoir et vouloir, sans ma grâce. Tu dois donc apporter tous tes soins à soumettre entièrement ta volonté à la volonté divine. En le faisant, ton âme se reposera dans la paix, et tu m’auras toujours avec toi, car j’habite dans la paix.
43.- Tu ne souffriras d’aucun scandale, et rien ne pourra te faire tomber. Une paix profonde est le partage de ceux qui aiment mon nom ; aucune cause ne les ébranle, parce qu’ils aiment uniquement ma loi, c’est-à-dire ma volonté ; et ma loi est ce qui gouverne toutes choses. Ils me sont si intimement unis par elle, ils aiment tant l’observer, que rien au monde ne peut les attrister, excepté le péché, parce qu’il
me fait injure.
44.- Ils voient avec le regard pur et tranquille de l’âme (371) que moi, le Maître souverain de l’univers, je gouverne tout avec une sagesse, un ordre et une charité infinis. Ils savent, par conséquent, que ce qui leur arrive est bon. Je choisis le meilleur pour eux, et je pourvois plus utilement à leurs besoins qu’ils ne pourraient eux-mêmes le savoir, le vouloir et le pouvoir faire.
45.- II en est de même des épreuves qu’ils supportent. Comme ils m’attribuent les évènements, au lieu de les attribuer au prochain, ils sont tellement affermis dans une invincible patience qu’ils souffrent tout, non seulement avec calme, mais encore avec joie et bonheur. Dans tout ce qui leur arrive à l’intérieur et à l’extérieur, ils goûtent la douceur de mon ineffable charité.
46.- C’est savoir apprécier ma bonté que de croire et de penser avec reconnaissance, au milieu des difficultés et des tribulations, que je dispose de tout avec douceur, et que tout découle de la source élevée de mon amour. Une seule chose peut corrompre et détruire le bien de cette salutaire pensée et de cette sainte disposition, c’est la volonté propre, l’amour de vous-mêmes. Si vous vous séparez de cette volonté, de cet amour, vous vous séparez de l’enfer des flammes éternelles préparées à l’âme et au corps des maudits : vous vous séparez aussi de l’enfer des agitations de l’esprit et des tempêtes de l’adversité, que les hommes aveugles souffrent sur cette terre.
47 .- Ainsi, ma fille, si tu désires vivre dans ce siècle périssable et trompeur par la grâce, et dans l’éternité bienheureuse par la gloire, il faut mourir en te renonçant toi-même et en déposant ta volonté propre. Car bienheureux les morts qui meurent dans le Seigneur, et bienheureux les pauvres d’esprit, parce qu’ils me voient pendant leur pèlerinage par l’union de l’amour, pour me voir ensuite par la gloire, dans les splendeurs de la patrie.