2 septembre 2016
"Si ton coeur se réchauffe à la lecture des prières habituelles, alors continue à cultiver de cette façon l'affection cordiale envers Dieu. La prière de Jésus, si elle est dite de manière mécanique, ne procure rien, pas plus que toute autre prière qui n'est prononcée que par la bouche.
Quand vous faites la prière de Jésus, essayez de ressentir de façon vivante que le Seigneur est tout près de vous, qu'il se tient face à votre âme et écoute ce qu'elle lui dit. En même temps, éveillez dans votre âme le désir du salut et ayez la certitude que seul le Seigneur peut vous l'offrir. Ensuite, clamez vers lui, le contemplant spirituellement: 'Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi!' ou bien 'Seigneur miséricordieux, sauve-moi de la façon dont tu le souhaites'. En fait, ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais le sentiment envers le Seigneur."
Comme je suppose que le nom de saint Théophane le Reclus est ignoré de bon nombre de mes lecteurs (même orthodoxes, hélas !), quelques mots sur ce grand spirituel :
La fin de sa vie fut marquée par la maladie. Il souffrait de rhumatismes, de névralgies, d'arythmies cardiaques et il devint aveugle de l'œil droit en 1888.
La chose principale, dit saint Théophane le Reclus, est de se tenir devant Dieu avec l’esprit dans le cœur et de continuer à se tenir devant Lui, sans cesse, jour et nuit, jusqu’à la fin de la vie. (Cité dans Higoumène Chariton, L’Art de la prière,Bellefontaine, 1976, p. 81.)
Dans cette définition concise mais profonde, saint Théophane souligne trois choses :
– premièrement, la base de la louange qui est de se tenir devant Dieu ;
– deuxièmement, les facultés qu’emploie la personne qui rend grâce : avec l’esprit dans le cœur ;
– troisièmement, le moment approprié pour la louange : sans cesse jour et nuit, jusqu’à la fin de la vie.
Quand vous faites la prière de Jésus, essayez de ressentir de façon vivante que le Seigneur est tout près de vous, qu'il se tient face à votre âme et écoute ce qu'elle lui dit. En même temps, éveillez dans votre âme le désir du salut et ayez la certitude que seul le Seigneur peut vous l'offrir. Ensuite, clamez vers lui, le contemplant spirituellement: 'Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi!' ou bien 'Seigneur miséricordieux, sauve-moi de la façon dont tu le souhaites'. En fait, ce ne sont pas les paroles qui comptent, mais le sentiment envers le Seigneur."
5 janvier 2012
J'ai trouvé dans la revue "Le Chemin" (n° 54, 2002) publiée par la communauté Saint Thiébault à Gorze (Moselle) [ www.centre-bethanie.org/] une conférence remarquable de l'évêque Kallistos (Timothy) Ware intitulée "Symbolique et beauté dans la prière". Elle est trop longue pour être reproduite ici intégralement, ce qui est bien dommage, mais j'en ai extrait quelques passages parmi les plus significatifs.
Comme je suppose que le nom de saint Théophane le Reclus est ignoré de bon nombre de mes lecteurs (même orthodoxes, hélas !), quelques mots sur ce grand spirituel :
Saint Théophane le Reclus est surtout connu pour ses ouvrages de vie spirituelle. Il naquit le 10 janvier 1815 dans le village de Chernavsk, d'un père prêtre; Après avoir étudié dans les séminaires de plusieurs grandes villes, dont Kiev, il fut tonsuré moine le 15 février 1841, puis ordonné diacre et enfin prêtre la même année.
Il partit par la suite en Palestine où il devint prêtre dans la mission russe. Il y passa sept ans et acquit à cette occasion une parfaite connaissance du grec. Il fut ensuite pendant quelque temps aumônier de l'église de l'ambassade russe à Constantinople. De retour en Russie, il devint recteur de l'Académie théologique de Saint-Petersbourg. Enfin, le 1er juin 1859, il fut consacré évêque de Tambov (à l'ouest de la Russie), avant d'être transféré à Vladimir (l'ancienne capitale de la Russie duXIIe au XIVe siècle) en 1863. En 1866, l’évêque Théophane demanda à être relevé de la charge de son diocèse pour se retirer dans la prière et la solitude,ce qui lui fut accordé.
Il se retira alors dans un monastère le Vychenskaïa Poustygne. Il y passe ses journées dans une retraite profonde, ce qui lui valut le surnom de "reclus". C'est également au cours de sa vie d'ermite qu'il écrivit ses nombreux livres spirituels. Il avait dans sa cellule une grande bibliothèque avec des livres en slavon et russe, mais aussi en anglais,français, grec, allemand. Il a joué un rôle important dans la traduction de la Philocalie en russe.
Durant les onze dernières années de sa vie, il célébra la messe tous les jours dans sa petite chapelle, tout seul, en silence, concélébrant avec les anges. [P. Smimov. Vie et Doctrine de Sa Grandeur Mgr. Théophane (en russe). Moscou, 1905, p. 123]
La fin de sa vie fut marquée par la maladie. Il souffrait de rhumatismes, de névralgies, d'arythmies cardiaques et il devint aveugle de l'œil droit en 1888.
Il naquit au ciel le 6 janvier 1894 vers quatre heures de l'après-midi. Il a été canonisé en 1988 par l'Église russe et il est fêté le 6 et le 10 janvier
L’ouvrage de l’évêque Théophane le plus remarquable en matière de spiritualité est probablment son livre : "Qu’est-ce que la vie spirituelle et comment s’y disposer ?" [Moscou, 5e éd. 1904] C’est un recueil de lettres de direction spirituelle adressées à une pieuse personne désireuse d’atteindre la perfection.
Le site http://orthodoxologie.blogspot.com/ publie chaque jour un commentaire quotidien de l'Ecriture par saint Théophane le Reclus.
Et maintenant, place aux extraits de l'étude de l'évêque Kallistos.
La chose principale, dit saint Théophane le Reclus, est de se tenir devant Dieu avec l’esprit dans le cœur et de continuer à se tenir devant Lui, sans cesse, jour et nuit, jusqu’à la fin de la vie. (Cité dans Higoumène Chariton, L’Art de la prière,Bellefontaine, 1976, p. 81.)
Dans cette définition concise mais profonde, saint Théophane souligne trois choses :
– premièrement, la base de la louange qui est de se tenir devant Dieu ;
– deuxièmement, les facultés qu’emploie la personne qui rend grâce : avec l’esprit dans le cœur ;
– troisièmement, le moment approprié pour la louange : sans cesse jour et nuit, jusqu’à la fin de la vie.
[...] Lorsqu’il prie, le fidèle ressent à la fois la miséricorde et le jugement de Dieu, à la fois sa bonté et sa sévérité. [...] Comme saint Macaire insiste dans ses Homélies : Ceux qui ont goûté le don de l’Esprit sont conscients de deux choses à la fois : d’un côté, la joie et la consolation ; et de l’autre, la crainte, le tremblement et la tristesse. Ces deux sentiments simultanés devraient caractériser notre prière si nous voulons nous tenir de manière juste dans la Divine présence.
[...] Parler comme le fait saint Théophane de se tenir devant Dieu avec l’esprit dans le cœur, signifie que nous devons L’adorer avec la totalité de notre personne humaine. Les facultés rationnelles ne sont pas du tout rejetées, parce que nous sommes des créatures rationnelles – ce que saint Clément d’Alexandrie nomme "un troupeau raisonnable" – et à cause de cela notre prière devrait êtrelogika latreia, prière raisonnable (Rm 12, 1). De même, nous ne devons pas exclure nos émotions et nos affects de notre prière, parce qu’eux aussi font partie de notre personnalité. Nos prières devraient être animées d’éros, désir intense et fervent pour le Divin, afin que notre prière devienne véritablement une expression d’extase érotique, pour employer une phrase de saint Maxime le Confesseur. Mais, logos et éros, raison, émotions et affects doivent être combinés avec les autres pôles de notre personne, et ils doivent tous être intégrés en une unité vivante, au niveau de notre être profond, de notre cœur.
[...] Dans cet acte total d’adoration, alors, nous devons nous tenir devant Dieu avec notre personne tout entière : certainement avec l’esprit conscient, mais aussi avec les aspects de notre être intérieur qui vont jusqu’à l’inconscient ; avec nos sentiments instinctifs, avec notre sens esthétique et également avec cette faculté de compréhension intuitive et de conscience spirituelle directe qui, comme nous l’avons dit, surpasse de loin la raison discursive. Tout cela doit jouer son rôle dans notre prière ; et notre constitution physique et matérielle aussi, c’est-à-dire notre corps. La chair aussi est transformée, écrit saint Grégaire Palamas ; elle est exaltée avec l’âme et communie avec elle au Divin, et devient de même la possession et le lieu d’habitation de Dieu.
[...] Pour un chrétien orthodoxe, il est de la plus haute importance que l’acte de rendre grâce exprime la joie et la beauté du Royaume des Cieux. Sans cette dimension de beauté, notre action de grâce ne réussira jamais à être une prière dans le plein sens du terme, prière du cœur tout autant que prière du rationnel. Cette joie et cette beauté du Royaume ne peuvent pas être convenablement exposées par des arguments abstraits et des explications logiques ; cela doit être expérimenté et non discuté. Et c’est par-dessus tout par des actions symboliques et rituelles – en brûlant de l’encens, en allumant un lampion ou un cierge devant une icône – que cette expérience vivante est rendue possible. Ces gestes simples expriment, bien mieux que n’importe quel mot, notre attitude envers Dieu, notre amour et notre adoration ; sans de telles actions notre action de grâce serait tristement appauvrie.