sábado, 16 de abril de 2011

Sœur Lucie de Fatima a pu dire, à la suite des papes, que Dieu a voulu conférer une puissance toute spéciale à cette prière, de telle façon qu’il n’y ait aucun problème qui ne puisse être résolu par cette magnifique oraison.

 
La nouvelle année nous a réservé bien des surprises, plutôt désagréables pour ne pas dire dramatiques. Nous parlons évidemment des événements qui affectent l’Eglise, et non pas des catastrophes en chaîne au Japon, ni des troubles dans les pays arabes et en Afrique qui devraient pourtant servir à tous d’avertissement ! Mais qui les comprend encore ainsi ?
Oui, bien plus dommageables que toute catastrophe naturelle – avec ses morts, ses tragédies, ses souffrances très douloureuses – sont les catastrophes qui blessent ou qui tuent les âmes. Si les hommes prenaient autant de soin de leur âme que de leur corps, la face de la terre serait changée. Mais ce qui, à juste titre, fait réagir et chercher la guérison au niveau du corps humain – à cause de la douleur immédiate ressentie –, n’existe hélas presque pas au niveau de notre esprit. Le péché qui cause tant de mal à toute l’humanité et à chaque être humain, n’est que fort peu ressenti, et c’est pourquoi on n’en recherche pas les remèdes adéquats. Nous parlons de catastrophe spirituelle : en effet, quel autre nom peut-on donner à un événement qui fourvoie une multitude d’âmes ? Qui met en péril le salut de millions, voire de milliards d’âmes ? Or au moins deux faits susceptibles d’entraîner la non-conversion, et donc la perte éternelle des âmes, ont été annoncés à Rome au début de cette année : la béatification du pape Jean-Paul II et le renouvellement de la journée de prières d’Assise, à l’occasion du 25e anniversaire de la première rencontre de toutes les religions organisée à Assise par le même Jean-Paul II.
  ....Que faire, face à cette situation, humainement parlant, désespérée ? Prier, travailler et souffrir avec l’Eglise. »

Est-ce que, vingt-cinq ans plus tard, ces paroles ont perdu de leur force ? On a pu espérer, avec la venue de Benoît XVI, un redressement de la situation, puisque lui-même reconnaissait que la sainte Eglise se trouvait dans une situation dramatique. Et de fait il a posé plusieurs jalons qui peuvent certainement servir à une restauration, au milieu de beaucoup d’hostilité. Les actes bienveillants qu’il a posés en faveur de notre Fraternité sont très présents à notre mémoire reconnaissante. Mais le renouvellement d’Assise, même édulcoré, même modifié, comme cela semble être son intention, rappellera inévitablement le premier Assise qui fut scandaleux sous tant d’aspects, dont un des plus remarquables fut ce spectacle lamentable et affligeant où l’on a pu voir côte à côte le Vicaire du Christ et une multitude bariolée de païens invoquant leurs faux dieux et leurs idoles, – la pose de la statue de Bouddha sur le tabernacle de l’église Saint-Pierre d’Assise demeurant la plus saisissante et la plus effroyable illustration. Or lorsqu’on entend fêter l’anniversaire d’une telle réunion, on s’interdit par le fait même d’en blâmer l’initiateur. Benoît XVI a écrit à un pasteur évangéliste qui protestait contre ce nouvel Assise, qu’il allait tout entreprendre pour éviter le syncrétisme. Mais va-t-on dire aux participants venant d’autres religions qu’il n’y en a qu’une seule vraie qui sauve ? Va-t-on leur dire qu’il n’y a aucun autre nom sous le ciel par lequel on peut être sauvé que le nom de Jésus, comme l’a enseigné saint Pierre, le premier pape ? (cf. Actes, 4,12) Ce sont là pourtant dogmes de foi.
Si on leur tait des vérités si essentielles, on les trompe ! Si on leur cache l’unique nécessaire, unum necessarium, en leur faisant croire que tout est bien ainsi, car le Saint Esprit se sert aussi des autres religions comme moyens de salut, même si l’on parle de moyens extraordinaires, selon le magistère nouveau du Concile Vatican II, on les induit en erreur, les privant du moyen de se sauver.
Quant à la béatification de Jean-Paul II, elle va avoir pour effet immédiat de consacrer l’ensemble de son pontificat, toutes ses entreprises, même les plus scandaleuses, celles qui sont décrites ci-dessus et les autres, comme le baiser du Coran et les multiples cérémonies de repentance qui laissent penser que l’Eglise est coupable des schismes qui ont vu se perdre nombre d’âmes chrétiennes par la séparation d’avec notre Mère la Sainte Eglise, et par l’adhésion à l’erreur et à l’hérésie. En pratique, tout cela conduit à l’indifférentisme dans la vie de tous les jours, et les quelques efforts de Rome pour faire changer quelque peu un cap si nocif à l’Eglise n’offrent que de maigres résultats : l’Eglise elle-même est exsangue.
On nous dira que nous exagérons, que nous dramatisons ou que nous usons d’une rhétorique de circonstance ; pourtant ce constat dramatique se trouve dans la bouche même des papes Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI. Mais il apparaît comme une étoile filante dans le firmament, bien vite oubliée et laissant totalement indifférente la multitude qui n’a cure de regarder en haut, vers le Ciel.
Que faire ? Que pouvons-nous faire de notre côté, bien chers amis ? « Prière et pénitence » était le mot d’ordre laissé par notre bonne Mère du Ciel, la très sainte Vierge Marie tant à Lourdes qu’à Fatima ; ces directives célestes valent toujours et même encore plus qu’au moment où elles ont été prononcées. Beaucoup d’entre vous se demandent quel fut l’effet de notre Croisade du Rosaire terminée l’an passé. Nous en avons transmis le résultat accompagné de notre requête au Souverain Pontife qui n’a pas daigné répondre, ne serait-ce que par un accusé de réception. Cependant cela ne doit pas nous décourager. Notre prière s’est élancée vers le Ciel, vers Notre Dame, notre Mère si bonne et si miséricordieuse, et vers le Dieu des Miséricordes ; nous n’avons donc pas le droit de douter que nous serons exaucés, selon les dispositions infaillibles de la divine Providence. Sachons faire confiance au bon Dieu. Toutefois, la situation de l’Eglise et du monde nous suggère de vous demander instamment de ne pas arrêter ce mouvement de prière pour le bien de l’Eglise et du monde, pour le triomphe du Cœur Immaculé de Marie. L’intensité de la crise, la multiplication de toutes sortes de malheurs qui frappent ou menacent l’humanité, exige de notre part une attitude qui y corresponde: « Il faut toujours prier et ne jamais cesser, oportet semper orare et numquam deficere. » (Luc 18,1)
C’est pourquoi il nous semble urgent et plus qu’opportun, vu le redoublement d’intensité des maux qui submergent la sainte Eglise de lancer encore une fois une croisade du Rosaire, une croisade de prière et de pénitence. Nous vous invitons à unir tous vos efforts, toutes vos forces pour former à partir de Pâques de cette année et jusqu’à la Pentecôte 2012 un nouveau bouquet spirituel, une nouvelle chaîne de ces roses si agréables à Notre Dame, pour la supplier d’intercéder en faveur de ses enfants auprès de son divin Fils et du Père tout-puissant. La confusion ne fait qu’augmenter parmi les âmes, elles sont livrées aux loups ravisseurs jusque dans la bergerie. L’épreuve est si forte que même les élus se perdraient, si elle n’était abrégée. Les quelques éléments réconfortants de ces dernières années ne sont pas suffisants pour oser dire que les choses ont vraiment changé en profondeur. Ils donnent de grands espoirs pour le futur, mais comme la lueur que l’on aperçoit lorsque l’on se trouve encore au fond du tunnel. Aussi demandons de tout cœur son intervention à notre Mère du ciel afin que cette terrible épreuve soit abrégée, que la chape moderniste qui enserre l’Eglise – depuis Vatican II au moins – soit déchirée, que les Autorités accomplissent leur rôle salvifique auprès des âmes, que l’Eglise retrouve son éclat et sa beauté spirituels, que les âmes dans le monde entier puissent entendre la Bonne Nouvelle qui convertit, recevoir les Sacrements qui sauvent en retrouvant l’unique bercail. Ah ! comme nous aimerions pouvoir utiliser un langage moins dramatique, mais ce serait un mensonge et une négligence coupable de notre part que de vous tranquilliser en vous laissant dans l’espoir que les choses vont s’améliorant d’elles-mêmes.
Nous comptons sur votre générosité pour réunir à nouveau un bouquet d’au moins douze millions de chapelets pour que l’Eglise soit délivrée des maux qui l’accablent ou qui la menacent dans un avenir proche, que la Russie soit consacrée et que le Triomphe de l’Immaculée arrive bientôt.
Afin que nos prières soient encore plus efficaces et que chacun puisse en retirer un bienfait plus grand, nous voudrions terminer en rappelant que lorsqu’on récite le Rosaire, le plus important n’est pas le nombre d’Ave Maria, mais bien la manière dont on les prie. Le risque de monotonie ou de distraction peut être combattu efficacement en priant le Rosaire selon les indications de Marie elle-même : en égrenant le chapelet, il s’agit de méditer sur les scènes de la vie et les mystères de Notre Seigneur et de sa sainte Mère. Le plus important est ce contact avec la vie du Sauveur qui s’établit lorsqu’on pense amoureusement aux événements énoncés à chaque dizaine, les « mystères » du Rosaire. Les dizaines d’Ave deviennent comme une mélodie de fond qui accompagne et soutient ce puissant et doux contact avec Dieu, avec Notre Seigneur et Notre Dame. Sœur Lucie de Fatima a pu dire, à la suite des papes, que Dieu a voulu conférer une puissance toute spéciale à cette prière, de telle façon qu’il n’y ait aucun problème qui ne puisse être résolu par cette magnifique oraison. Nous nous permettons d’insister sur la prière en famille, qui donne tous les jours ses preuves d’efficacité en protégeant les enfants et la jeunesse des tentations et dangers effrayants du monde moderne, qui protège l’unité familiale au milieu de tant de périls qui la menacent. Ne nous laissons pas décourager par le silence apparent de la divine Providence après notre dernière croisade. N’est-ce pas ainsi que Dieu aime que nous lui prouvions, dans les choses importantes, que nous savons estimer ce que nous demandons à sa juste valeur et que nous sommes prêts à y mettre le prix ?
Au moment d’aborder la Passion de Notre Seigneur, la Semaine Sainte et la glorieuse Résurrection du Sauveur, nous demandons à Notre Dame qu’elle daigne bénir votre générosité, vous prendre sous sa bienveillante protection et exaucer vos prières instantes.
Menzingen, 1er Dimanche de la Passion
+Bernard Fellay, Supérieur général

http://www.dici.org/documents/lettre-aux-amis-et-bienfaiteurs-de-la-fraternite-saint-pie-x-n%C2%B078/