quinta-feira, 18 de julho de 2013

SAINT BONAVENTURE, Comment le prêtre qui veut célébrer la messe doit s'éprouver.

DE LA PRÉPARATION
A LA SAINTE MESSE.


CHAPITRE PREMIER. Comment le prêtre qui veut célébrer la messe doit s'éprouver.

Je vais, en l'honneur de la glorieuse et indivisible Trinité , et pour la gloire du sacrement par excellence du corps précieux et du sang de Jésus-Christ Notre-Seigneur , vous tracer une règle par laquelle vous pourrez vous élever facilement à la contemplation d'un si auguste mystère, et vous disposer à le recevoir comme il convient. Mais au lieu de parcourir cette règle avec rapidité et superficiellement, vous devez vous efforcer d'en imprimer efficacement le sens en votre coeur , et méditer avec soin et amour chacune des choses qu'elle renferme, soit, en totalité, soit en partie, selon qu'elles sont exposées.

Avant donc de vous approcher de ce festin céleste, éprouvez-vous vous-même, selon la parole de l'Apôtre, et examinez attentivement avec quelle foi , dans quel but, avec quelle charité, pourquoi ou pour quelle cause vous faites une action semblable. En vous disposant à ce banquet divin par un examen aussi diligent, vous aurez accompli le commandement que saint Paul vous fait de vous éprouver vous-même (1).


1 I Cor., 13.


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Considérez chacune de ces quatre choses en particulier, et voyez d'abord quelle foi exigent de vous la vérité et l'essence de ce sacrement. Vous devez croire fermement et sans le moindre doute, ainsi que l'enseigne et le prêche l'Eglise catholique, qu'au moment où les paroles de Jésus-Christ sont prononcées, le pain matériel et visible , comme s'il rendait honneur à son Créateur véritable , cède la place au pain céleste et vivifiant qui devient présent ; c'est-à-dire qu'il abandonne l'apparence visible des accidents, selon que l'exigent l'accomplissement et le besoin du sacrement, et que, cessant d'exister d'une manière admirable et ineffable, il est remplacé réellement au même instant sous ces accidents par ce que nous allons dire :

D'abord, par la chair très-pure de Jésus-Christ et son corps sacré qui, par l'opération du Saint-Esprit, a été tiré du sein de la glorieuse vierge Marie, attaché à la croix, mis dans le sépulcre et glorifié dans le ciel.

En second lieu, comme la chair ne saurait vivre privée du sang, il y a nécessairement ce sang précieux qui a coulé sur la croix d'une façon si avantageuse au salut du monde.

En troisième lieu, un homme véritable ne pouvant exister sans une âme raisonnable, là aussi se trouve l'âme glorieuse de Jésus-Christ, cette âme qui surpasse en grâce toute vertu , toute gloire , toute puissance, et dans laquelle ont été renfermés tous les trésors de la sagesse et de la science de Dieu.

Enfin Jésus-Christ étant vrai Dieu et vrai homme, nous avons dans ce sacrement le Dieu de gloire en


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sa majesté. Ces quatre choses toutes ensemble , et chacune tout entière en particulier, sont contenues parfaitement à la fois sous les espèces du pain et du vin. Il n'y a pas moins dans le calice que dans l'hostie, ni dans l'hostie que dans le calice; le défaut de l'un n'est pas suppléé par l'autre, attendu qu'il n'y a aucun vide, mais que tout est en entier sous les deux espèces pour l'accomplissement de ce mystère, dont nous pourrions parler longuement. Mais qu'il nous suffise de croire qu'il y a contenu sous chaque espèce celui qui est Dieu et homme véritable, celui que la multitude des anges environne et que l'assemblée des saints bénit.


CHAPITRE II. Pourquoi Jésus-Christ n'est présent que sous les deux espèces du pain et du vin.



Voyez combien Jésus-Christ a été conduit par de puissantes raisons en choisissant de préférence ces deux espèces pour se rendre présent parmi nous. D'abord , le pain et le vin forment l'aliment par excellence de tout l'homme. Le pain nourrit sa chair, et le vin se transforme en son sang , qui est le siége de l'âme. En second lieu, l'homme use principalement et plus communément de ces aliments, et ils sont les plus sains et les moins sujets à inspirer le dégoût; aussi la pureté de la réfection spirituelle est-elle  
 
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parfaitement représentée par eux. En troisième lieu, ils sont une figure très-belle de la Passion de Jésus-Christ, dont le souvenir se renouvelle chaque jour par ce sacrement. Le pain signifie ce corps qui a été trituré, moulu et pétri dans la Passion, cuit et desséché au feu du divin amour dans un four qui n'est autre que l'autel de la croix. Le vin signifie le sang qui a été exprimé du raisin , c'est-à-dire du corps de Jésus-Christ, sous le pressoir de cette même croix, par les efforts du peuple juif. Enfin ces deux aliments nous offrent, en dernier lieu, une image parfaite du corps mystique du Sauveur, qui est son Eglise formée d'une multitude de fidèles prédestinés à la vie, de même que le pain est formé d'un nombre considérable de grains , et le vin d'une quantité de raisins divers.
Lors donc que vous vous approchez de ce sacrement, prenez garde de ne point vous laisser ébranler par le doute, et de n'être point comme un aveugle qui tâtonne , en voulant vous appuyer sur un roseau, je veux dire sur des raisonnements naturels, sur des raisons humaines, pour découvrir comment tout cela peut se faire, à l'exemple des juifs qui disputaient aussi sur ce sujet, et de certains disciples qui s'en scandalisèrent et reculèrent en arrière (1). Mais soumettez-vous tout entier à Dieu, et tenez votre âme captive sous le joug de la foi , qui vous apparaît fortifiée par des témoignages si imposants. Quel doute, en effet, pouvez-vous former sur ce sacrement, qui
1 Joan., 6.
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a été donné par Jésus-Christ d'une façon si expresse et si claire, enseigné par les Apôtres et par tous les saints Docteurs de l'Eglise , figuré pendant une si longue série d'années, et que nous voyons confirmé par tant de cérémonies, de miracles, de prodiges et de saintes observances, qui sont comme autant de témoignages palpables de sa vérité? Otez de l'Eglise ce sacrement : que restera-t-il dans le monde, si ce n'est l'erreur et l'infidélité! Vous verrez alors si le peuple chrétien ne sera point comme un troupeau dispersé, et s'il ne se plongera pas dans l'idolâtrie, ainsi que le reste des infidèles. C'est par ce sacrement que l'Eglise se maintient, que la foi s'affermit, que la religion de Jésus-Christ se conserve en sa jeunesse et le culte de Dieu dans sa force. C'est pour cela que le Sauveur a dit : « Je suis avec vous jusqu'à la fin du monde. »