Une vie séparée du monde pour être unie au monde | | |
Le lieu de vie des moniales est entouré d’un mur ou délimité par une grille qui constituent une séparation d’avec le monde extérieur. C’est ce que l’on appelle la clôture.Cette séparation effective d’avec le monde pour une réelle recherche de Dieu est la première caractéristique de la vie monastique par rapport à toute autre forme de vie religieuse. Pour imiter le Christ et entrer en participation de sa relation privilégiée avec le Père lors de sa prière sur la montagne ou à l’écart, les premiers moines partaient vivre dans la solitude du désert. De même, les moniales se retirent dans un lieu réservé, la clôture du monastère, pour se vouer à une prière plus intense, dans le silence et le recueillement.
Si la clôture des moniales est souvent plus absolue que celle des moines, c’est en raison d’un charisme spécial lié à leur féminité. En effet, « la vie monastique féminine a une capacité spéciale de réaliser la nuptialité avec le Christ et d’en être le signe vivant. » (Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique ; Instruction sur la vie contemplative et la clôture des moniales Verbi Sponsa, n° 4). Répondre à l’appel du Christ à entrer dans une relation si intime avec Lui qu’elle peut être signifiée par l’union sponsale, exige un don radical de soi.
La clôture est un moyen particulièrement expressif pour vivre ce don, jusque dans le libre usage de l’espace et des contacts. « Au don du Christ-Époux, qui a offert tout son corps sur la Croix, la moniale répond par le don de son corps, s’offrant avec Jésus-Christ au Père et collaborant à l’œuvre de la Rédemption. » (Ib. n° 3). Ainsi, « la vocation et la mission d’une moniale de clôture est d’être le signe de l’union exclusive de l’Église-épouse avec son Seigneur aimé par-dessus tout. » (Ib. n° 1)
De l’intimité avec le Christ découle une fécondité qui vient de Lui, celle qu’il a promise à ses disciples : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. » (Jn 15, 5). Dans la solitude de la clôture, les moniales présentent au Seigneur les intentions du monde entier, qu’elles portent dans leur prière. « De même que Marie, au Cénacle, par sa présence orante, conserva en son cœur les origines de l’Église, de même au cœur aimant et aux mains jointes des cloîtrées est confiée la marche de l’Église. » (Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique ; Instruction sur la vie contemplative et la clôture des moniales Verbi Sponsa, n° 4).
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Une vie de prière : prière liturgique | | |
La vie monastique est organisée pour la prière :
En Église, avec l’Église, et pour toute l’Église, la moniale est appelée à croître dans un échange amoureux avec le Seigneur, dans une prière continuelle qui, à certains moments de la journée, se fait plus exclusive et assidue, qu’il s’agisse de sa forme publique, la prière liturgique, ou de cette autre forme de rencontre du Seigneur, plus discrète et silencieuse, qu’est la prière personnelle.
Sept fois le jour et une fois la nuit, les moniales se réunissent pour célébrer la prière de l’Église : à l’Office des Laudes, au petit matin, elles font monter vers le Seigneur la louange de la création tout entière ; les Offices de Prime, Tierce, Sexte et None, au fil de la matinée et au début de l’après-midi, leur permettent de rythmer le temps et le travail par une attention plus soutenue à la présence de Dieu et de célébrer les diverses heures de la Rédemption. En fin d’après-midi, alors que le soleil tend à disparaître, l’Office des Vêpres donne aux moniales de chanter le Christ, lumière indéfectible, et de rendre grâce pour la journée écoulée en s’unissant au Magnificat de la Vierge Marie.
À l’Office des Complies, elles demandent la protection du Seigneur pour les heures de la nuit. Au cours de l’Office des Vigiles, enfin, elles font mémoire des grandes œuvres accomplies par Dieu durant la nuit, notamment la nuit pascale, et veillent dans l’attente de la venue du Seigneur.
Ces Offices liturgiques entourent la célébration de l’Eucharistie, comme l’or enchâsse un diamant et le fait resplendir. Centre et sommet de la journée, l’Eucharistie est chantée dans la beauté des mélodies grégoriennes et de la liturgie rénovée selon les directives du Concile VaticanII.
Dans la liturgie, tout l’être, corps et âme, est appelé à prendre part à la louange du Créateur, par la beauté du chant et des cérémonies.
“Moines et moniales sont les chantres de la beauté de Dieu. Chanter Dieu, louer Dieu et contempler sa beauté sans tache, c’est tout l’art du moine.” (Mère Cécile Bruyère)
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Mise à jour le Mercredi, 15 Avril 2015 07:30 |
Le chant grégorien | | |
« Le chant grégorien est un chant vrai, simple, qui traduit merveilleusement les vérités surnaturelles dans un langage surnaturel lui aussi. Dom Guéranger comprenait que l’Église doit avoir sur la terre un chant qui soit l’écho de celui du Paradis. Car il ne faut pas se figurer le ciel sans chant ! Nous chanterons en Paradis ! Un chant vrai, simple, que l’admiration de la beauté divine fera vibrer dans les âmes ; la beauté de Dieu est une beauté qui scelle les lèvres, je le veux bien, mais elle a aussi un écho dans les âmes et elle les fait vibrer. Donc, on chantera en Paradis, et tout le monde chantera. »
(Mère Cécile Bruyère, 28 Janvier 1904)
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Mise à jour le Mardi, 14 Avril 2015 17:24 |
Une vie de prière : prière personnelle | | |
La prière liturgique, qui est le modèle de toute prière et la source principale de la contemplation, se prépare et se prolonge dans l’intériorité de la prière personnelle. Les moniales consacrent deux demi-heures par jour à l’oraison :
« Dans la prière se développe ce dialogue avec le Christ, qui fait de nous ses intimes. ‘‘Demeurez en moi, comme moi en vous’’, dit Jésus. Cette réciprocité est la substance même, l’âme de la vie chrétienne. Réalisée en nous par l’Esprit-Saint, elle nous ouvre, par le Christ et dans le Christ, à la contemplation du visage du Père. La rencontre avec le Christ ne s’exprime pas seulement en demande d’aide, mais aussi en action de grâce, louange, adoration, contemplation, écoute, affection ardente, jusqu’à une vraie “folie” du cœur. Il s’agit donc d’une prière intense qui toutefois ne détourne pas de l’engagement dans l’histoire : en ouvrant le cœur à l’amour de Dieu, elle l’ouvre aussi à l’amour des frères et rend capable de construire l’histoire selon le dessein de Dieu. »(Jean-Paul II ; novo millenio ineunte ; n° 32-33)
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Mise à jour le Samedi, 15 Mai 2010 07:19 |
Une vie de travail : lectio divina et études | | |
Saint Benoît partage le temps de la journée qui n’est pas consacré à la prière en deux grandes occupations : « Les frères doivent, à certains moments, s’occuper au travail des mains et à d’autres heures s’appliquer à la lecture des choses de Dieu » (Règle de saint Benoît 48, 1).
La lecture des choses de Dieu :
Pour se donner avec intelligence et sagesse à l’œuvre de la louange divine, la moniale écoute, approfondit et prie la Parole de Dieu dans le silence et la solitude de sa cellule ; c’est le temps de la lectio divina.
Sous la motion de l’Esprit Saint, la moniale se laisse pénétrer par la Parole afin de connaître avec son intelligence et son cœur ce Dieu qui la fascine. Quand elle lit, c’est Dieu qui lui parle ; elle essaie de se taire pour L’écouter en vérité. Quand elle prie, c’est elle qui parle à Dieu. L’Écriture est sa nourriture quotidienne : « Quand tes paroles se présentaient à moi, je les dévorais : ta parole était le ravissement et l’allégresse de mon cœur », dit le prophète Jérémie.
La moniale se laisse émerveiller, attirer par la Parole qui est évangile, bonne nouvelle. Elle aspire à la contemplation, c’est-à-dire à voir tous les êtres et toutes les réalités avec le regard du Christ, dans cette lumière qui s’appelle, ici-bas, la foi. Elle garde cette Parole dans son cœur, comme Marie, tout au long de la journée.
La lecture spirituelle envisagée comme préparation et comme prolongement de la prière liturgique et personnelle suppose l’étude, c’est-à-dire un travail intellectuel sérieux et soutenu.
“Dieu a voulu que nous soyons fondées sur la doctrine. Il faut donc que nous soyons attachées d’une manière très énergique à l’enseignement apostolique. Dès l’instant qu’à Sainte-Cécile la doctrine viendrait à péricliter, tout s’écroulerait en même temps. Tout doit s’y centrer sur la Vérité, c’est la vocation propre de ce monastère.” (Mère Cécile Bruyère)
“Que ces heures d’étude vous soient donc comme un foyer de lumière, que votre âme s’y échauffe et s’y agrandisse.
Plus vous saurez et plus vous aimerez, plus vous serez près du Seigneur. On ne vient donc pas en religion pour se reposer, pour stationner, mais bien plutôt pour avancer toujours plus dans cette aurore de la lumière éternelle.” (Dom Guéranger)
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Une vie de travail : travail manuel | | |
Par le travail, la moniale sert le Seigneur et son monastère ; bien plus, elle coopère à l’achèvement de la création divine.
L’obéissance dirige l’activité des moniales. S’il est permis d’avoir une préférence, c’est pour les travaux les plus humbles et les plus pénibles, à l’exemple de Jésus qui a lavé les pieds de ses disciples.
Les travaux du monastère permettent, en premier lieu, de faire face à la marche d’une grande maison : la cuisine, la buanderie, la confection et le raccommodage de l’habit monastique, la culture du jardin potager, du verger, les réparations en tout genre occupent un grand nombre de sœurs.
Certaines exercent une charge plus spécifiquement liée à la vie monastique : l’accueil, la sacristie. D’autres, enfin, œuvrent à des travaux rétribués. Actuellement il existe à l’abbaye Sainte-Cécile un atelier de vêtements liturgiques.
Le dévouement de chacune, selon la diversité de ses dons, contribue à assurer la subsistance de la communauté et lui permet d’accomplir plus largement le devoir du partage avec les plus pauvres.
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Une vie de renoncement à la suite du Christ | | |
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive » (Mt 16, 24).
La vocation à suivre le Christ est un appel à la liberté du cœur, qui nécessite de purifier son désir pour l’amener à ne chercher que Dieu. D’autre part, elle est une invitation à participer à la passion rédemptrice du Christ. Pour ces deux motifs, l’effort, la peine, le sacrifice sont inséparables de la vie monastique. Ils se manifestent dans le jeûne et les veilles, mais plus encore par les nombreux renoncements inhérents à la fidélité de chaque instant tout au long des années, à l’obéissance, au silence, à l’humilité, à la pauvreté, au travail et à la vie commune.
Cependant, saint Benoît, soucieux de n’établir dans sa Règle rien de rigoureux ni de trop pénible, a voulu unir chez ses disciples l’exactitude de l’observance à la dilatation du cœur et a su tempérer ses règlements par la plus paternelle bonté. Dans cet esprit, les moniales s’efforcent de vivre la « joyeuse pénitence » à laquelle les encourage le Concile Vatican II.
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Une vie de famille | | |
Saint Benoît a voulu donner aux membres de la communauté monastique la physionomie d’une famille stable groupée autour de l’abbesse qui tient la place du Christ. Il définit dans sa Règle une manière typique de vivre l’Évangile en commun. Si la moniale cherche la solitude en entrant au monastère, elle n’entend pas rester isolée. Elle désire s’insérer au sein d’une communauté fraternelle rassemblée pour la louange de Dieu dans une expérience concrète de communion.
L’abbesse est au service de cette communion fraternelle. Élue à vie par la communauté, c’est à elle qu’a été remis le dépôt de la doctrine du Christ, de la Règle et des traditions monastiques ; elle en est l’interprète autorisée. À sa parole, l’abbesse joint l’exemple de sa vie. Elle sait que le Seigneur est venu, non pour dominer, mais pour servir. Son rôle est de guider avec prudence chacune des moniales dans les voies spirituelles qui mènent à Dieu et d’entraîner harmonieusement l’ensemble de la communauté à réaliser toujours mieux sa vocation bénédictine de louange divine et de charité évangélique.
La communauté est composée de moniales de vœux solennels vivant à l’intérieur de la clôture, d’oblates de vœux simples et de sœurs externes, ces dernières se tenant plus souvent hors clôture pour accueillir hôtes et visiteurs.
Chaque jour, les temps de repas, de détente ou d’enseignement
vécus ensemble, sont l’occasion de resserrer les liens fraternels.
Comme une vraie famille, la communauté compte en son sein les plus jeunes sœurs et les anciennes, qui sont entourées d’une affectueuse vénération non seulement en raison de la reconnaissance due aux longues années qu’elles ont vécues au service de leurs sœurs, mais encore parce que l’infirmité leur confère une ressemblance plus marquée avec le Christ souffrant et offrant sa vie pour le salut du monde.
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