quinta-feira, 7 de abril de 2011

LA MESSE TRADITIONNELLE : OBSCURANTISME MOYEN ÂGE OU RENOUVEAU DE L’EGLISE ?

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Le 11 octobre 1962, l’Eglise entrait dans une
phase de mutations profondes : le concile Vatican II allait donner de nouvelles orientations
théologiques et pastorales.
En 1969, le pape Paul VI introduisait un nouveau rite de célébration de la messe. Ce rite, fabriqué de
toutes pièces par des hommes de bureau, rompait de façon brutale avec la pratique liturgique et
l’esprit des siècles précédents. Le rite traditionnel qui avait
sanctifié des milliards de chrétiens pendant plus de 15 siècles fut soudainement voué aux gémonies.
Déchirant l’Eglise tout entière, des innovations liturgiques fantaisistes et trompeuses entraînèrent la
désertion progressive des églises : en 20 ans, la pratique dominicale est tombée de dix à un, des
dizaines de milliers de prêtres ont abandonné leur sacerdoce, les séminaires se sont vidés et sont
aujourd’hui, pour la plupart, fermés.
Dans les faits, Vatican II et la messe de Paul VI n’ont donc pas été « le printemps de l’Eglise »,
comme certains dignitaires actuels le prétendent. Les faits et les chiffres sont têtus : d’ici 2015, la
plupart des paroisses françaises n’auront plus de prêtres.
Face à cette situation inquiétante, de nombreuses voix se sont élevées à travers le monde pour
demander un retour à la messe et aux valeurs traditionnelles. De fait, une certaine volonté semble se
dessiner à Rome en faveur d’une pratique plus large de la messe traditionnelle, ce qui entraîne bien
des réticences de la part d’une partie du clergé.
Avant de répondre aux arguments mis en avant par celui-ci, un mot sur l’histoire et la véritable
portée de la messe traditionnelle.
D’où vient la messe traditionnelle ?
L’essentiel de cette messe nous vient des apôtres, donc du 1er siècle. Contrairement à ce que l’on
pourrait penser, la messe traditionnelle, dite de St-Pie V, n’est pas de saint Pie V (1566-1572). Ce
pape, dans le prolongement du concile de Trente, n’a fait que codifier ce qui existait bien avant lui.
Ainsi, l’ensemble du canon tel que nous le connaissons remonte au moins au Ve siècle. Quant au
reste de l’ordinaire de la messe, bien des éléments existent ainsi dans la forme sanctionnée par saint
Pie V dès le pontificat de saint Grégoire (590-604); l’essentiel des prières de l’offertoire sera ajouté
entre le IXe et le XIe siècles. Enfin, le rite de l’élévation se répandit de façon commune après les
attaques de Bérenger de Tours (998-1088) contre la présence réelle : ces différents ajouts
constituèrent des enrichissements et non pas des changements radicaux.
La messe dite de St-Pie V est donc l’expression de la piété et de la foi de l’Eglise depuis les origines ;
elle est le fruit de la tradition apostolique et de la contemplation du mystère de l’eucharistie par nos
pères dans la foi.
Une messe interdite ?
Remplacée brutalement par la messe de Paul VI en 1969, interdite de fait dans la plupart des
paroisses, la messe traditionnelle n’a cependant jamais été abolie en droit. « Le rite de St-Pie V n’a
jamais été supprimé canoniquement » affirmait en 2004 le cardinal Medina Estevez, alors Préfet de
la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.
« J’ai soigneusement étudié la question de l’abrogation du rite de St-Pie V après le Concile Vatican II.
(…) Sur la base de mes recherches, je ne puis conclure que le rite de St-Pie V ait jamais été
abrogé. » Cardinal Medina, interview avec The Latin Mass, avril 2003.
En septembre 2005, le cardinal Castrillon Hoyos déclarait dans le mensuel 30 Giorni : « La messe de
St-Pie V n’a jamais été abolie ». Il ne faisait que reprendre les conclusions de la commission de neuf
cardinaux convoquée par Jean-Paul II, en 1986, pour étudier le statut légal de la messe traditionnelle.
Le cardinal Stickler avait fait savoir en 1995 que les membres de cette commission avaient reconnu,
à huit contre un, que Paul VI n’avait pas supprimé légalement la messe tridentine par le seul fait de
la promulgation du nouveau rite. Et cette commission avait reconnu à l’unanimité que tout prêtre
demeurait libre d’utiliser l’ancien missel.
Alors pourquoi tant de difficultés et d’oppositions à obtenir dans les faits ce
que l’Eglise a toujours reconnu de droit ?
Certains évêques craignent que le retour de l’ancienne messe ne signifie la remise en cause du
dernier concile. « La réconciliation ne pourra se faire au prix d’un trait tiré sur un concile – Vatican
II – qui fait partie de la tradition dogmatique de l’Eglise. » Mgr Defois (Le Figaro du 22 octobre 2006)
Mgr Defois semble oublier que les pères conciliaires ont affirmé à de nombreuses reprises ne pas
vouloir faire un concile dogmatique, mais un concile pastoral *. C’est pourquoi proposer aujourd’hui
les conclusions de Vatican II comme faisant partie du dogme catholique, voire les imposer sans
laisser la moindre place à la discussion théologique – même celle qui impliquerait une remise en
question – est non seulement une infidélité à l’esprit de ce concile mais aussi un manque d’honnêteté
intellectuelle. Le « pluralisme » et la « diversité » tant vantés aujourd’hui disparaissent subitement
dès qu’un retour aux valeurs traditionnelles est évoqué.
« Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est important de cesser de
bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour
la validité de cette liturgie ou qui la pratique, est traité comme un lépreux : c’est la fin de toute
tolérance. Elle est telle qu’on en a pas connue durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise par là
tout le passé de l’Eglise. Comment pourrait-on avoir confiance en elle au présent s’il en est ainsi ?
J’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent
à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations nécessaires dans l’Eglise sans raison
valable. »
Cardinal Ratzinger, Voici quel est notre Dieu, p. 291
Cela dit, la réflexion de Mgr Defois montre qu’il est conscient de la véritable portée de la messe
traditionnelle : celle-ci n’est pas seulement une affaire de sensibilité liturgique, elle est l’expression
de la foi de l’Eglise depuis Notre Seigneur Jésus-Christ, elle est un résumé de cette foi, selon
l’adage lex orandi, lex credendi : la forme liturgique est l’expression du contenu de la foi. Un retour
de la messe traditionnelle est donc perçu par lui, à juste titre, comme une menace pour les acquis de
Vatican II. Nous sommes en face de deux conceptions opposées de la foi :
la foi traditionnelle, transcendante, tournée vers le divin, vers l’autel, pour faire descendre le sacré,
la grâce divine sur les hommes, leur promettant un paradis dans l’au-delà ;
la foi moderne, humaniste, qui veut faire l’économie de la grâce et du surnaturel, tourne le dos à
Dieu pour se tourner vers l’homme, et lui promet un paradis terrestre ; cette dernière a trouvé une
entrée dans l’Eglise à Vatican II.
« L’humanisme laïque et profane est apparu dans sa terrible stature et a, en un certain sens, défié le
concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion (car c’en est une)
de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver
; mais cela n’a pas eu lieu. » Discours de Paul VI lors de la dernière session du Concile, le 7
décembre 1965.
* Un concile dogmatique précise ou définit des vérités de foi ; un concile pastoral – Vatican II fut le
premier en son genre – est censé n’aborder les vérités de foi que sous leur aspect pratique.
« Jésus n’a pas tourné le dos à ses disciples ! »
Il n’a pas eu besoin de se tourner vers Dieu, puisqu’Il est Dieu !
Le prêtre, lui, est le médiateur, l’intermédiaire entre Dieu et les hommes. A ce titre, il se tourne vers
Dieu, vers la croix, pour offrir au nom des hommes le sacrifice salvateur : il n’est donc pas question
de « tourner le dos au peuple ». Par ailleurs, on n’a pas constaté que le fait de se tourner vers
l’assemblée et de ne parler qu’en langue vernaculaire ait permis une meilleure compréhension de la
liturgie. A voir la banalité de beaucoup de célébrations et la désertion des églises, c’est plutôt
l’inverse qui s’est produit…
De plus, « la position du prêtre tourné vers le peuple a fait de l’assemblée priante une communauté
refermée sur elle-même », écrivait en 2003 le préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, le
cardinal Ratzinger, regrettant que Dieu soit « de plus en plus absent de la scène » et que la messe
devienne un one man show du célébrant.
Cette différence de position du prêtre matérialise l’opposition entre les deux rites : dans le rite de
Paul VI, le prêtre se tourne vers l’homme parce qu’il est un animateur d’assemblée, d’où la nécessité
de recourir à des expédients originaux censés animer en même temps qu’ils désacralisent ; dans le
rite traditionnel, le prêtre se tourne vers Dieu parce qu’il est sacrificateur : au nom des fidèles et de
l’Eglise tout entière, il offre à Dieu le Père le sacrifice de son Fils.
La différence, voire l’opposition entre les deux rites va encore plus loin : la nouvelle messe se réduit
à être « le rassemblement du peuple de Dieu, sous la présidence du prêtre, en vue de célébrer le
mémorial du Seigneur. » (art. 7 de la Présentation générale du nouveau missel romain) ; l’insistance
porte sur le « rassemblement du peuple de Dieu », et le rôle
« Au nom de Notre Autorité Apostolique, Nous concédons et accordons que ce même Missel pourra
être suivi en totalité dans la messe chantée ou lue, dans quelque église que ce soit, sans aucun
scrupule de conscience et sans encourir aucune punition, condamnation ou censure, et qu’on pourra
valablement l’utiliser librement et licitement, et cela à perpétuité. Et, d’une façon analogue, Nous
avons décidé et déclarons qu’aucun prêtre ne pourra être tenu de célébrer la Messe autrement que
nous l’avons fixé, et que jamais et en aucun temps, qui que ce soit ne pourra le contraindre et le
forcer à laisser ce Missel ou à abroger la présente instruction ou la modifier, mais qu’elle demeurera
toujours en vigueur et valide, dans toute sa force… »
Saint Pie V, pape, bulle Quo primum
du prêtre se réduit à une présidence d’assemblée. La messe est en réalité le renouvellement non
sanglant de la Passion du Christ qui offre à son Père céleste une juste compensation pour les péchés
des hommes ; la messe renouvelle sacramentellement cet acte salvateur pour appliquer aux âmes
vivant dans le temps les fruits de la Rédemption ; cet acte inouï que fut la Passion doit se prolonger
sur nos autels selon une forme aussi transcendante que la Rédemption elle-même.
C’est donc toute la théologie du salut qui s’exprime et se réalise dans la messe ; c’est pourquoi il est
dangereux et nuisible de vouloir changer ce rite sacré, quintessence de la foi de l’Eglise.
« Proposer deux missels différents, c’est encourager le subjectivisme, c’est
ouvrir la porte à la discorde. » (Père abbé de Ligugé)
C’est la nouvelle messe qui a introduit la discorde et non une éventuelle réintroduction de la messe
traditionnelle. Depuis 1969, ce n’est pas un nouveau rite qui est célébré dans les églises, mais une
variété interminable de rites fantaisistes, chaque prêtre agrémentant à son goût une liturgie déjà
humaniste et dépourvue de transcendance.
Quant au subjectivisme, il a été introduit suite à Vatican II ; dans quelle paroisse trouve-t-on
aujourd’hui un prêtre capable de célébrer la messe en suivant fidèlement le missel de 1969 ? Il n’y a
pas deux messes qui se ressemblent. Mgr Le Gall, évêque de Toulouse et responsable de la
commission liturgique de la Conférence des évêques de France, estime que les abus liturgiques de
l’après-Concile sont chose révolue. Il semble qu’il n’ait pas fait le tour des paroisses, pour ignorer à
ce point la banalité et la créativité subjectiviste auxquelles on expose les quelques fidèles encore
attachés au devoir dominical.
« A une époque de l’histoire où le pluralisme jouit du droit de citoyenneté, pourquoi ne pas
reconnaître le même droit à ceux qui souhaitent célébrer la liturgie selon la manière utilisée durant
plus de quatre siècles ? » (Cardinal Medina, interview avec The Latin Mass, avril 2003). Quinze
siècles, précisément.
« Certaines prises de positions d’associations réclamant de telles dispositions liturgiques relèvent de
choix politiques particuliers, reprenant les conceptions d’une Eglise héritées de l’Action française du
siècle dernier. »
Cette affirmation de Mgr Defois révèle un amalgame politico-religieux dont le but est de disqualifier
les tenants de la messe traditionnelle et particulièrement la Fraternité sacerdotale St-Pie X. II ne
s’agit pas d’un argument, mais d’une étiquette que l’on colle sur le front des indésirables. De fait,
son affirmation est gratuite : on ne voit pas en quoi les tenants de la messe traditionnelle auraient
besoin des arguments de l’Action française pour faire valoir leur droit à la liturgie de toujours. Il y a
confusion des domaines : la Fraternité sacerdotale St-Pie X est une congrégation religieuse et n’a,
par conséquent, pas de mission politique.
Il est à souhaiter qu’après s’être engagé dans un mouvement d’opposition, les adversaires de la
libéralisation de la messe traditionnelle n’adoptent pas l’attitude qu’ils reprochent à ladite
Fraternité.
« Restaurer le rite traditionnel :
• perturberait les fidèles ainsi que les prêtres.
Beaucoup de fidèles sont lassés des abus liturgiques, voire blessés par certains scandales ;
permettre le rite traditionnel serait une manière de faire oublier ce passé peu glorieux de l’Eglise
conciliaire et de redonner confiance.
• dissuaderait la jeunesse de venir à l’église et de suivre l’appel de Dieu dans la vie consacrée.
« Le missel de Paul VI comme tel ouvre la porte pour les célébrants à une fausse créativité en
stipulant qu’ils peuvent librement choisir ou introduire tel ou tel élément dans la liturgie. »
Cardinal Ratzinger, entretien avec Philippe Maxence pour L’homme nouveau
En 1987, Mgr Thomas, évêque de Versailles fait chasser le P. Bruno de Blignières de l’église de
Port-Marly ; les policiers arrachent le prêtre de l’autel pendant la célébration de la messe !
« Un rite promulgué par le pape a force de loi ; le pape Paul VI n’a pas moins
de pouvoir que n’en a eu saint Pie V. »
Un pape ne peut pas défaire ce qu’a fixé un prédécesseur qui s’est basé sur toute la Tradition de
l’Eglise, les conciles, les théologiens et les saints. Le pape n’a pas le pouvoir de disposer du dépôt
révélé et de son expression liturgique selon son gré ; il doit transmettre ce qu’il a reçu et veiller à la
pureté de la transmission. C’est pourquoi une réforme qui ne s’appuierait pas sur la Tradition écrite
et orale est d’emblée suspecte, ce qui est le cas de la réforme liturgique de 1969. D’ailleurs, le pape
Paul VI n’a jamais présenté sa réforme comme infaillible et irréformable; par conséquent, nul ne
peut l’imposer à coups de diktats. « Le rite et les rubriques respectives ne sont pas en eux-mêmes
une définition dogmatique ; ils sont susceptibles de qualification théologique de valeur variable,
selon le contexte liturgique auquel ils se réfèrent. » (Discours de Paul VI du 19 novembre 1969, à
propos du nouvel Ordo).
« L’ancien rite n’est plus d’actualité. »
« La messe n’est pas comme un morceau de tissu que l’on adapte aux goûts et aux modes de chaque
génération. » Cardinal Ottaviani
« Une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors pour elle tout ce
qu’il y a de plus sacré et de plus haut, et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en
a, se met elle-même en question. Comment la croirait-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire demain
ce qu’elle prescrit aujourd’hui?» Cardinal Ratzinger, Le Sel de la terre, p. 172
Le journal national italien Corriere della Sera a effectué un sondage en ligne pour savoir si le retour
de la messe en latin était souhaité. A la date du 22 novembre 2006, 40 022 personnes avaient
participé à ce sondage et le résultat était :
OUI à 74,4 % et NON à 25,6 %
En France, sondage CSA : Pensez-vous qu’il soit souhaitable que les catholiques puissent avoir le
choix d’assister selon leur sensibilité à la messe traditionnelle en latin avec des chants grégoriens ou
à la messe moderne en français ?
Oui : 65 % – Non : 13 %
Cela m’est indifférent : 22 %
« La liturgie n’est pas un show, un spectacle qui ait besoin de metteurs en scène géniaux, ni
d’acteurs de talent. La liturgie ne vit pas de surprises sympathiques, de trouvailles captivantes mais
de répétitions solennelles. Elle ne doit pas exprimer l’actualité en ce qu’elle a d’éphémère, mais le
mystère du sacré. »
Cardinal Ratzinger, Entretien sur la foi
« On peut s’étonner de trouver les plus hostiles à l’égard de ces catholiques séparés de Rome parmi
les plus ouverts au dialogue avec les autres confessions chrétiennes et les autres religions. Il est
également paradoxal que ceux qui s’inquiètent de la coexistence de deux missels et défendent
mordicus l’unité liturgique au sein de l’Eglise ne se soient pas émus jusqu’à présent de l’extrême
diversité née des libertés prises au nom de la « créativité ».
Guillaume Tabard, Le Figaro du 9 novembre 2006
Les faits démontrent exactement l’inverse : la plupart des séminaires diocésains sont vides ; les
quelques séminaires interdiocésains ne regroupent pour la plupart qu’un petit nombre de candidats
pour des régions immenses. Au contraire, dans les instituts qui tiennent à l’ancienne liturgie, les
vocations sont jeunes et nombreuses.
• détruirait l’unité de l’Eglise.
C’est la nouvelle liturgie imposée par la force en 1969 qui a détruit l’unité de l’Eglise ; depuis, il
existe deux liturgies pour deux « Eglises » parallèles. Restaurer la liturgie traditionnelle serait un
retour à l’ordre normal des choses et donc à la véritable unité de l’Eglise ; par sa structure même, la
liturgie traditionnelle est facteur d’unité, empêchant l’improvisation, la créativité et le subjectivisme.
A l’heure des grands rassemblements, qui ne voit l’avantage de pouvoir faire chanter les catholiques
des différents continents sur les mêmes mélodies grégoriennes ? A l’heure des voyages incessants,
qui n’apprécierait de trouver à l’autre bout du monde la même liturgie, dans la même langue
universelle, avec les mêmes prières, les mêmes rites et symboles ?
• On ne peut imposer cela du jour au lendemain. »
En 1969, les novateurs au Vatican ont imposé du jour au lendemain une nouvelle liturgie qui n’avait
aucun passé et aucun enracinement dans l’Eglise, heurtant beaucoup de fidèles dans leur foi,
entraînant le désarroi de beaucoup de prêtres. Nombre d’entre ceux qui voulurent rester fidèles à la
messe de leur ordination furent chassés de leur paroisse, traqués par une hiérarchie sans pitié, ni
humanité. Aujourd’hui, ces mêmes hiérarques s’indignent à la simple pensée que la liturgie
traditionnelle soit permise.
« On encouragerait ceux qui ont critiqué le pape pendant des années ! »
Les prêtres fidèles à la Tradition de l’Eglise ont remis en cause les doctrines et la liturgie nouvelles
qui ont révolutionné l’Eglise et vidé les lieux de culte. La violence verbale ne fut pas du côté de ceux
qui se sont efforcés de se situer au niveau de la foi et de la doctrine, mais plutôt du côté de ceux qui
se sont permis d’user à l’égard d’une partie du peuple chrétien d’épithètes discriminatoires, telles
« intégristes », « excommuniés », « schismatiques », « lefebvristes ». De plus, il faut constater qu’à
peine le pape Benoît XVI émet-il le souhait d’élargir l’accès à la liturgie traditionnelle, que des voix
s’élèvent, celles qui naguère prêchaient l’obéissance et la soumission, pour accuser aujourd’hui le
pape de « méconnaître les progrès de Vatican II », de « provoquer un recul de l’Eglise ».
Mgr Raffin, évêque de Metz, monte au créneau contre la volonté papale d’élargir la liturgie
traditionnelle ; c’est pourtant le premier évêque de France à avoir organisé, à deux reprises déjà,
une rave party dans sa cathédrale. De quel côté sont les abus et les insoumissions ?
Conclusion
Il est heureux de pouvoir constater que la « marche en avant » de la messe traditionnelle ne peut
plus laisser indifférent. L’époque de la politique du silence semble définitivement révolue ; les plus
hautes autorités de l’Eglise sont obligées de tenir compte du développement de la Tradition et du
potentiel qu’elle représente. L’heure vient où ceux qui ont voulu parquer la vraie messe au musée
des codifications tridentines sont obligés de faire marche arrière et de reconnaître leurs erreurs, tel
un cardinal Médina qui intervint très énergiquement contre la messe tridentine en 1998, et qui
avoue aujourd’hui : « sur la base de mes recherches, je ne puis conclure que le rite de St-Pie V ait
jamais été abrogé.» Nous le remercions pour cet aveu sincère.
Pour l’instant, Rome semble très préoccupée de la réaction des évêques. Et il est vrai que le chef de
l’Église doit tenir compte de ceux qui sont les pasteurs des diocèses et ont de lourdes responsabilités
vis-à-vis des fidèles. Mais que vaut actuellement leur avis ? Que l’on songe au cardinal Sterzinsky qui,
le mercredi des Cendres, est allé au temple protestant de Berlin pour y recevoir les cendres d’un
pasteur ; ou au cardinal Law, qui s’est rendu à la mosquée de Wayland pour s’associer au repas du
ramadan et déclarer qu’il se sentait tout à fait chez lui; à Mgr Defois qui vient de déclarer, lors de
l’inauguration de la faculté musulmane de Lille: « l’Islam fait partie de nos racines européennes.
J’aimerais que nous les recherchions ensemble pour faire émerger une base philosophique
commune » ; ou encore à l’ancien évêque d’Orléans qui a cautionné publiquement un livre
blasphémateur rempli d’obscénités. Nous pourrions, hélas ! allonger tristement cette liste. Si le pape
souhaite la réconciliation avec la Fraternité sacerdotale St-Pie X, il lui faut assumer sa fonction de
chef de l’Eglise et passer outre aux récriminations d’évêques qui, s’ils étaient fidèles à leur mission
de transmettre le dépôt de la foi, se réjouiraient d’une telle mesure de salut public pour l’Eglise et
pour le monde.
Après une descente aux enfers dans les années 70, après les tentatives de sauvegarde des années 80,
après une multiplication exponentielle des lieux de culte dans les années 90, la messe traditionnelle
est plus que jamais d’actualité, et la prise de conscience de son rôle capital pour la revitalisation de
l’Eglise augmente par cercles concentriques, atteignant jusqu’à une partie du jeune clergé diocésain.
Les gesticulations épiscopales auront beau intenter des manœuvres dilatoires, la messe
traditionnelle opère un retour qui s’avère de plus en plus inéluctable. Dans les temps de crise, les
hommes ont beau mettre la lumière divine sous le boisseau, elle finit toujours par réapparaître et
éclairer l’Eglise, prouvant, une fois de plus, que « les portes de l’enfer ne prévaudront point contre
Elle. »
UNA VOCE  FRANCE