L’EUCHARISTIE, SACREMENT ET SACRIFICE DU CHRIST ET DE L’EGLISE
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DEVELOPPEMENTS DES PERSPECTIVES THOMISTES
In Divinitas 1974
R. P. Joseph DE SAINTE-MARIE O. C. D.
Professeur au Theresianum – Faculté Pontificale de Théologie des Carmes Déchaux
Si la foi catholique, définitivement proclamée et solennellement définie sur ce point à la XXII ème Session du Concile de Trente, ne fait de doute pour personne en ce qui concerne le sacrifice de la messe, c’est-à-dire l’existence de la messe comme offrande d’un sacrifice véritable et propitiatoire, la réflexion théologique, par contre, a connu de nombreuses et très diverses tentatives pour rendre compte du mystère affirmé dans ce dogme . Loin de nous troubler, un tel fait est au contraire pour nous source d’admiration, tant il est vrai que la parole de Dieu, objet de notre foi, nous est donnée par l’Eglise et que cette médiation de l’Eglise précède toujours pour nous ce que notre esprit peut saisir du mystère . Cependant la foi reste en travail d’intelligence aussi longtemps qu’elle n’a pas atteint l’éclairage humain du mystère le plus poussé qu’il lui est possible, toutes les objections que la raison peut lui opposer ayant été repoussées.
La première à laquelle elle se heurte, dans le cas de l’eucharistie, est l’unicité du sacrifice du Christ : est-il possible d’affirmer que la messe, célébration du sacrement de l’eucharistie, est un sacrifice quand l’Ecriture nous enseigne que le Christ a été immolé « une fois pour toutes » ( Hebr 10. 10-14), car le sacrifice est l’immolation ? Et si elle en est un, comment la messe est-elle un sacrifice ? Parmi les nombreuses réponses données par les théologiens modernes, l’une des plus stimulantes, et aussi des plus critiquées, a été celle de Dom O. Casel dont la théorie de la « Mysteriengegenwart », pour insuffisante qu’elle soit, a eu cependant la mérite de rappeler que toute explication du sacrifice de la messe ne peut se concevoir d’une manière satisfaisante que dans une relation actuelle à l’unique sacrifice de la croix . Mais de quelle nature est cette relation ? Tel est bien le nœud de la question.
L’objet de la présente étude n’est pas de la reprendre dans son entier, mais de rappeler, par une lecture attentive de S. Thomas d’Aquin, qu’il ne peut y avoir de réponse adéquate que dans la perspective de l’ordre sacramentel et dans l’application exhaustive des principes propres à cet ordre du réel et à ce moyen par excellence de l’action salvifique de Dieu dans l’histoire. LIRE...
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