quarta-feira, 14 de dezembro de 2011

Ven. Pie XII : Que les fidèles considèrent donc à quelle dignité le bain sacré du baptême les a élevés, et qu’ils ne se contentent pas de participer au sacrifice eucharistique avec l’intention générale

Ven. Pie XII : Que les fidèles considèrent donc à quelle dignité le bain sacré du baptême les a élevés, et qu’ils ne se contentent pas de participer au sacrifice eucharistique avec l’intention générale qui convient aux membres du Christ et aux fils de l’Église, mais que, selon l’esprit de la sainte liturgie, librement et intimement unis au souverain Prêtre et à son ministre sur la terre, ils s’unissent à lui d’une manière particulière au moment de la consécration de la divine Hostie, et qu’ils l’offrent avec lui quand sont prononcées les solennelles paroles : " Par lui, avec lui, en lui, est à toi, Dieu Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles " (Missale Rom., Canon Missae), paroles auxquelles le peuple répond : Amen. Et que les chrétiens n’oublient pas, avec le divin Chef crucifié, de s’offrir eux-mêmes et leurs préoccupations, leurs douleurs, leurs angoisses, leurs misères et leurs besoins.

Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE


2. Participation en tant qu’ils doivent s’offrir eux-mêmes comme victimes

Pour que l’oblation, par laquelle dans ce sacrifice ils offrent au Père céleste la divine victime, obtienne son plein effet, il faut encore que les chrétiens ajoutent quelque chose : ils doivent s’immoler eux-mêmes en victimes. Cette immolation ne se réduit pas seulement au sacrifice liturgique. Parce que nous sommes édifiés sur le Christ comme des pierres vivantes, le prince des apôtres veut, en effet, que nous puissions, comme " sacerdoce saint, offrir des victimes spirituelles agréables à Dieu par Jésus-Christ " (I Pierre, II, 5) ; et l’apôtre Paul, parlant pour tous les temps, exhorte les fidèles en ces termes : " Je vous conjure donc, mes frères… d’offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous lui devez " (Rm XII, 1). Mais lorsque les fidèles participent à l’action liturgique avec tant de piété et d’attention qu’on peut dire d’eux : " Dont la foi et la dévotion te sont connues " (Missale Rom., Canon Missae), alors il est impossible que leur foi à chacun n’agisse avec plus d’ardeur par la charité, que leur piété ne se fortifie et ne s’enflamme, qu’ils ne se consacrent, tous et chacun, à procurer la gloire de Dieu et, dans leur ardent désir de se rendre étroitement semblables à Jésus-Christ qui a souffert de très cruelles douleurs, il est impossible qu’ils ne s’offrent avec et par le souverain Prêtre, comme une hostie spirituelle.

a. En purifiant leur âme

Ceci est également enseigné dans les exhortations que l’évêque, au nom de l’Église, adresse aux ministres sacrés le jour où il les consacre : " Rendez-vous compte de ce que vous accomplissez, imitez ce que vous faites et en célébrant le mystère de la mort du Seigneur faites mourir complètement en vos membres les vices et les concupiscences " (Pontif Rom., De Ordinatione presbyteri). C’est presque dans les mêmes termes que, dans les livres liturgiques, les chrétiens qui s’approchent de l’autel sont invités à participer aux cérémonies : " Que sur cet autel soit honorée l’innocence, immolé l’orgueil, étouffée la colère ; que la luxure et tout dérèglement soient frappés à mort ; qu’en guise de tourterelles soit offert le sacrifice de la chasteté, et au lieu des petits de colombe, le sacrifice de l’innocence " (Ibidem, De altaris consecrat., Praefatio) . Lorsque nous sommes à l’autel, nous devons donc transformer notre âme, tout ce qui est péché en elle doit être complètement étouffé, tout ce qui, par le Christ, engendre la vie surnaturelle doit être vigoureusement restauré et fortifié, si bien que nous devenions, avec l’Hostie immaculée, une seule victime agréable au Père éternel.

La sainte Église s’efforce, par les préceptes de la sainte liturgie d’obtenir la réalisation de cette très sainte intention de la manière la plus adaptée. A cela, en effet, visent non seulement les lectures, les homélies et les autres discours des ministres sacrés, et tout le cycle des mystères qui sont proposés à notre mémoire tout au long de l’année, mais encore les vêtements et les rites sacrés et toutes leurs cérémonies extérieures qui ont pour but de " faire valoir la majesté d’un si grand sacrifice, et par ces signes visibles de religion et de piété, d’exciter les esprits des fidèles à la contemplation des réalités les plus profondes cachées dans ce sacrifice " (cf. Conc. Trid., Sess. XXII, cap. 5).

b. En reproduisant l’image de Jésus-Christ

Tous les éléments de la liturgie incitent donc notre âme à reproduire en elle par le mystère de la croix l’image de notre divin Rédempteur, selon ce mot de l’Apôtre : " Je suis attaché à la croix avec le Christ ; je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi " (Ga II, 19-20). Par là, nous devenons hostie avec le Christ pour la plus grande gloire du Père.

C’est donc vers cet idéal que les chrétiens doivent orienter et élever leur âme quand ils offrent la divine victime dans le sacrifice eucharistique. Si, en effet, comme l’écrit saint Augustin, sur la table du Seigneur lui-même repose notre mystère (cf. Serm. CCLXXII.) c’est-à-dire le Christ Seigneur lui-même, en tant qu’il est Chef et symbole de cette union par laquelle nous sommes le Corps du Christ (cf. I Cor XII, 27) et les membres de son Corps (cf. Ep V, 30) ; si saint Robert Bellarmin enseigne, selon l’esprit du docteur d’Hippone, que dans le sacrifice de l’autel est exprimé le sacrifice général par lequel tout le Corps mystique du Christ, c’est-à-dire toute la cité rachetée, s’offre à Dieu par le Christ, Grand Prêtre (cf. S. Robert Bellarmin, De Missa. II, cap. 8), on ne peut rien imaginer de plus convenable et de plus juste que de nous immoler tous au Père éternel avec notre Chef qui a souffert pour nous. Dans le sacrement de l’autel, en effet, selon le même Augustin, il est démontré à l’Église que dans le sacrifice qu’elle offre, elle est offerte, elle aussi (cf. De Civ. Dei, lib. X, cap. 6).

Que les fidèles considèrent donc à quelle dignité le bain sacré du baptême les a élevés, et qu’ils ne se contentent pas de participer au sacrifice eucharistique avec l’intention générale qui convient aux membres du Christ et aux fils de l’Église, mais que, selon l’esprit de la sainte liturgie, librement et intimement unis au souverain Prêtre et à son ministre sur la terre, ils s’unissent à lui d’une manière particulière au moment de la consécration de la divine Hostie, et qu’ils l’offrent avec lui quand sont prononcées les solennelles paroles : " Par lui, avec lui, en lui, est à toi, Dieu Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit, tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles " (Missale Rom., Canon Missae), paroles auxquelles le peuple répond : Amen. Et que les chrétiens n’oublient pas, avec le divin Chef crucifié, de s’offrir eux-mêmes et leurs préoccupations, leurs douleurs, leurs angoisses, leurs misères et leurs besoins.