segunda-feira, 14 de agosto de 2017

P. Gabriel Jacquier, La Vie mariale

P. Gabriel Jacquier, La Vie mariale

Père Gabriel Jacquier, la Vie mariale

A partir de 1935, le père Gabriel Jacquier prend l'habitude de consigner sur de petits carnets noirs les lumières qu'il reçoit dans son oraison sur cette union de l'âme à Marie. Il a le projet d'en faire un livre qu'il voudrait intituler « Notre Filiation divine en Marie » (et qui seront publiés après sa mort sous le titre « La vie mariale »[1]).
« In sinu Mariae » : dans le sein de Marie, fut la formule préférée[2] dans laquelle il avait condensé tout le sens pratique de sa doctrine mariale, et il la considérait comme l'équivalent de cette autre : Dans le Cœur de Marie. On peut rapprocher cette expression de l'image du « moule » chez saint Louis-Marie de Montfort : il s'agit de fondre le vieil homme pour être formé en Marie, et de vivre une tendre dévotion, pleine de confiance, il s'agit d'être formé par Marie à la filiation divine (notre esprit filial ne s'arrête pas à Marie, mais, par Marie, il s'agit d'être réellement des fils de Dieu, et d'appeler réellement Dieu notre Père).
« Au début, l'âme doit mettre en jeu son organisme naturel et surnaturel pour aller à Dieu, afin de témoigner de sa bonne volonté » [3]
Un peu plus tard, « lorsque l'âme a été introduite dans la voie passive, elle doit abandonner toute initiative personnelle »[4]
« La Vierge prendra en son temps l'initiative de tout.
Elle doit devenir de plus en plus la vie de l'âme ce qui suppose que l'âme renonce à sa propre vie, dans le silence absolu, dans le support de tous les coups intérieurs et extérieurs. » [5]
« Soyons sûrs de notre Mère.
Elle nous infusera l'Amour dans la mesure où nous serons livrés.
Alors elle se servira de nous pour honorer Dieu en tel ou tel de ses mystères, pour le servir en telle ou telle œuvre apostolique et charitable.
Livrons-nous à Marie avec la simplicité des tout petits pour lui procurer le bonheur tout maternel de nous infuser l'amour de Dieu et des âmes. » [6]
« Il se peut qu'au début de cette union mariale nous n'ayons pas conscience de notre union à la Trinité en Marie. Qu'importe! Dieu n'a que faire de nos petits actes. Ce qu'il nous demande, c'est de nous abandonner en simplicité à son plan salutaire.
Perdons-nous en Marie et là nous serons sous l'influence divine. D'ailleurs, ne faisant qu'un avec Marie (l'embryon dans le sein maternel), ses actes, ses intentions, son amour sont nôtres, et en nous perdant ainsi en elle, au lieu d'offrir à Dieu nos petites aspirations, nous communions à celles de Marie, ce qui est bien plus glorieux pour notre Père.
Marie est notre suffisance pour tout, comme la mère pour l'embryon. Ah! soyons sûrs de notre Mère; ne comptons pas sur nos actes pour nous approcher de Dieu, du Dieu trois fois saint. Communions à Marie, et ça suffit. Tout désir de se rendre compte consciemment des opérations mystérieuses de Marie en nous et avec nous, est de la recherche d'amour-propre, et un manque de Confiance en notre Mère. [...]
Elle est en nous, spirituellement présente, et nous sommes en elle, et c'est en elle que nous possédons Dieu. Vivons donc par la foi dans le Cœur de notre Mère : [...]
Elle est en moi, je suis en elle, et par une intimité supérieure à celle qui existe entre la mère et le petit qu'elle porte en son sein ; ici, il n'y a qu'une union matérielle; là, il y a communion spirituelle. Oh! si nous y pensions ! "Je suis dans le Cœur de Marie", ma Mère, si tendre et si puissante. »[7]
Cette doctrine mariale a aussi des conséquences sociales et politiques[8], c'est tout un plan de salut qui se met en route, pour nous et pour le monde entier.
A travers ces lignes, nous sentons que le Père Jacquier a vu le lien entre la doctrine de saint Louis-Marie Grignion de Montfort et celle de saint Jean de la Croix :
« Dans ce rien si bien enseigné par saint Jean de la Croix, on est disposé à recevoir la vie, dont notre Mère est remplie pour nous. »[9]

[1] Père Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, Procure des religieux de St. Vincent de Paul, 75015 Paris, 1988. Nihil obstat et Imprimatur avril 1953.
[2] Formule empruntée aux auteurs médiévaux.
[3] P. Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, [3]
[4] P. Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, [3]
[5] P. Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, [3]
[6] P. Gabriel Jacquier, Les Carnets noirs, [3]
[7] Père Gabriel Jacquier, Les carnets noirs, [7] et [8])
[8] Père Gabriel Jacquier, L'ordre social chrétien, éditions du Lion, Lyon 1995 (première édition au « Règne social de Marie », 29 rue de Lourmel, Paris, 1939)
[9] Les Carnets noirs, Procure des religieux de St. Vincent de Paul, 75015 Paris, 1988. Nihil obstat et Imprimatur avril 1953., p. 24

Synthèse F. Breynaert