sábado, 25 de julho de 2015

Abbaye Notre Dame de Randol et la Liturgie



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Située au cœur de la campagne vallonnée d'Auvergne, à 10 kilomètres au sud de Clermont-Ferrand, l'abbaye de Randol a choisi de maintenir la tradition du chant latin en grégorien. Il s'agit pour les moines de la communauté de garder bien vivant et fidèlement un des trésors de la tradition catholique. +





Homélie prononcée par le Très Révérend Père Dom Bertrand de Hédouville,
Abbé de Notre-Dame de Randol,
à la messe commémorative de la translation des reliques de St Benoît, le 11 juillet 2015.



Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Amen.
L'évangile que nous venons d'entendre nous donne un parfait programme de ce qu'est la vie consacrée : tout quitter, frères, sœurs, parents, femme, enfants, maison, champs, bref tout ce qui nous est cher, pour suivre le Christ, et cela en vue d'une récompense qui n'est rien d'autre que la vie éternelle, c'est-à-dire Dieu. Dépouillement radical qui a quelque chose de grand et même, j'oserais dire, d'humainement terrible, mais qui n'est encore qu'un début de réponse à ce regard aimant que Jésus porte sur les âmes qu'il appelle à monter le chemin de la perfection.
Nous le savons, très jeune, saint Benoît réalisa ce programme à la lettre quand il a quitté milieu social, études, famille, biens matériels, réputation, pour chercher Dieu en vérité.
Au soir de sa vie, quand il rassemblera toute son expérience de moine et de meneur d'hommes dans ce petit livre qu'il a intitulé "Regula monachorum, Règle des moines" ; quand il examinera la question de ceux qui viennent demander à intégrer la vie monastique, il se posera une seule question, mais rédhibitoire : "Cherche-t-il vraiment Dieu ?"
Ainsi, depuis plus de quinze siècles, génération après génération, des jeunes sont venus frapper aux portes des monastères pour cette unique raison : chercher Dieu.
Nous le savons, cette recherche de Dieu n'est pas réservée aux moines, cela doit être le moteur intérieur de tout homme. Dans la Bible, au livre des Chroniques il est dit :
Ils s'engagèrent par un pacte à chercher Dieu, le Dieu de leur Pères, de tout leur cœur et de toute leur âme, et quiconque ne chercherait pas le Seigneur (...) serait mis à mort, grand ou petit, homme ou femme. II Chr 15, 12-15.
Pourquoi chercher Dieu ? Parce que Dieu est, et qu'il y a en nous un désir naturel de Dieu qui nous le fait chercher comme à tâtons malgré tout Ac 17, 27. Mais tous les hommes, et les sages comme les autres, ayant hérité d'une intelligence blessée par le péché originel, n'arrivent pas par eux-mêmes à passer du naturel au surnaturel. S'ils ne sont pas aidés par la grâce, ils se fourvoient tellement facilement dans leur recherche de Dieu. Voulant instinctivement ramener Dieu à la mesure de leur connaissance, ils dissolvent la divinité dans un panthéisme plus ou moins mou ; à moins que Dieu soit relégué dans des sphères très éloignées où il ne « gêne » plus, si même on ne le nie pas purement et simplement. Mais si on ne veut pas croire en Dieu, ce n'est pas pour croire en rien, mais pour croire en n'importe quoi, les sectes qui fourmillent aujourd'hui le montrent à l'évidence.
Le Cardinal Sarah, dans son livre ''Dieu ou rien'' dénonce l'Occident qui a décidé de prendre ses distances par rapport à la foi chrétienne, qui a décrété la mort de Dieu, et qui vit dans une totale indifférence comme si Dieu n'existait pas. L'athéisme trouve son origine principale dans l'individualisme exacerbé de l'homme européen. L'individu-roi, qui aspire toujours davantage à une forme d'autonomie ou d'indépendance absolue, tend vers l'oubli de Dieu. Se voulant totalement libre, l'homme refuse ce qu'il considère comme une contrainte et va même jusqu'à repousser toute forme de dépendance à l'égard de Dieu. L'orientation athée d'une vie est le fait, non tant d'un raisonnement, que d'une option de la volonté de se détacher de Dieu. L'homme ne veut plus réfléchir à son rapport à Dieu, car il veut créer un homme nouveau pleinement libre et autonome, devenir Dieu lui-même. ''Dieu ou rien'', pp.241-242.
Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, et qui aime à répandre son amour, ne se lasse pas d'appeler des âmes à le chercher, à consacrer leur vie à cet unique nécessaire, parce que lui-même est venu au-devant d'elles. Saint Augustin dans ses ''Confessions'' fait dire au Seigneur :
Tu ne me chercherais pas, si je ne t'avais déjà trouvé.
Mais comment chercher ?
C'est que Dieu, ne se laisse pas trouver au bout d'une équation mathématique, ni au travers d'un télescope, ni au fond d'une bibliothèque, ni au terme d'un discours philosophique, même si tout cela peut être des points de passage sur les voies qui y conduisent.
Comment chercher ? Dieu a fait connaitre qui il était par son Fils. En ces temps qui sont les derniers, Il a envoyé son Fils, Parole éternelle du Père, parmi les hommes. Et que Jésus, le Verbe de Dieu fait chair, nous a-t-il vraiment apporté ? Manifestement pas la paix, ni la prospérité tous azimuts. Il nous a apporté une seule chose : Dieu. Il a apporté Dieu. Dès lors, nous connaissons sa face, dès lors nous pouvons l'invoquer, dès lors nous connaissons le chemin que, comme hommes, nous devons emprunter dans ce monde pour aller au Père. Benoît XVI, ''Jésus de Nazareth'', t. 1, p. 64.
Rechercher Dieu pour le connaitre, l'aimer et le servir passe donc par la connaissance, l'amitié, l'union, l'obéissance à son Fils, icône resplendissante du Père.
Et comment connaître le Christ, comment rencontrer sa personne ?
C'est dans la foi, cette adhésion ferme au message qu'il nous a transmis, que nous le rencontrons ici-bas.
Et pour nourrir notre union à lui, la façon la plus immédiate c'est l'Eucharistie vrai Corps et vrai Sang du Seigneur Jésus avec son âme et sa divinité.
Et puis, nous faisons connaissance avec le Christ à travers sa Parole ;
Et aussi dans la prière, qui est le moyen le plus authentique de poursuivre cette recherche. Chercher Dieu, c'est le demander. Très particulièrement dans la prière en commun : lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d'eux. Prière qui s'épanouit en contemplation silencieuse, prélude déjà de la découverte béatifique. RP Paissac OP, ''Une médiation sur le Pater'', p 4.
Le Christ nous a dit que c'était encore lui quand nous visitons les malades, les prisonniers et aux pauvres en tous genres.
On recherchera donc Dieu en ramenant toujours son âme à lui, à tout instant du jour, et en l'y maintenant. Revenir sans cesse au centre. Travailler et vivre devant Lui. Prendre devant Lui l'attitude intérieure et extérieure que nous savons aimée de Lui. C'est un acte de charité parfaite que de recueillir et ressaisir toujours son âme pour la replacer devant Dieu. Dom Delatte, ''Lettres'', p. 200.
Et voici que tu étais au-dedans de moi – disait saint Augustin –, et moi au dehors et c'est là que je te cherchais (...) Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi. (...) Tu as appelé, Tu as brillé, Tu as embaumé, j'ai respiré et, haletant, j'aspire à Toi (...) Tu m'as touché et je me suis enflammé pour Toi (...) et vivante sera ma vie toute pleine de Toi. Confessions.
J'achève par une prière de saint Anselme, un grand moine qui a été toute sa vie profondément travaillé par la question de Dieu. Il reste un de nos modèles dans la vie consacrée à l'école de saint Benoît :
Aie pitié de nos laborieux efforts vers Toi, nous qui ne pouvons rien sans Toi. Enseigne-moi à Te chercher et montre-Toi quand je Te cherche ; car je ne puis Te chercher si Tu ne me l'enseignes, ni Te trouver si Tu ne Te montres.
Au nom du Père,
et du Fils,
et du Saint Esprit. Amen.