sexta-feira, 3 de dezembro de 2010

En quel sens la messe est-elle un vrai sacrifice, non sanglant, selon le concile de Trente ?

Quelques précisions sur la notion de sacrifice et sur les fruits de la messe.


par l'abbé J.-M. Robinne
Etat de la question
La question n’était pas posée de la même façon avant l’apparition de l’hérésie protestante. À l’époque de saint Thomas et avant, et jusqu’au XVème siècle, on posait la question comme en ST3 q83 a1 : « Utrum in hoc sacramento Christus immoletur ». Et on répondait, avec saint Augustin : « Semel immolatus est in seipso Christus, et tamen quotidie immolatur in sacramento »( Epist. 98 ad Bonifacium.)
L’explication fondamentale de cette réponse était la suivante : Le Christ, à la Messe, est immolé sacramentellement et de façon non sanglante en tant que par la double consécration et la double transsubstantiation, il est posé sur l’autel comme en état de mort ; et cette immolation sacramentelle est la représentation de l’immolation sanglante du calvaire et applique les mérites de la Passion (Saint Thomas insiste sur la nécessité de la double consécration : ST3 q74 a1 ; q76 a2 ; q80 a12 ad3.
Il enseigne également souvent que le célébrant offre la Messe in persona Christi : ST3 q22 a3 ad2 ; q78 a3, a4 ; q82 a4, a5 et ad2 et ad3, a6, a7 ad3, a8.
Saint Thomas précise aussi que l’Eucharistie contient le Christ qui a souffert : ST3 q73 a4 ad3 ; a5 ad2 ; q75 a1 ; q78 a6 ad1.)
Les Protestants déclarèrent : ainsi, la Messe est seulement le mémorial du Sacrifice de la Croix passé, et non un vrai sacrifice. C’est pourquoi, depuis ce temps, on pose la question sous cette forme : est-ce que la Messe est vraiment et proprement un sacrifice ?
L’argument principal de ces objectants, développé surtout par Zwingle et par Calvin, se ramène à ceci : Tout vrai sacrifice exige une destruction réelle ou immolation de la victime offerte. Or, dans la Messe, on ne trouve pas cette immolation réelle de la victime offerte, qui est le corps du Christ glorieux. Donc, la Messe n’est pas un sacrifice vrai et proprement dit.
Cette difficulté n’était pas nouvelle, elle avait été souvent examinée par les scolastiques : cf. saint Thomas ST3 q83 a1 ad2 ; saint Albert le Grand, in IV Sent dist.13 a23.
Selon le concile de Trente, et en pleine conformité avec l’explication théologique recourant à l’ordre sacramentel, l’essence du sacrifice de la Messe se trouve en ce qui représente le sacrifice sanglant de la croix.
Or, c’est dans la double consécration et en elle seule que se trouve le mémorial et l’image de la Passion du Christ, en tant que celui-ci est ainsi représenté sur l’autel en état de mort par l’effusion du sang. La communion du prêtre n’apporte rien à cet aspect : elle est participation du prêtre au sacrifice déjà accompli.
Du côté de la victime offerte, le sacrifice de la Messe est le même quoad substantiam que le sacrifice de la Croix ; c’est en effet numériquement la même victime, bien qu’elle soit offerte maintenant selon un mode non sanglant.
Le sacrifice de la Messe diffère de celui de la Croix quoad modum : le Christ est maintenant immolé selon le mode sacramentel, sans nouveau mérite ni nouvelle satisfaction douloureuse, mais avec l’application des mérites passés de la Passion.
Cette identité substantielle se vérifie également du côté du prêtre principal, qui à la Messe est le Christ lui-même. Au point de vue du ministre, c’est la doctrine de la causalité instrumentale qui permet seule de bien comprendre le rapport entre le Sacrifice de la Messe et celui de la Croix.
• Concile de Trente (oecum. XIX), Session XXII, 17 septembre 1562; Doctrina de ss. Missae sacrificio; Cap.2. 'Sacrificium visibile esse propitiatorium pro vivis et defunctis'; D.940:
"Et quoniam in divino hoc sacrificio, quod in Missa peragitur, idem ille Christus continetur et incruente immolatur, qui in ara crucis "semel seipsum cruente obtulit" [Heb 9.14,27]: docet sancta Synodus, sacrificium istud vere propitiatorium esse [can.3], per ipsumque fieri, ut, si cum vero corde et recta fide, cum metu ac reverentia, contriti ac paenitentes ad Deum "accedamus, misericordiam consequamur et gratiam inveniamus in auxilio opportuno" [Heb 4.16]. Hujus quippe oblatione placatus Dominus, gratiam et donum paenitentiae concedens, crimina et peccata etiam ingentia dimittit. Una enim eademque est hostia, idem nunc offerens sacerdotum ministerio, qui se ipsum tunc in cruce obtulit, sola offerendi ratione diversa. Cujus quidem oblationis (cruentae, inquam) fructus per hanc incruentam uberrime percipiuntur: tantum abest, ut illi per hanc quovis modo derogetur [can.4]. Quare non solum pro fidelium vivorum peccatis, poenis, satisfactionibus et aliis necessitatibus, sed et pro defunctis in Christo, nondum ad plenum purgatis, rite juxta Apostolorum traditionem offertur [can.3]."
Pour exprimer la relation très spéciale du sacrifice de la Messe à celui de la Croix, relation incluant identité substantielle et différence modale, on dit que la Messe est un sacrifice relatif à celui de la Croix qu’il contient et offre sacramentellement. Soulignons à cette occasion que la notion de la Messe comme « présence du Sacrifice de la Croix », tout en étant belle et vraie, ne suffit pas à rendre compte de la doctrine catholique. Car il ne suffit pas de dire qu’à la Messe le Sacrifice de la Croix est présent [surtout si on adopte la perspective de Journet et de Maritain : une sorte de « contemporanisation », dans la Messe à l’acte de la Croix]. Il faut affirmer qu’à la Messe il y a un acte d’offrande d’un vrai sacrifice, substantiellement identique à celui de la Croix (Voir à ce sujet Joseph de Sainte-Marie, « Note sur le sacrifice de la Messe selon Jacques Maritain… », Divinitas 1975, p. 61-76.)











Le mystère de l'eucharistie par le cardinal Journet

DE:http://www.salve-regina.com/Theologie/Sacrifice_et_fruits_de_la_messe.htm