quinta-feira, 23 de dezembro de 2010

Ven. Pie XII : le sacrifice eucharistique consiste essentiellement dans l’immolation non sanglante de la victime divine, immolation qui est mystiquement indiquée par la séparation des saintes espèces et par leur oblation faite au Père éternel. La sainte communion en assure l’intégrité, et a pour but d’y faire participer sacramentellement, mais tandis qu’elle est absolument nécessaire de la part du ministre sacrificateur, elle est seulement à recommander vivement aux fidèles.

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Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE

III. LA COMMUNION EUCHARISTIQUE

L’auguste sacrifice de l’autel se conclut par la communion au repas divin. Cependant, comme tous le savent, pour assurer l’intégrité de ce sacrifice il suffit que le prêtre communie ; il n’est pas nécessaire - bien que ce soit souverainement souhaitable - que le peuple lui aussi s’approche de la sainte table.

Pour l’intégrité du sacrifice, celle du prêtre suffit.

Nous aimons, à ce sujet, répéter les considérations de Notre prédécesseur, Benoît XIV, sur les définitions du concile de Trente : " En premier lieu… nous devons dire qu’il ne peut venir à l’esprit d’aucun fidèle que les messes privées dans lesquelles seul le prêtre communie perdent de ce fait le caractère du sacrifice non sanglant, parfait et complet, institué par le Christ Notre-Seigneur, et qu’elles doivent, par conséquent, être considérées comme illicites. Les fidèles, en effet, n’ignorent pas ou du moins il est facile de leur enseigner que le saint concile de Trente, s’appuyant sur la doctrine conservée par la tradition perpétuelle de l’Église, a condamné comme nouvelle et fausse l’opinion de Luther qui s’y opposait " (Lettre encycl. Certiores effecti, du 13 novembre 1742, § 1). " Si quelqu’un dit que les messes dans lesquelles seul le prêtre communie sacramentellement sont illicites et doivent par conséquent être supprimées, qu’il soit anathème " (Conc. Trid., Sess. XXII. can. 8).

Ils s’écartent donc du chemin de la vérité ceux qui ne veulent accomplir le saint sacrifice que si le peuple chrétien s’approche de la table sainte ; et ils s’en écartent encore davantage ceux qui, prétendant qu’il est absolument nécessaire que les fidèles communient avec le prêtre, affirment dangereusement qu’il ne s’agit pas seulement d’un sacrifice, mais d’un sacrifice et d’un repas de communauté fraternelle, et font de la communion accomplie en commun comme le point culminant de toute la cérémonie.

Il faut encore une fois remarquer que  le sacrifice eucharistique consiste essentiellement dans l’immolation non sanglante de la victime divine, immolation qui est mystiquement indiquée par la séparation des saintes espèces et par leur oblation faite au Père éternel. La sainte communion en assure l’intégrité, et a pour but d’y faire participer sacramentellement, mais tandis qu’elle est absolument nécessaire de la part du ministre sacrificateur, elle est seulement à recommander vivement aux fidèles.

Exhortation à la communion spirituelle et sacramentelle

De même que l’Église, comme maîtresse de vérité, fait tous ses efforts pour protéger l’intégrité de la foi, de même, comme mère pleine de sollicitude pour ses fils, elle les exhorte très fortement à participer avec empressement, et fréquemment, à ce très grand bienfait de notre religion.

Elle désire avant tout que les chrétiens, spécialement quand ils ne peuvent recevoir effectivement la nourriture eucharistique, la reçoivent au moins de désir, de manière à s’unir au Rédempteur avec une foi vive, un esprit respectueusement humble et confiant dans sa volonté, avec l’amour le plus ardent.

Mais ceci ne lui suffit pas. Puisque, en effet, comme Nous l’avons dit ci-dessus, nous pouvons participer sacramentellement au sacrifice en recevant le pain des anges, afin que d’une manière plus efficace nous " sentions continuellement en nous l’effet de notre Rédemption " (Missale Rom., Collecta Festi Corp. Christi), l’Église notre Mère renouvelle à tous et à chacun de ses fils l’invitation du Christ Notre-Seigneur : " Prenez et mangez… Faites ceci en mémoire de moi " (I Co XI, 24). Dans ce but, le concile de Trente, répondant en quelque sorte aux désirs de Jésus-Christ et de son Épouse immaculée, recommanda fortement que " à chaque messe, les assistants communient non seulement en esprit, mais aussi par la réception sacramentelle de l’Eucharistie, afin que le fruit de ce sacrifice très saint leur parvienne plus abondamment " (Sess. XXII, cap. 6). Bien plus, Notre prédécesseur, d’immortelle mémoire, Benoît XIV, afin de faire mieux connaître, et plus clairement, que par la réception de la divine Eucharistie les fidèles participent au sacrifice lui-même, loue la piété de ceux qui, non seulement désirent se nourrir du pain céleste quand ils assistent au sacrifice, mais encore souhaitent recevoir des hosties consacrées à ce sacrifice même ; mais, comme lui-même le déclare, on prend vraiment et réellement part au sacrifice, même s’il s’agit de pain eucharistique dont la consécration a été dûment accomplie auparavant. Voici en effet ce qu’il a écrit : " Outre ceux à qui le célébrant donne une part de la victime offerte par lui dans la messe même, ceux-là aussi participent au même sacrifice, à qui le prêtre donne la sainte réserve ; cependant, jamais l’Église n’a interdit et elle n’interdit pas actuellement au prêtre, de satisfaire à la piété et à la juste demande des assistants qui demandent à participer au sacrifice même, qu’ils offrent eux aussi à leur manière ; bien plus elle approuve et désire que cela ne soit pas omis, et elle blâmerait les prêtres par la faute ou la négligence desquels cette participation serait refusée aux fidèles " (Lettre encycl. Certiores effecti, § 3.).

Pour toutes les catégories de personnes

Dieu fasse que tous répondent spontanément et volontiers à ces invitations pressantes de l’Église ; Dieu fasse que les chrétiens prennent part au divin sacrifice, non seulement d’une manière spirituelle, mais aussi en recevant dans la communion sacramentelle, même tous les jours s’ils le peuvent, le Corps de Jésus offert pour tous au Père éternel. Excitez, Vénérables Frères, dans les âmes de tous ceux qui sont confiés à vos soins, une faim ardente et comme inextinguible de Jésus-Christ ; que votre enseignement attire en foule autour des autels enfants et jeunes gens, qui offrent au divin Rédempteur leur innocence et leur enthousiasme ; que les époux s’en approchent fréquemment afin que, nourris à la sainte table, ils puissent faire passer dans les enfants qui leur sont confiés les sentiments et l’amour de Jésus-Christ ; que les ouvriers y soient appelés, afin qu’ils puissent recevoir la nourriture solide capable de refaire leurs forces sans leur manquer jamais, et qui leur prépare au ciel la récompense éternelle de leurs travaux ; appelez enfin et forcez à entrer (cf. Lc, XIV, 23) tous les hommes de toutes les classes, car c’est le pain de vie dont tous ont besoin. L’Église de Jésus-Christ n’a que ce seul pain pour satisfaire les aspirations et les désirs de nos âmes, pour les unir très étroitement au Christ Jésus, pour en faire finalement " un seul corps " (I Co X, 17) et les unir entre eux, comme des frères qui s’assoient à la même table pour prendre le remède de l’immortalité (cf. S. Ignat. Martyr., Ad Ephes., 20.) en partageant un même pain.

Communion reçue autant que possible durant la messe…

Il est tout à fait convenable, ce que d’ailleurs la liturgie a établi, que le peuple s’approche de la sainte table après la communion du prêtre, et comme Nous l’avons écrit plus haut, il faut louer ceux qui assistant à la messe reçoivent les hosties qui y ont été consacrées, afin que se réalise la prière : " Que nous tous qui, participant à ce sacrifice, aurons reçu le corps sacré et le sang de votre Fils, nous soyons remplis de toute bénédiction céleste et de toute grâce " (Missale Rom., Canon Missae).

Cependant, il n’est pas rare qu’il se présente des motifs de distribuer la sainte communion, soit avant, soit après le sacrifice lui-même, ou encore - bien que l’hostie soit distribuée aussitôt après la communion du prêtre - de faire cette distribution avec des hosties consacrées auparavant. Même dans ces conditions - comme d’ailleurs Nous l’avons déjà fait remarquer plus haut - le peuple participe normalement au sacrifice eucharistique, et il n’est pas rare qu’il puisse ainsi plus facilement s’approcher de la table sainte. Si donc, dans sa maternelle indulgence, l’Église s’efforce d’aller au-devant des besoins spirituels de ses fils, ceux-ci, néanmoins, chacun pour sa part, doivent ne pas mépriser facilement ce que la sainte liturgie conseille, et toutes les fois qu’un motif raisonnable ne s’y oppose pas, réaliser tout ce qui manifeste plus clairement à l’autel l’unité vivante du Corps mystique.

Suivie d’une action de grâces convenable…

Lorsque l’action sainte, qui est réglée par ces lois liturgiques particulières, est achevée, celui qui a reçu le pain du ciel n’est pas dispensé de rendre grâces ; bien plus, il est tout à fait convenable qu’une fois reçue la sainte Eucharistie et achevées les cérémonies publiques, il se recueille et, intimement uni au divin Maître, il ait avec lui un entretien très doux et bienfaisant, autant que les circonstances le lui permettent. Ceux-là s’écartent donc du droit sentier de la vérité qui, s’attachant aux mots plus qu’à la pensée, affirment et enseignent qu’une fois le sacrifice achevé, il n’y a pas à le prolonger par une action de grâces de ce genre, non seulement parce que le sacrifice de l’autel est par lui-même une action de grâces, mais aussi parce que ceci est affaire de dévotion personnelle et particulière, qui regarde chacun et non le bien de la communauté.

Mais, au contraire, la nature même du sacrement demande que le chrétien qui le reçoit en retire d’abondants fruits de sainteté. Assurément, la réunion publique de la communauté est congédiée, mais il faut que chacun, uni au Christ, n’interrompe pas dans sa propre âme le cantique de louanges " rendant grâces toujours et pour toutes choses à Dieu, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ " (Ep V, 20). La liturgie du sacrifice eucharistique nous y exhorte quand elle nous fait prier en ces termes : " Accordez-nous de demeurer toujours en action de grâces… (Missale Rom., Postcommunio Dominicae infra Oct. Ascens.) et de ne cesser jamais de vous louer (Ibidem, Postcommunio Dominicae I post Pentec.) " . C’est pourquoi, s’il n’y a aucun moment auquel il ne faille rendre grâces à Dieu, et s’il ne faut jamais cesser de le louer, qui oserait accuser ou blâmer l’Église de conseiller à ses prêtres (C.I.C., can. 810) et aux fidèles de s’entretenir au moins quelque temps avec le divin Rédempteur après la sainte communion, et d’avoir introduit dans les livres liturgiques des prières de circonstance, enrichies d’indulgences, par lesquelles les ministres sacrés, soit avant d’exercer les fonctions liturgiques et de se nourrir de l’Eucharistie, se préparent convenablement soit, après avoir achevé la sainte messe, expriment à Dieu leur reconnaissance ? La sainte liturgie, loin d’étouffer les sentiments intimes de chaque chrétien, les ranime et les stimule plutôt, pour qu’ils prennent la ressemblance du Christ et soient par lui orientés vers le Père céleste ; c’est pourquoi elle enseigne et invite à rendre à Dieu les actions de grâces que lui doit quiconque a reçu sa nourriture à la sainte table. Le divin Rédempteur, en effet, aime à entendre nos prières, à nous parler à cœur ouvert et à nous offrir un refuge dans son cœur brûlant.

Nécessaire pour recueillir des fruits plus abondants

Bien plus, de tels actes, particuliers à chacun, sont absolument nécessaires pour que tous nous jouissions plus abondamment des trésors d’en-haut, dont l’Eucharistie déborde, et pour que, selon nos forces, nous les fassions se répandre sur les autres, afin que Notre Seigneur atteigne en toutes les âmes la plénitude de sa vertu.

Pourquoi donc, Vénérables Frères, ne louerions-Nous pas ceux qui, après avoir reçu la nourriture eucharistique, même après que l’assemblée des fidèles a été officiellement congédiée, s’attardent dans une familiarité intime avec le divin Rédempteur, non seulement pour s’entretenir avec lui de la manière la plus suave, mais encore pour le remercier et lui rendre les louanges qui lui sont dues, et surtout pour lui demander son aide, pour écarter, chacun, de son âme tout ce qui diminue l’efficacité du sacrement, et pour réaliser toute leur part de ce qui peut favoriser l’action toute-puissante de Jésus-Christ ? Nous les exhortons à le faire d’une manière particulière en mettant à exécution les résolutions qu’ils auront prises, en exerçant les vertus chrétiennes, en adaptant à leurs propres besoins les dons reçus de sa libéralité royale. Certes, l’auteur du livre d’or de L’Imitation du Christ parle en inspiré et selon les préceptes de la liturgie quand il donne ce conseil : " Demeure dans le secret et jouis de ton Dieu, car tu possèdes Celui que le monde entier ne peut t’enlever " (Lib. IV, cap. 12).

Nous tous, étroitement unis au Christ, efforçons-nous donc de nous plonger en quelque sorte dans son très saint amour, et attachons-nous à lui afin de prendre part aux actes par lesquels lui-même adore l’auguste Trinité dans un hommage qui lui est extrêmement agréable, par lesquels il rend au Père éternel des actions de grâces et des louanges souveraines qui retentissent d’un commun accord au ciel et sur la terre, selon la parole : " Toutes les œuvres du Seigneur, bénissez le Seigneur " (Dan., III. 57) ; par lesquels enfin, unis ensemble, nous implorons le secours de Dieu au moment le plus opportun qui soit donné pour demander et obtenir de l’aide au nom du Christ (cf. Jn XVI, 23) et par lesquels surtout nous nous offrons et nous immolons en hostie, en disant : " Faites que nous devenions pour vous un don éternel " (Missale Rom., Secreta Missae SS. Trinit.).

Le divin Rédempteur répète incessamment son invitation pressante : " Demeurez en moi " (Jn XV, 4). Or, par le sacrement de l’Eucharistie, le Christ demeure en nous et nous en lui ; et de même que le Christ demeurant en nous vit et agit, de même il faut que nous, demeurant dans le Christ, nous vivions et agissions par lui.