La liturgie est le bain par excellence de toute formation chrétienne
Dans sa lettre pastorale, Mgr Aillet, évêque de Bayonne, traite longuement de la nouvelle évangélisation. C’est pourquoi la re-création d’un séminaire diocésain revêt une importance capitale. Voici un extrait sur la formation des clercs trouvé sur Le Forum catholique :
La Constitution conciliaire sur la sainte liturgie présentait la formation liturgique comme un des principes fondamentaux de la restauration et de la mise en valeur de la liturgie : «Il n’y a aucun espoir d’obtenir ce résultat, si d’abord les pasteurs eux-mêmes ne sont pas profondément imprégnés de l’esprit et de la force de la liturgie, et ne deviennent pas capables de l’enseigner». Il s’agissait sans doute de former des professeurs qualifiés et de faire même de la liturgie une des «disciplines principales» des études ecclésiastiques. On insistait toutefois pour que cette formation ne soit pas purement intellectuelle ou théologique, mais qu’elle passe par une expérience authentique de la liturgie de l’Église : «Les clercs, dans les séminaires et les maisons religieuses, acquerront une formation liturgique à la vie spirituelle, par une bonne initiation qui leur donne l’intelligence des rites sacrés et les y fasse participer de toute leur âme, tant par la célébration même des saints mystères que par les autres exercices de piété, imprégnés d’esprit liturgique ; également, ils apprendront à observer les lois liturgiques, de telle sorte que la vie des séminaires et des maisons de religieux soit profondément façonnée par l’esprit de la liturgie». En effet, avant d’être un objet d’étude, la liturgie est une vie. C’est le bain par excellence de toute formation à la vie chrétienne : au sens de la foi et au sens de l’Église, à la louange et à l’adoration comme à la mission. On ne pourra donc pas célébrer la liturgie au rabais : elle sera le vrai centre et sommet de toute la vie du Séminaire qui devra être structurée par elle. De plus, Benoît XVI insiste sur la formation à l’histoire de l’art, comme discipline importante, «avec une référence spéciale aux édifices du culte à la lumière des normes liturgiques». De même il demande «que les futurs prêtres, dès le temps du séminaire, soient préparés à comprendre et à célébrer la Messe en latin, ainsi qu’à utiliser des textes latins et à utiliser le chant grégorien».Je souhaite en ce sens que, «toutes choses égales d’ailleurs», on favorise, à commencer par le Séminaire, un renouveau du chant grégorien – salué par la tradition sous le titre de «bible chantée de l’Église» – non pas comme le vestige d’une époque révolue mais comme un instrument toujours valable de louange divine, de formation de l’âme chrétienne et du sens ecclésial. Cela est tout à fait compatible avec le répertoire de chant religieux populaire en langue vernaculaire – français, basque ou béarnais – et plus évolutif, à condition que celui-ci respecte les critères relatifs au chant sacré. Dans la lettre qu’il adressait récemment aux séminaristes, le pape Benoît XVI donnait des indications fort intéressantes pour leur formation liturgique : «Pour la juste célébration eucharistique, il est nécessaire aussi que nous apprenions à connaître, à comprendre et à aimer la liturgie de l’Église dans sa forme concrète. Dans la liturgie, nous prions avec les fidèles de tous les siècles – passé, présent et avenir s’unissent en un unique grand chœur de prière. Comme je puis l’affirmer à propos de mon propre chemin, c’est une chose enthousiasmante que d’apprendre à comprendre peu à peu comment tout cela a grandi, quelle expérience de foi se trouve dans la structure de la Liturgie de la Messe, combien de générations ont contribué à la former en priant !». Autrement dit, la liturgie est un organisme vivant, dont la croissance est homogène et sans rupture : aussi, pour comprendre de l’intérieur sa structure intime, on aura profit à en expérimenter les étapes de croissance. S’il est évident que la forme ordinaire du Missel Romain, tel qu’il a été promulgué par le pape Paul VI en 1969 et réédité par le pape Jean-Paul II en 2002, devra être l’expression propre de la liturgie au Séminaire, rien n’interdit de donner aux séminaristes la possibilité de faire l’expérience de la forme extraordinaire, précisément dans l’esprit d’une formation attentive au développement de la liturgie. En effet, comme Benoît XVI l’affirme avec force, selon une herméneutique de la continuité qui lui est chère : «Il n’y a pas de contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum». On comprend alors pourquoi le motu proprio Summorum Pontificum, sur la liturgie romaine antérieure à 1970, n’est pas seulement une disposition canonique pour permettre aux fidèles qui y sont légitimement attachés de pratiquer l’ancien missel, mais une invitation faite à tous à approfondir le sens et l’esprit de la liturgie. D’ailleurs le Saint-Père affirme que «les deux formes d’usage du Rite romain peuvent s’enrichir réciproquement». Et en particulier, il montre que «dans la célébration de la Messe selon le Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne l’a été souvent fait jusqu’à présent, cette sacralité qui attire de nombreuses personnes vers la forme ancienne du Rite romain». Et d’ajouter que la conformité rigoureuse avec les prescriptions liturgiques est le meilleur moyen «d’unir les communautés paroissiales» et de rendre visible «la richesse spirituelle et la profondeur théologique» du nouveau Missel. Pas de doute que la formation liturgique des futurs prêtres comme des fidèles laïcs passe, et par une connaissance exacte des normes liturgiques, replacées dans le contexte de l’histoire de la liturgie romaine, et, selon l’adage lex orandi, lex credendi, par une connaissance approfondie de la théologie de l’Eucharistie, qui n’en diminue aucun aspect fondamental. »
DE:Peris