Homélie et interventions du cardinal Castrillon Hoyos à Saint-François de Paule
Homélie lors de la messe dominicale
Mes chers frères et sœurs.
Je salue d’abord bien amicalement Mgr. Dominique Rey, évêque de Frejus-Toulon, que je tiens à remercier de son invitation à venir célébrer cette Sainte Messe dans la paroisse Saint François de Paule. Je suis heureux de pouvoir le faire et vous dis un grand merci de tout mon cœur.
1- La liturgie de ce deuxième dimanche de l´Avent nous invite à la gratitude envers Dieu, qui nous a accordé la Rédemption par sa miséricorde, à nous chrétiens venus des peuples, qui à l´origine étaient des païens, et non membres du peuple élu, comme nous le dit saint Paul dans l´Épître d’aujourd’hui. C’est cette miséricorde que Dieu ne cesse de nous offrir, - à nous, qui « n’avons aucun mérite » devant lui, mais seulement un grand besoin de son secours. Nous le reconnaissons en toute humilité non seulement au début de chaque sainte messe, mais, pendant toute notre vie. Cependant, cette humble reconnaissance ne nous conduit pas à un enfermement désespéré sur nous-mêmes, - au contraire : nous sommes bien conscients de ce besoin vital de la Miséricorde divine, mais nous savons également que le Seigneur va nous l’accorder, si nous espérons en lui.
C’est dans cet esprit que les fidèles se préparent pendant l’Avent à la célébration de la naissance du Seigneur. En effet, Jésus lui-même est ce don de la Miséricorde divine, comme le dit le Benedictus : « per viscera Misericordiae Dei nostri, in quibus visitavit nos Oriens ex alto... c’est grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, que nous a visité l’Astre d’en haut ». La naissance du Fils de Dieu qui se fait homme et vit sur cette terre : voilà la vraie visite de « l’Astre d’en haut ». Cette Miséricorde divine, depuis lors est déjà à l’œuvre dans le monde : elle fait, aujourd’hui comme hier, que « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’évangile est annoncé aux pauvres » (cf. l’évangile de cette Messe).
A nous est demandé la glorification de la Miséricorde Divine, parce que c’est elle qui nous conduit dès maintenant à la joie et à la paix dans la foi, à l’abondance de l’espérance. Glorifier Dieu, chanter ses louanges, célébrer sa gloire : c’est le devoir filial de chaque chrétien.
2. C’est en particulier le chemin de vie et l’apostolat de la Société de la Divine Miséricorde à qui cette paroisse saint François de Paule est confiée depuis un peu plus de trois ans. Les membres de cette communauté, - qui vont renouveler leur engagement après cette homélie.- ont été attirés et réunis par le désir de glorifier la Miséricorde divine. Ils le font d’abord dans leur vie fraternelle. Ils le font ensuite en la célébrant dans la liturgie, qui est toujours célébrée « ad laudem et gloriam nominis sui », La forme extraordinaire du Rite Romain, à laquelle la Société et la paroisse sont attachées, exprime admirablement cette vérité de notre foi : que notre salut vient uniquement de la Miséricorde de Dieu. qui se renouvelle chaque fois dans la réalité sacrificielle de la messe, trop oubliée aujourd’hui.
Mes chers frères : vous vous efforcez, et c’est très bien de le faire, de vivre toute la liturgie, selon le vœu du Pape Jean Paul II,( qu’il a exprimé à l’occasion du dixième anniversaire de son Motu proprio « Ecclesia Dei », le 26.octobre 1998) « dans l’esprit du concile Vatican II ». Oui, il est opportun de célébrer la forme extraordinaire du rite romain en tenant bien compte des principes énoncés dans la Constitution conciliaire « Sacrosanctum Concilium » avec « une noble simplicité » (SC 34), en favorisant une vraie participation active de tous : « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s´acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature des choses et des normes liturgiques » (SC 28). La liturgie est la prière du Christ au Père, elle sanctifie le peuple chrétien, elle est la source et le sommet de la vie de l’Eglise, elle ne saurait être ni une créativité sauvage ni un pur rubricisme.
Notre Saint-Père, par son Motu proprio Summorum pontificum invite les évêques à la générosité et au discernement vis à vis des fidèles liés aux traditions liturgiques et disciplinaires de l’Église latine. Il nous invite aussi à mieux faire connaître la forme extraordinaire dans les diocèses, les séminaires... Mais les fidèles eux-mêmes ont un rôle personnel à jouer dans le décloisonnement nécessaire de la liturgie traditionnelle. Le Pape ne souhaite pas que vous vous détachiez de la vie de votre diocèse, mais que vous y soyez bien insérés et participiez, sous l’impulsion de vos pasteurs, aux grandes activités du diocèse. La concélébration autour de votre évêque, dont les prêtres sont les premiers collaborateurs, est un des signes de communion, parmi d’autres ; le fait que vous la pratiquez à certaines occasions ne peut que réjouir le Saint Père. J’encourage vos prêtres a poursuivre dans ce véritable esprit de charité ecclésiale.
Le Saint-Père a accompagné les dispositions sur l’usage du Missel antérieur d’un appel à la communion et à l’unité. Cette communion se joue certes au niveau de l’Eglise universelle mais d’abord dans les paroisses et les diocèses. La paroisse Saint François de Paule a répondu très positivement à cet appel de notre Saint-Père et, de ce fait, contribue d’une manière exemplaire à cette insertion de la liturgie traditionnelle et de ses fidèles à la vie normale de votre diocèse de Fréjus-Toulon. En effet la liturgie ne glorifie pas la Miséricorde Divine si elle n’est pas célébrée dans la véritable unité ecclésiale. Seulement alors la liturgie est pleinement prière du Christ au Père à laquelle nous pouvons joindre toute notre personne ; seulement alors elle fait voir les aveugles, marcher les boiteux et entendre les sourds.
3. Enfin, la liturgie, comme vous le savez, n’est pas tout. Notre monde blessé par les structures de péché a besoin de l’annonce de la Miséricorde Divine , comme ultime rempart à la progression du mal (Jean-Paul II, Mémoire et identité). Il faut donc des pasteurs qui soient des témoins de la Miséricorde Divine. C’est cela exactement le projet des prêtres de la Société de la Divine Miséricorde. Nourris par l’adoration eucharistique quotidienne, ils travaillent à répandre la dévotion au Cœur Miséricordieux, véritable spiritualité pour le troisième millénaire. Ils s’efforcent également à donner à la liturgie qu’ils célèbrent ici, une dimension missionnaire en faveur de tous ceux qui cherchent Dieu. Ainsi toute cette paroisse confiée à cette Société missionnaire œuvre pour la nouvelle évangélisation, en faisant du « porte à porte »,des missions de rues et les processions publiques comme celle qui aura lieu à l’issue de cette Messe. Elle sera pour tous les habitants de ce quartier, sans exception, le signe de la volonté de leur annoncer le Christ Miséricordieux. La mission est le dernier des signes que, dans l’évangile de ce jour, Jésus donne aux envoyés de Jean-Baptiste : « l’évangile est annoncé aux pauvres ».
4. A l’issue de la Messe, la paroisse renouvellera sa consécration au Cœur immaculée de Marie. Marie est l’autre figure, avec Jean-Baptiste, qui nous accompagne pendant l’Avent pour nous préparer à Noël. Elle est la Mère de la Miséricorde, Mater Misericordiae. C’est à elle que nous confions notre vie, nos familles, et tout particulièrement les Missionnaires de la Divine Miséricorde qui vont maintenant renouveler leur engagement. Qu’elle nous aide chaque jour à préparer la venue du Fils Unique de Dieu dans nos cœurs.
Amen.
Le sens de cette visite
A l’invitation de Mgr Dominique Rey, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei en charge des questions sur la forme extraordinaire du rit romain, et ancien préfet de la congrégation pour le clergé est venu visiter la paroisse personnelle Saint-François de Paule.
Il voulait, par cette visite, se rendre compte de la vie d’une paroisse attachée à la forme extraordinaire du rite et l’encourager dans sa participation à la vie du diocèse. Bien que souffrant quelques jours auparavant, il a tenu à faire ce voyage. Qu’il en soit chaleureusement remercié.
Au cours du sermon qu’il a prononcé (voir plus bas), il s’est réjoui de la vitalité de la paroisse et l’a encouragée à poursuivre son activité missionnaire. Il a aussi insisté sur la nécessité de vivre dans l’unité et la communion avec l’ensemble du diocèse, tant par la concélébration des prêtres autour de l’évêque pour les grandes célébrations diocésaines que par l’implication des fidèles dans les différents services de l’Eglise.
Les moments forts de cette visite
Arrivé seul le samedi 6 décembre à l’aéroport de Nice, le cardinal a été accueilli par l’abbé Jean-Raphaël Dubrule, avant de se rendre directement dans une propriété prêtée par des amis de Mgr Dominique Rey au Cap Brun.
C’est là que toute la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine l’a accueilli et a pris le diner avec lui, en présence de Mgr Rey. Le cardinal a ainsi pu faire connaissance avec la jeune communauté, fondée par l’abbé Fabrice Loiseau en 2005, et qui compte pour l’instant douze membres.
Le dimanche 7 décembre, le cardinal a célébré la messe pontificale, entouré de prêtres de différentes communautés : l’abbé Fabrice Loiseau et l’abbé Jean-Raphaël Dubrule, curé et vicaire de la paroisse Saint-François de Paule, l’abbé François Cadiet, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre, l’abbé François Clément, du diocèse de Lausanne en Suisse et le père Puybaraud, de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier. Mgr Rey était évidemment aussi présent, ainsi que le R.P. Louis-Marie, père abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux et l’abbé Jean-Pierre Gac, modérateur de la Fraternité Saint-Thomas Beckett.
Après l’homélie du cardinal, quatre membres de la Société des Missionnaires de la Miséricorde Divine ont prononcé devant Mgr Rey, leur ordinaire, un engagement d’un an, puis chacun des membres a renouvelé sa consécration à Jésus Miséricordieux.
A l’issue de la messe, le cardinal a cédé sa place à Mgr Rey pour présider la procession. Anticipant d’un jour la fête de l’Immaculée Conception, toute la paroisse a renouvelé sa consécration au Coeur Immaculé de Marie. Lors de la procession sur le port et dans les rues de Toulon, ce sont les Pénitents Noirs (de la Miséricorde) qui ont porté la statue de la Vierge.
A l’issue de la procession, Mgr Rey a solennellement accueilli les Europascouts dans son diocèse de Fréjus-Toulon, premier pas vers une reconnaissance canonique de ce mouvement scout. Le cardinal, lui-même ancien scout comme il l’a confié aux fidèles réunis, a prononcé un mot d’encouragement à l’issue de cette cérémonie d’accueil.
La journée s’est finie par un repas paroissial sur le port, au cours duquel différents représentants de la paroisse ont témoigné de leurs activités : préparation au sacrement de mariage, porte-à-porte, confrérie des Pénitents Noirs en lien avec la paroisse de la cathédrale, groupes Domus Christiani pour les familles, cours pour étudiants. Le cardinal a apprécié en disant qu’il a découvert davantage que ce qu’il espérait, et a été marqué par la jeunesse de la communauté chrétienne qu’il a rencontrée.
Toute la paroisse est consciente de la grande grâce que représente cette visite. Grâce au soutien de chaque membre de la communauté paroissiale, cette journée a été une réussite, dont les fruits se feront sûrement sentir pendant longtemps.
Merci à Mathilde Henry qui a la pris la grande majorité de ces photos.