Vers la Chapelle.
Homélie de Son Eminence.
Consécration et Elévation.
Communion des enfants de chœur venus de Montpellier.
Dernière monition aux ordonnés.
Prières après la Messe.
à l'occasion de l'Ordination diaconale à Gricigliano, le 21 mars 2009.
Loué soit Dieu pour la joie qu'il nous donne aujourd'hui de célébrer la naissance au ciel de Saint Benoît et l'ordination diaconale de ces jeunes. Les deux événements s'entrecroisent admirablement et s'éclairent mutuellement dans le Christ, source et origine de toute sanctification et de tout ministère dans l'Église.
Paix et bénédiction du Seigneur sur tous les présents : prêtres, religieux, religieuses, laïcs. J'adresse un salut cordial et fraternel aux ordinands, à leurs familles, aux Supérieurs de 1'Institutum Christi Regis Summi Sacerdotis et aux membres des communautés.
En ce jour, ce seront Jésus Christ, Seigneur et Serviteur par amour, et l'exemple lumineux de Benoît de Nursie, qui élargiront votre cœur pour que vous puissiez être dans l'Église des diacres, icône vivante du Christ, le serviteur du Père, donnés sans réserve et sans condition, car la mesure d'aimer est d'aimer sans mesure.
Émerveillés des grandes et belles choses que le Seigneur fait pour nous, dans un climat de joie et de gratitude, reconnaissons que l'Esprit Saint est le vrai animateur de cette célébration. Il infuse de nouveau ses dons : il le fera tout spécialement pour vous, frères, qui recevrez l'ordination diaconale. Dans quelques instants nous prierons ainsi : Emitte in eos, quaesumus, Domine, Spiritum sanctum, afin que par sa grâce il donne force à votre ministère.
Avec la grâce de l'Esprit Saint, conférée par l'imposition des mains et la prière consécratoire, le diacre est conformé au Christ, participe à sa vie et à sa mission : comme lui, Seigneur et Maître, qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir, le diacre devient serviteur par amour, au service de l'Église et des frères. La diaconia, écrit Benoît XVI dans sa première encyclique, Deus Caritas est, est « le service de l'amour du prochain exercé d'une manière communautaire et ordonnée ».1
Chers ordinands, après les paroles de l'ordination, vous aurez un titre de plus pour servir : cette nouvelle conformation sacramentelle au Christ vous rend capables d'exercer la diaconia pour le bien de l'humanité : service qui sera configuré à un titre nouveau lors de votre ordination sacerdotale et qui continuera, avec la grâce de Dieu et le concours de votre réponse généreuse, jusqu'à ce que le Seigneur vous appelle à Sa Présence. Le Catéchisme de l'Église catholique exprime ainsi le service que vous vous préparez à assumer « Les diacres participent d'une façon spéciale à la mission et à la grâce du Christ. Le sacrement de l'Ordre les marque d'une empreinte ("caractère") que nul ne peut faire disparaître et qui les configure au Christ qui s'est fait le "diacre", c'est-à-dire le serviteur de tous ».2
Comme le rappelle Saint Jean Chrysostome, « rien ne peut te faire imiter le Christ autant que la sollicitude pour les autres. Même si tu pratiques le jeûne, si tu dors par terre, et, pour ainsi dire, tu te tues, si tu ne prends pas soin du prochain, tu as fait peu, tu es encore très loin de Son image ».3
Aujourd'hui vous seront imposées les mains non pour le sacerdoce, mais pour le service. Vous aurez la tâche « d'assister l'évêque et les prêtres dans la célébration des divins mystères, surtout de l'Eucharistie, de la distribuer, d'assister au mariage et de le bénir, de proclamer l'Évangile et de prêcher, de présider aux funérailles et de se consacrer aux divers services de la charité ».4
Votre tâche, dans les limites de votre condition, s'insère dans une mission grandiose : celle de Dieu lui-même qui renouvelle le cœur de l'homme et l'histoire de l'humanité par le don continu de son amour. Cet amour a un visage et un cœur d'homme, Jésus Christ, crucifié et ressuscité. C'est de lui que tous, consciemment ou non, ont faim et soif.
Vous êtes invités à persévérer et à grandir dans l'amour et l'adhésion de foi à Jésus, vivant dans l’Église. Le sacrement de l'Ordre offre et requiert une intimité spéciale d'amour et de vie avec le Christ, une sequela radicale et un partage total de ses sentiments et de son comportement. C'est en cultivant la prière, personnellement -et en particulier la prière officielle de l'Église, la Liturgie des Heures-, que vous pourrez garder et approfondir l'amitié avec le Seigneur Jésus. Ainsi vous serez vous-mêmes les premiers bénéficiaires de la joie qui jaillit de l'espérance vivante et vous serez capables de la communiquer aux autres par la parole et le témoignage de votre vie. Que votre prière soit une expérience profonde, prolongée, marquante de votre vie, parce qu'à ces moments passés devant le Saint Sacrement en dialogue avec le Seigneur est confié le lien d'amour qui vous unit à lui, ce sont ces moments qui prolongent la rencontre de l'Eucharistie, qui amplifient l'écoute et le service de la Parole, et qui apportent soutien, lumière et efficacité à toute votre vie et à votre service aux pauvres.
Déjà avec le sous-diaconat vous avez fait le choix du célibat et de la virginité pour toute la vie. Il ne s'agit pas simplement d'une renonciation : à une épouse, à des enfants selon la chair, à une famille propre, à la réalisation de soi. Bien au contraire : c'est l'appel à un amour plus grand, à entrer dans la vie même de Dieu, amour infini qui ne s'enferme pas en soi-même, mais s'ouvre au don, se fait service, communication, partage.
Soyez les serviteurs de l'Eucharistie, qui rompent le pain -le corps du Christ- pour assouvir la faim des frères, pour ramener à l'unité les fils dispersés, pour appeler ceux qui sont loin à se rapprocher, pour redonner la vie, le pardon et l'espoir à ceux qui l'ont perdu.
Soyez les serviteurs de la Parole, car le diacre offre le Pain de la Parole de Dieu par l'annonce aux frères, l'interprétant par sa vie pour qu'elle devienne viatique sur le chemin de l'existence. Vous serez serviteurs de la Parole si vous laissez la Parole changer votre vie et la rendre conforme à l'Évangile.
Soyez les serviteurs du Seigneur comme Jésus, en mettant votre vie à la disposition de Dieu et des frères, en vous offrant tous les jours totalement à lui, en contemplant le monde et l'histoire avec le regard de Dieu et en collaborant avec lui au salut du monde.
Soyez les serviteurs des pauvres. Servir le Christ signifie prendre en charge les personnes avec leurs problèmes, partager leur sort, être solidaires avec elles. Il y aura toujours des pauvres, et il faut les aimer et les servir au nom du Christ. Les pauvres sont ceux qui manquent du nécessaire pour vivre, c'est à dire la nourriture, le vêtement, la maison, le travail, mais aussi le soutien d'une parole fraternelle, d'un conseil sage, d'une présence amie. Les pauvres sont ceux qui portent seuls le poids d'une grande souffrance, qui subissent des injustices et ne peuvent se défendre ; les pauvres sont aussi ceux qui ne réussissent pas à se libérer de leurs peurs, ceux qui sont esclaves de leurs passions, ceux qui sont dans l'impasse, ceux qui ne peuvent croire en la miséricorde de Dieu, ceux qui n'ont jamais entendu la Parole qui sauve.
De même qu'à la fin de l'antiquité Saint Benoît et ses moines ont su sefaire les constructeurs et les gardiens de la civilisation, je vous invite à redécouvrir dans le monde d'aujourd'hui le besoin urgent du soli Deo placere desiderans.5 C'est le vœu que je forme pour vous, vœu qui se fait prière par l'intercession de saint Benoît et de la Vierge Marie, Reine des Apôtres. Amen
1 BENOIT XVI, Deus Caritas est, n°21.
2 Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°1570.
3 S. JEAN CHRYSOSTOME, Homélie sur la première épître aux Corinthiens, PG 61, 283.
4 Cf. Catéchisme de l'Eglise Catholique, n°1570.
5 S. GREGOIRE LE GRAND, Lib. Dial., II, Prol. , PL 66,126.
fonte:ICRSP