terça-feira, 7 de junho de 2011

La "réforme de la réforme" est déjà en marche Entretien Mgr Nicolas Bux

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Source :La Nef N°227 DE JUIN 2011
La Nef – Pourquoi Rome a-t-elle publié Universae Ecclesiae ?
Mgr Nicola Bux – Il s’agit d’une Instruction d’application du motu proprio Summorum Pontificum que le Saint-Père Benoît XVI a donné mandat à la Commission Pontificale Ecclesia Dei de promulguer, et, encore plus, à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le document réaffirme que la Liturgie romaine se compose de deux formes, ordinaire et extraordinaire, toutes deux expression de la même lex orandi de l’Église. L’article 6, en particulier, soutient : « en raison de son usage vénérable et antique, la forme extraordinaire doit être conservée avec l’honneur voulu ». Par conséquent, il n’y a aucune contradiction entre le Missel dit de saint Pie V, et celui promulgué par Paul VI. C’est une richesse qui est mise à la disposition de tous les fidèles de l’Église universelle, et non seulement de quelques groupes. L’Instruction confère en outre à la Commission Ecclesia Dei le pouvoir vicarial pour les recours, les décrets et l’édition des livres liturgiques. L’art. 14 invite les Ordinaires, c’est-à-dire les Évêques et les supérieurs religieux, à garantir le respect de la forme extraordinaire afin que le plus grand nombre de fidèles puisse en jouir, et en même temps à favoriser la réconciliation au sein de l’Église. En cas de contentieux entre l’Évêque et les fidèles, on doit s’adresser à cette même Commission. De fait, c’est un droit des fidèles de pouvoir participer au Rite romain antique. Il n’y a pas de limite de nombre. Quant aux prêtres, on requiert leur idonéité pour prononcer correctement le latin, pour en comprendre la signification, mais il n’est pas nécessaire qu’ils soient experts en latin liturgique. En définitive, l’intention du Saint-Père de rendre possible à tous les catholiques de puiser à la richesse de la Liturgie romaine, tant de la Messe que des Sacrements et du bréviaire, est à nouveau réaffirmée et relancée pour l’Église universelle.

Que retenez-vous de marquant dans cette Instruction ?
L’art. 21 qui invite les prêtres et les évêques à se préparer et à se mettre à jour par rapport à la forme extraordinaire, tout comme il invite les séminaristes à se préparer à la comprendre et à la célébrer, comme cela avait déjà été souhaité au n° 62 de l’exhortation apostolique de 2005 postérieure au synode sur l’Eucharistie.

Cette Instruction redonne-t-elle la responsabilité de l’application du motu proprio aux évêques et que dit-elle sur l’évolution de la forme extraordinaire ?
Les évêques doivent s’en tenir à la mens [esprit] du Saint-Père, et favoriser la mise en pratique de cette Instruction, en traitant avec égalité tous les fidèles qui participent à la Messe dans l’une et dans l’autre forme. Par conséquent leur responsabilité pastorale est entièrement dépendante de l’obéissance envers le pape, comme c’est le cas pour tout évêque catholique. On ne doit pas oublier aussi le souhait de « l’enrichissement mutuel » entre les deux formes : cette chose n’est cependant pas confiée à l’initiative de chaque prêtre ou évêque, mais sera réglée par le Saint-Siège, quand celui-ci en jugera. Il y faudra du temps.

Croyez-vous possible une « réforme de la réforme » et, à terme, à une réunification du rite romain ?
Si on regarde les célébrations pontificales à Rome et partout où le Saint-Père se rend en visite, avec l’attention portée à la croix placée au centre de l’autel, à la communion à genoux et dans la bouche, au silence sacré, on comprend qu’est déjà en acte la « réforme de la réforme » liturgique, souhaitée par lui du temps qu’il était cardinal. Personnellement j’estime que le renouvellement liturgique doit être opéré continuellement à chaque génération, mais d’une manière organique par rapport à la Tradition. Voilà la contribution qu’entend fournir l’Instruction Universæ Ecclesiæ, en
encourageant la célébration extraordinaire. Cela pourrait porter, en temps opportun, s’il plaît à Dieu, à une seule forme du Rite romain, comme le cardinal Ratzinger lui-même y aspirait. Toutefois, si on regarde les Orientaux, qui ont plusieurs formes de célébrations à l’intérieur du même rite, je dirais que cela ne constitue pas une urgence. Ne disons-nous pas que l’unité est multiforme ?

Vous étiez au colloque à Rome sur Summorum Pontificum (1) : qu’en retenez-vous ?
Le troisième colloque sur le motu proprio, tenu du 13 au 15 mai à l’Université pontificale Saint-Thomas, a connu une participation imposante, avec des interventions magistrales de cardinaux et évêques, en particulier Cañizares et Koch, comme de l’évêque de Bayonne, Mgr Aillet. Il faut souligner que la Liturgie antique de l’Église constitue la manière la plus authentique pour faire de l’œcuménisme avec les chrétiens orthodoxes en particulier. Il suffit de regarder en synopse la Messe dans le rite byzantin et celle dans le Rite romain ancien. Cela se voyait clairement à Saint-Pierre, où l’espace entre l’autel de la Chaire et celui de la Confession était rempli de fidèles, qui assistaient dévotement à la Sainte Liturgie, enveloppée dans un silence mystique que les chants grégoriens et l’orgue rendaient encore plus prégnants.

Vous venez de publier un nouveau livre sur la messe (2) : dans quel but ?
Mon récent livre prend occasion des « déformations à la limite du supportable » de la Liturgie que certains prêtres et groupes accomplissent, afin d’expliquer ce que l’on ne doit pas faire dans la Messe, et ce qu’on doit y faire afin qu’elle rende gloire à Dieu et sauve l’homme. Le livre a comme but fondamental de promouvoir la redécouverte du droit divin dans la Liturgie – c’est pour cela qu’elle est Sacrée – et de soutenir le nouveau mouvement liturgique.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
et traduit de l’italien par un moine du Barroux

(1) Cf. la chronique de L. Mérian, p. 11.
(2) Nicola Bux, La foi au risque des liturgies, Artège, 2011, 230 pages, 18 e (cf. notre recension p. 40 de ce n°). 
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