Nous nous en sommes tenus aux faits, au concret, à ce que les fidèles voient dans leurs paroisses. Les conséquences sont les suivantes : ou bien certains se font une idée fausse de ce que veut l’Eglise actuellement, en raison des « libertés » non permises prises par les prêtres, sans que l’Autorité compétente intervienne. Ils pensent que l’Eglise, enfin, a changé, qu’elle permet maintenant le mariage des divorcés à l’église ; ou encore que la célébration des ADAP (assemblée dominicale en l’absence de prêtre), dirigée par des religieuses ou des laïcs, avec récitation de toutes les prières de la Messe, est une véritable Messe, l’Eucharistie.
Notre but était d’alerter les fidèles contre ces errements déplorables, en se référant quand c’était nécessaire à plusieurs textes du Magistère pontifical, et à certains discours et homélies prononcés par le Saint-Père lui-même, le Pape Benoît XVI.
S.E. Monseigneur l’Archevêque Piero Marini, qui a été Maître des Cérémonies de deux Papes, Jean-Paul II et Benoît XVI pendant près de 21 ans, de 1987 à 2007, n’hésite pas à parler de
Crise de la liturgie.
Mgr Piero Marini écrit en effet : «
Je suis convaincu que, s’il y a une crise aujourd’hui dans l’Eglise, c’est celle de la Liturgie. C’est celle du spirituel, c’est-à-dire à la fois de la relation avec Dieu et avec les autres » (
Cérémoniaire des Papes, Bayard, Paris 2007).
Il précise : «
Si nous n’offrons pas une Liturgie de qualité dans laquelle l’assemblée se retrouve vraiment à travers une expérience du Divin et une Parole de Dieu réellement significative, nous ratons toute la catéchèse et toute notre vie de foi. Voilà pourquoi je dis toujours que la crise de la liturgie est aujourd’hui la crise de l’Eglise » (op.cit. p151). «
C’est la liturgie qui est unie au concept d’Eglise. Mais quel est ce concept aujourd’hui ? Quel est, pour nous prêtres, notre mission première dans l’Eglise ? Quelle est notre authenticité ? Il a été dit au Concile que la liturgie était le sommet et la source de la vie de l’Eglise. Mais, est-ce vraiment ainsi qu’elle est perçue, ou bien est-elle devenue seulement, d’une certaine manière, un ritualisme pire que le précédent ?
«
Avant, au moins, les fidèles ne comprenaient pas (sic), ne voyaient pas en somme. Désormais ils peuvent tout de suite se rendre compte si le prêtre célèbre avec foi ou non. Les prêtres donnent souvent l’impression de ne pas avoir une formation suffisante, de ne pas se fier à la hiérarchie des valeurs dans leur vie. Je le répète, s’il y a aujourd’hui une crise de l’Eglise, elle dépend de la crise de la liturgie, c’est-à-dire de notre identité » (Op.cit. p. 140).
Dans cet ouvrage, qui est une autobiographie, sous forme de questions et de réponses, Mgr Piero Marini, parle notamment de son ministère au Vatican, au service de la liturgie depuis 1965. Il a travaillé à la mise en application de la réforme liturgique, et a été Maître des Cérémonies Pontificales pendant près de 21 ans au service des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI. Ce livre se lit avec une grande facilité, et permet de revivre les grands moments qu’a connus l’Eglise durant ces deux Pontificats. On découvre aussi combien la tâche de Maître des Cérémonies est complexe et délicate, et nécessite une connaissance profonde. Dans ce domaine personne ne contestera la compétence très grande de ce Maître des Cérémonies Pontificales.
« Cérémoniaire des Papes » n’est pas un récit habituel. Il se présente sous forme d’entretiens avec deux interlocuteurs : Mgr Piero Marini répond avec une grande clarté à leurs réponses, sans nier les problèmes sérieux et parfois graves qui se présentent à côté d’autres aspects. Ce qui m’a frappé en lisant cet ouvrage, c’est la convergence de vue entre ce que j’avais noté par des faits concrets, sur les problèmes graves qui se présentent dans le domaine concret de la liturgie, célébration de la sainte Messe, et administration des sacrements, et ce qu’en ditici l'Auteur, lequel, ne citant que quelques rares exemples significatifs, indique et rappelle la doctrine officielle du Magistère de l’Eglise dans ce domaine qui lui appartient en propre. Si je voulais résumer, je dirais : Mgr Marini expose ce qu’est la liturgie et stigmatise les abus qui se manifestent de ci de là. Hermas expose précisément ces abus qui ne sont malheureusement pas des exceptions, et qui tendent à se répandre rapidement, sans que l’autorité « compétente » intervienne pour y mettre un terme.
C’est en ce sens que l’on peut reprendre la phrase citée ci-dessus : « Je suis convaincu que, s’il y a une crise aujourd’hui dans l’Eglise, c’est celle de la liturgie. C’est celle du spirituel, c’est-à-dire à la fois de la relation avec Dieu et avec les autres ». C’est précisément sur ce point que Hermas voulait attirer l’attention, pour faire réfléchir les Pasteurs, les prêtres et les fidèles. Mgr Piero Marini est une autorité dans ce domaine, et sa parole n’en prend que plus de force. Il sait de quoi il parle.
Dans cette suite d’articles, nous nous efforcerons de souligner les principes essentiels qui guident les célébrations liturgiques, et les « mises en garde » du Prélat contre les abus, en citant tout d’abord la question qui lui est posée, puis tout ou partie de ses réponses à ses interlocuteurs :