quarta-feira, 14 de abril de 2010

Savons-nous participer activement à la liturgie ?



Dans l’exhortation apostolique Sacramentum Caritatis (SC), Benoît XVI a livré à l’Église une belle réflexion sur la « participation authentique » des fidèles à la liturgie qui nous invite à renouveler notre manière de vivre et de célébrer le Mystère pascal.

En quoi consiste cette authentique « participation active » à la liturgie, tant invoquée depuis que le pape saint Pie X en a forgé l’expression ? S’éloignant d’une interprétation trop répandue, Benoît XVI écarte l’idée d’une activité extérieure qui consisterait à donner à chacun quelque chose à « faire » dans la liturgie : « En réalité, la participation active souhaitée par la Concile doit être comprise en termes plus substantiels, à partir d’une plus grande conscience du mystère qui est célébré » (SC 52). Participer activement à la liturgie, c’est «  entrer toujours mieux dans les mystères qui sont célébrés  ». Entrer dans les mystères ! Le savons-nous ?


« Pénétrons dans le Mystère… »

« Hors de moi, dit Jésus, vous ne pouvez rien faire ! » Cette parole du Seigneur après la Cène nous rappelle qu’on ne peut être sauvé sans participer de l’intérieur à la vie du Christ et au mystère du salut qu’Il a célébré « une fois pour toutes » dans le Temple de son Corps lors de Sa Pâque.
Pénétrer au cœur de la « vie religieuse » du Christ, dans le sanctuaire de Son Corps et de Son Âme où Il offre éternellement à Son Père « le sacrifice qui Lui plaît et qui sauve le monde » (prière eucharistique IV), voilà l’authentique participation liturgique. Cette participation est un passage dans le mystère, au sens où saint Léon le Grand nous invite à «  pénétrer dans ce que nous avons reçu » en communiant au Mysterium fidei, en entrant dans l’« Alliance nouvelle et éternelle » scellée par Jésus en Son Corps et rendue présente par le moyen des rites.
Dès lors, la participation active ne consiste pas à multiplier les « actions » et interventions des « acteurs de la célébration » pour les sortir de l’inaction, mais en ce que toute l’Église soit mise en présence de l’Action sacrée par laquelle le Christ, « Liturge du sanctuaire véritable » (He 8, 2) opère notre salut.


Un culte éternel qui nous dépasse

Les anciens avaient, mieux que nous, l’idée qu’on obtient le salut en pénétrant dans le Saint des saints de la Divinité. Ainsi s’exprime par exemple l’épître aux Hébreux : « Le Christ, grand prêtre des biens à venir, traversant le tabernacle plus grand et plus parfait qui n’est pas fait de main d’homme, est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de taureaux, mais avec Son propre sang, nous ayant acquis la rédemption éternelle ».
La liturgie que nous célébrons est la participation terrestre à ce culte que le Christ rend éternellement à Son Père, « sur l’autel céleste » de Son Corps ressuscité dans le sanctuaire des Cieux, afin de lui offrir la parfaite adoration, par laquelle nous sommes « remplis de sa grâce et de sa bénédiction » (Canon romain, prière eucharistique I). Le Concile Vatican II ne dit pas autre chose : « Dans la liturgie terrestre nous participons par un avant-goût à cette liturgie céleste qui se célèbre dans la Cité sainte de Jérusalem (…), là où le Christ siège à la droite de Dieu, comme ministre du sanctuaire et du vrai tabernacle » (Constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium, n. 8).


Participer : une activité théologale

Dès lors, participer à la liturgie, c’est se trouver en présence du mystère caché de Dieu, après avoir pénétré dans un sanctuaire invisible et éternel jusqu’au Christ glorieux. Cette aventure mystique emprunte un chemin balisé par des paroles sacrées, des lieux, des signes et des rites, qu’on ne peut appréhender que dans la foi : voilà pourquoi le langage de la liturgie ne peut être saisi que par les baptisés animés d’une foi vive.
Ainsi, participer activement à la liturgie commence par un acte primordial : l’acte de foi vivifié par la charité qui nous unit au Christ et nous fait communier à Sa liturgie. En sorte que la participation à la liturgie est avant tout affaire de vie théologale. Cependant, un tel agir théologal ne doit pas se limiter à la contemplation quiète et passive du mystère. C’est en effet dans l’homme et dans l’assemblée liturgique qu’est produit cet agir. Il doit donc se manifester par des actions extérieures : chant, silence, gestes corporels : agenouillements, processions, station debout…


« Une présence soutenue par une intention »

Si l’acte de foi, posé dès le signe de croix initial, nous met en face du mystère rendu présent, il faut encore nous y engager de tout notre être, nous assimiler tout entier à l’offrande et à la prière du Christ, afin d’en recueillir les fruits. Participer à la liturgie requiert que toute notre intention s’engage dans le culte du Seigneur à travers l’intelligence, la volonté, et le corps. Ainsi Dom Capelle, grande figure du Mouvement liturgique, définissait justement la participation comme « une présence soutenue par une intention ». L’Église nous invite en ce sens à une participation « consciente, pieuse et active à l’action sacrée », trois adjectifs dans lesquels on peut reconnaître la participation de l’intelligence, du cœur, et du corps.
Et le pape Benoît XVI de conclure en redisant « les conditions personnelles dans lesquelles doit se trouver tout fidèle pour une participation fructueuse » : un esprit de constante conversion soutenu par la confession sacramentelle, le recueillement et le silence, le jeûne et l’esprit missionnaire (SC 55).
En participant à la liturgie, peut-être n’aurons-nous pas tout cela présent à l’esprit. Qu’il nous suffise de savoir qu’en suivant attentivement ces rites, avec foi et charité, nous serons conduits par eux au cœur du Mystère, jusqu’au Christ qui nous associera au culte nouveau : à Sa mort rédemptrice et à Sa glorieuse résurrection.


Don Thomas Diradourian, vicaire à Saint-Raphaël

fonte:http://www.communautesaintmartin.org/