sexta-feira, 19 de novembro de 2010

LE CARDINAL RANJITH ET MGR SCHNEIDER, "MEILLEURS ÉLÈVES" DE BENOÎT XVI

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lettre 257 - 18 novembre 2010

« Les « meilleurs élèves de Ratzinger » se trouvent au Sri Lanka et au Kazakhstan » : Ce n'est pas nous qui le disons, mais le journaliste Sandro Magister, vaticaniste pour l'hebdomadaire transalpin L'Espresso, un des meilleurs spécialistes, sinon le meilleur, de ce qui se passe au Vatican : Mgr Ranjith, archevêque de Colombo, cardinal en fin de semaine, et Mgr Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, sont les meilleurs élèves du Saint Père ! L'un comme l'autre "suivent l'exemple du pape en matière de liturgie bien plus et bien mieux que
beaucoup de leurs collègues italiens et européens". Selon Sandro Magister, un test est infaillible pour juger de la fidélité des prélats au Souverain Pontife : leur manière de distribuer la communion...



I - LE DOCUMENT

(source : http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1345143)

ROME, le 14 octobre 2010 – (...) Dans son diocèse, Mgr Ranjith a décrété une année spécialement dédiée à l'Eucharistie. Pour la préparer, il a réuni tous ses prêtres à Colombo pour trois journées d’études bien remplies, à l'occasion desquelles il a fait venir de Rome deux orateurs d'exception : le cardinal Antonio Cañizares Llovera, préfet de la Congrégation pour le Culte divin, et le père Uwe Michael Lang, membre de la même congrégation et Consulteur du bureau des célébrations liturgiques du Souverain Pontife.

Lang, Allemand de naissance et oratorien, a grandi en Grande-Bretagne à l’école du grand Henry Newman, béatifié par Benoît XVI à Birmingham le 19 septembre dernier. Il est l’auteur d'un des livres qui ont provoqué le plus de discussions, ces dernières années, dans le domaine de la liturgie : "Se tourner vers le Seigneur" (Ad Solem, 2006, NdT), dans lequel il soutient que la bonne orientation pour la prière liturgique est vers le Christ, aussi bien pour les prêtres que pour les fidèles. Le livre est introduit par une préface de Joseph Ratzinger, écrite peu avant qu’il soit élu pape.

L'archevêque Ranjith qui, avant de retourner au Sri Lanka, était secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin, a été, et demeure, un ardent partisan et propagandiste de la thèse soutenue par le livre de Lang, ainsi qu’un homme de confiance de Benoît XVI. Il en est de même pour le cardinal Cañizares, que l’on appelle dans son pays - pas par hasard - "le Ratzinger espagnol" et que le pape a appelé à Rome pour servir de guide à l’Église en matière de liturgie, objectif central de ce pontificat.

Ce n’est pas tout. Pour nourrir davantage la réflexion de ses prêtres durant ces trois journées d’études, Mgr Ranjith a fait venir d’Allemagne un écrivain catholique de premier plan, Martin Mosebach, auteur lui aussi d’un livre qui a beaucoup fait parler : "La Liturgie et son Ennemie. Hérésie de l’informe" (Hora Decima, 2005). Et il lui a demandé de parler justement des embardées de l’Église dans le domaine liturgique.

Le but ultime de tout cela ? Mgr Ranjith l’a expliqué dans une lettre pastorale à son diocèse : raviver la foi en la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie et apprendre à exprimer cette foi par des signes liturgiques adéquats.

Par exemple en célébrant la messe "tournés vers le Seigneur", en recevant la communion dans la bouche et non dans la main, et en s'agenouillant. Donc en recourant à ces gestes qui sont des caractères distinctifs des messes célébrées par le pape Ratzinger.

Ce qui frappe, dans cette information comme dans d’autres du même genre, c’est que l'action de Benoît XVI pour revitaliser la liturgie et la rendre plus digne semble mieux comprise et appliquée à la "périphérie" de l’Église qu’en son centre de gravité européen.

Ce n’est pas un secret, par exemple, que le chant grégorien est aujourd’hui plus vivant et plus répandu dans certains pays d'Afrique et d’Asie qu’en Europe.

D'ailleurs, parmi les consignes données par Mgr Ranjith pour l'année eucharistique organisée dans le diocèse de Colombo, figure aussi celle d’apprendre aux fidèles à chanter en latin, pendant la messe, le Gloria, le Credo, le Sanctus et l'Agnus Dei.

De même, la décision de Benoît XVI de libéraliser l'usage de l’ancien missel à côté du nouveau – pour un enrichissement réciproque des deux formes de célébration – paraît mieux comprise et mieux appliquée en Afrique et en Asie que dans certaines régions d'Europe.

Cela se voit aussi dans la manière dont la communion est donnée aux fidèles : dans la main ou dans la bouche, debout ou à genoux.

L'exemple donné par Benoît XVI dans toutes ses messes depuis la Fête-Dieu 2008 – dans la bouche et à genoux – est très peu suivi en Europe, en Italie et à Rome même, où l’on continue presque partout à donner la communion dans la main à tous ceux qui s’approchent pour communier, bien que les règles liturgiques ne le permettent que dans des cas exceptionnels.

À Palerme, où le pape s’est rendu le 3 octobre dernier, certains prêtres locaux ont refusé de recevoir la communion de ses mains, afin de ne pas se soumettre à une façon de faire qu’ils n’approuvent pas.

Par ailleurs des gens disent que, aux messes célébrées par le pape, on s’agenouille parce que l’on est devant lui et pas pour adorer Jésus dans le Très Saint Sacrement. Ce bruit se répand quoique, depuis quelque temps, les cardinaux et les évêques qui célèbrent la messe sur mandat pontifical donnent eux aussi la communion dans la bouche aux fidèles agenouillés. (...)

Sur ce point aussi, pour trouver les paroisses, les diocèses, les prêtres et les évêques qui agissent et enseignent en pleine harmonie avec Benoît XVI, il est plus facile de chercher à la "périphérie" de l’Église : par exemple dans le lointain Kazakhstan, en Asie centrale ex-soviétique.

Là, dans le diocèse de Karaganda, les fidèles reçoivent tous la communion dans la bouche et à genoux. Là, il y a un jeune évêque, l'auxiliaire de Karaganda, Mgr Athanasius Schneider, qui a écrit à ce sujet un petit livre lumineux, intitulé : "Dominus Est - Pour comprendre le rite de communion pratiqué par Benoît XVI" (Tempora, 2008).

Ce livre comprend deux parties. La première raconte la vie héroïque de ces femmes catholiques qui, à l’époque de la domination communiste, portaient en secret la communion aux fidèles, défiant ainsi les interdictions. Et la seconde explique la foi qui était à l'origine de
cet héroïsme : une foi si forte en la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie que l’on offrait sa vie pour elle.

Et c’est à partir de là que l’évêque Schneider revisite les Pères de l’Église et l’histoire de la liturgie en occident et en orient, mettant en lumière la naissance et la consolidation de la manière pieuse de recevoir la communion à genoux et dans la bouche.

Quand Benoît XVI a lu le manuscrit de Mgr Schneider, en 2008, il a tout de suite ordonné aux éditions du Vatican (Libreria Editrice Vaticana) de le publier. Ce qui a été fait. La préface est signée par l'archevêque de Colombo, Mgr Ranjith...


II - LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

a) Mgr Ranjith et Mgr Schneider ne sont pas des inconnus pour nos lecteurs. Nous avons consacré nos lettres n°158 et n°218 au premier, que nous citons par ailleurs souvent, et le second vient de nous accorder un long entretien qui a fait le tour du monde, des Philippines à l'Italie et du Brésil au Danemark. Les voir qualifiés de "meilleurs élèves" du Saint Père par un journaliste romain ne nous surprend donc pas et nous rassure, si nécessaire, sur les choix de notre ligne éditoriale. On ne peut que souhaiter que leur action soit aussi saluée et relayée par le reste de la presse religieuse française...


b) Mgr Ranjith sera créé cardinal ce samedi 20 novembre par Benoît XVI
lors du consistoire. C'est un signe fort adressé par le Saint Père, notamment aux prélats d'Europe. Très impliqué dans la réforme de la réforme et la correction des abus liturgiques postconciliaires lorsqu'il était Secrétaire de la Congrégation du Culte divin (le 2ème personnage du « ministère de la liturgie » du Pape), Mgr Ranjith ne s'était pas fait que des amis lors de son expérience romaine, notamment parmi l'épiscopat européen - dont Sandro Magister note bien qu'il semble comprendre plus difficilement que les épiscopats "périphériques" l'action du Saint Père... Certains pensaient même (à tort) que sa nomination à Colombo était un gage donné par Benoît XVI face à ses détracteurs. En fait, le nouveau cardinal Ranjith fait moralement partie de la « garde rapprochée » du Pape. La présence de Mgr Ranjith parmi les futurs cardinaux prouve au minimum que le pape compte sur l'archevêque de Colombo pour soutenir et, demain, poursuivre, son œuvre de renouveau liturgique et spirituel.


c) Dans son article, Sandro Magister cite aussi le cardinal Cañizares et le père Michael Lang, autres figures sacerdotales dévouées à l'illustration et à la promotion de l'action du Saint Père. On pourrait ajouter, fort heureusement, de nombreux autres noms de prêtres, évêques et cardinaux "en phase" avec Benoît XVI : du cardinal de Bologne, Mgr Caffarra, à Mgr Guimarães (évêque de Garanhuns, Brésil), en passant par Mgr Rey (évêque de Fréjus-Toulon), pour ne citer que quelques-uns de ceux dont nous avons déjà parlé dans nos lettres. Si le vaticaniste s'est concentré sur les exemples de Mgr Ranjith et de Mgr Schneider, c'est sans doute parce que son article semble directement adressé à la hiérarchie ecclésiastique européenne en général et italienne en particulier. Une manière de rappeler à ces Excellences qu'elles ne sont pas toute l'Église et que toute l'Église n'est pas aussi figée et réticente à la réforme de la réforme qu'elles le sont.

DE:http://www.paixliturgique.fr/