segunda-feira, 9 de maio de 2011

Le Cardinal Raymond Leo Burke est préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique.Il nous parle ici du pontificat et de la question liturgique.

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Benoît XVI, l'amour du Bon Pasteur

Mgr Raymond Leo Burke

Source :La Nef N°226 DE MAI 2011
Le Cardinal Raymond Leo Burke est préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique. Très proche de Benoît XVI, il présidera les 28 et 29 mai un pèlerinage de l’Institut du Christ Roi à Lourdes en ce mois de Marie. Il nous parle ici du pontificat et de la question liturgique.

La Nef – Après plus de trois années, quel bilan tirez-vous de l’application du motu proprio Summorum Pontificum ?
Cardinal Burke – Dans sa mise en application, j’ai constaté un intérêt et une appréciation toujours plus grands pour la forme extraordinaire du rite romain chez les fidèles en général et chez les jeunes catholiques en particulier. D’excellentes initiatives ont eu lieu pour promouvoir la connaissance du Motu proprio et son but, prévu par notre Saint-Père lorsqu’il l’a promulgué. Je songe à plusieurs discours personnels ainsi qu’à des congrès sur la sainte liturgie, qui ont accordé une attention particulière à la forme extraordinaire du rite romain et à son rapport à la forme ordinaire. D’ailleurs, plusieurs livres et articles ont été publiés, qui se sont donné pour but une étude approfondie du Motu proprio.
Il est évident que l’application de Summorum Pontificum n’a pas été faite de façon uniforme dans l’Église universelle. Dans certains endroits, son application a même rencontré des résistances de la part de ceux qui prétendent ne pas bien comprendre ses buts ou qui soutiennent que le Motu proprio ne peut pas être appliqué avant la publication de l’Instruction concernant la mise en application de celui-ci. J’espère que l’Instruction sera publiée prochainement, afin que le Motu proprio puisse être appliqué de façon plus universelle et plus uniforme, selon la profonde sollicitude pastorale de notre Saint-Père pour la sainte liturgie. À ceux qui clament ne pas comprendre les intentions de Summorum Pontificum, je suggère de relire la Lettre aux Évêques, écrite par notre Saint-Père lors de sa promulgation, ainsi que les nombreux écrits du Saint-Père sur la sainte liturgie, publiés avant et après son élection au Siège de Pierre. Je pense, par exemple, à son chef-d’œuvre : L’Esprit de la Liturgie (Ad Solem, 2001).
En ce qui me concerne, la mise en œuvre du Motu proprio m’a permis de faire grandir et d’approfondir grandement la connaissance et l’amour de la sainte liturgie, expression la plus haute de la foi et de la vie de l’Église. Relisant la lettre apostolique elle-même et la Lettre aux Évêques du pape l’accompagnant, je vois comment le Saint-Père a été inspiré en donnant cette nouvelle discipline liturgique à l’Église universelle. J’ai été moi-même témoin personnel des bons fruits de cette nouvelle discipline.
Quant à l’avenir, je suis convaincu que l’application fidèle de Summorum Pontificum contribuera au renouveau véritable de la sainte liturgie. Tel a été le désir des Pères du Concile Vatican II, mais celui-ci a été plus ou moins trahi par la façon dont son enseignement a été mis en œuvre après sa clôture. Le cardinal Joseph Ratzinger, à l’époque, avait préconisé à plusieurs reprises une « réforme de la réforme », afin de permettre la correction plénière des interprétations floues et erronées de l’enseignement conciliaire sur la sainte liturgie et la réception de l’authentique enseignement magistériel, pour la plus grande gloire de Dieu et la sanctification des fidèles.

Vous êtes considéré comme un « proche » de Benoît XVI : qu’est-ce qui caractérise selon vous son pontificat ?
Tout d’abord, je suis heureux d’être considéré comme un proche du pape Benoît XVI et me considère tel en effet, au sens où j’essaie de comprendre aussi profondément que possible sa vision pastorale pour l’Église et de suivre celle-ci fidèlement. Il y a de nombreux aspects frappants du pontificat du pape Benoît XVI. Surtout, le plus évident est la bonté remarquable du Saint-Père. Le visage même du pape irradie cette bonté,particulièrement dans ses rencontres avec les fidèles, reçus soit individuellement soit en groupe. Il nous rappelle souvent le mystère de l’amour de Dieu pour nous dans le Christ, se souvenant du passage de l’Évangile selon saint Jean, qui relate la dernière fois que Notre Seigneur célébra la fête de la Pâques, devenue celle de sa Passion, sa Mort et sa Résurrection : « [Quand] Jésus sut que l’heure était venue où il devait quitter ce monde pour aller à son Père, ayant aimé ceux qui étaient les siens dans ce monde, il les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Dans la personne du pape Benoît XVI, nous apercevons l’amour du Bon Pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis, les aimant « jusqu’au bout ».
Son enseignement de la foi, marqué par une grande profondeur et facilement accessible aux fidèles, est véritablement remarquable. Par ses homélies, ses messages lors de l’angélus dominical, ses discours lors des audiences du mercredi ainsi qu’à des groupes divers et variés, ses lettres encycliques et autres documents magistériels, le pape Benoît XVI transmet efficacement la foi catholique dans son intégralité à une culture devenue de plus en plus sécularisée, de plus en plus oublieuse de Dieu et hostile à sa loi. Il le fait avec un courage et un amour paternels. Je pense, par exemple, à la façon dont il a conquis le cœur de tant de personnes lors de sa visite pastorale au Royaume-Uni, sans en aucune manière compromettre la vérité de l’enseignement de l’Église et le défi de vivre en accord avec une telle vérité dans l’époque qui est la nôtre.
Il a accordé une priorité évidente et juste à la sainte liturgie, l’expression la plus haute et la plus parfaite de notre vie dans le Christ. Avant tout, il a montré l’exemple à tous les évêques et à tous les prêtres par sa propre manière de célébrer la sainte liturgie. Sa ré-introduction de certains usages liturgiques traditionnels, comme, par exemple, la réception de la sainte communion à genoux et sur les lèvres, a aidé les fidèles à voir plus clairement la réalité de la sainte liturgie, c’est-à-dire la rencontre du ciel et de la terre ; l’action du Christ au milieu de nous afin de nous donner sa grâce par les signes sacramentaux.
La promulgation de Summorum Pontificum était un signe éloquent du profond souci du pape Benoît XVI pour le renouveau authentique de la sainte liturgie. Son insistance sur l’interprétation de l’enseignement du Concile Vatican II à travers une herméneutique de réforme et de continuité, particulièrement en ce qui regarde la sainte liturgie, portera des fruits, j’en suis certain, pour l’enrichissement mutuel des deux formes de l’unique rite romain, et fera croître une plus grande révérence dans la célébration de la sainte liturgie, rendant plus fortes la foi et la pratique de la foi dans l’Église universelle.
En lien avec l’enseignement profond et insistant du Saint-Père sur la sainte liturgie se place son enseignement ferme sur l’éthique, la norme morale, qui doit guider toute action humaine. À plusieurs reprises, surtout lors de ses visites apostoliques, le Saint-Père a demandé une nouvelle obéissance au droit moral naturel. En symbiose avec la manière dont il a constamment souligné le rapport entre foi et raison, il enseigne, de façon extraordinairement claire et convaincante, la loi inscrite par Dieu dans chaque cœur humain et, par conséquent, connue par la raison, tandis qu’elle est enseignée, dans toute sa richesse, par la foi. De cette façon, il a été un fidèle héraut de la vérité de l’inviolable dignité de la vie humaine innocente et de l’intégrité du mariage en tant qu’union fidèle d’un seul homme et d’une seule femme, union qui est ouverte à la vie et indissoluble jusqu’à la mort d’un des époux.
Il y a de nombreux autres aspects marquants de son ministère pétrinien, son œuvre en faveur d’un rapport toujours plus proche avec les Églises Orthodoxes de l’Orient, ses efforts généreux pour assister un grand nombre d’anglicans désireux d’entrer en pleine communion avec l’Église catholique, et l’initiation d’un dialogue officiel avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X en voie de réconciliation avec l’Église catholique. Le peu de temps dont nous disposons m’oblige à me limiter à un petit nombre d’éléments.

Quel sens donnez-vous à votre présence à Lourdes pour le pèlerinage de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre ?
A la fin du mois de mai, je partirai en pèlerinage avec les membres et amis de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre afin d’honorer de façon particulière la bienheureuse Vierge Marie durant le mois que l’Église lui consacre. Lors de ce pèlerinage à Lourdes, j’aurai l’occasion, en compagnie des membres de l’Institut et de leurs amis, d’exprimer une fois de plus ma foi profonde au mystère de l’Immaculée Conception de Marie, et de sa totale appartenance au Christ et à l’œuvre de son Incarnation rédemptrice. Comme pour tout pèlerinage à Lourdes, Notre-Dame nous invitera à imiter la pureté et le désintéressement de l’amour du Christ à travers de fréquents actes de prière et de pénitence. Elle nous attirera, de façon toute particulière, au Christ, son Fils, présent – Corps, Sang, Âme et Divinité – au sacrement de la sainte Eucharistie, spécialement lors du Salut du Très Saint Sacrement.
Accompagnant l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre en pèlerinage, je prierai tout spécialement pour l’Institut et pour sa mission dans l’Église universelle, qui s’exerce, entre autres, à travers la digne célébration de la sainte liturgie et, de façon particulière, celle de la forme extraordinaire du rite romain, selon l’esprit du pape Benoît XVI. Au fil des ans, j’ai pu bien connaître l’Institut, ayant le privilège de témoigner de son développement et de sa croissance. Des chanoines de l’Institut ont effectué un ministère sacerdotal extrêmement efficace dans le diocèse de La Crosse ainsi que dans celui de Saint-Louis aux États-Unis, que j’ai eu le privilège de servir respectivement comme évêque et archevêque, de 1995 à 2004 et de 2004 à 2008. Leurs apostolats dans ces deux diocèses continuent à être une force spirituelle pour de nombreux fidèles catholiques. J’ai une profonde affection paternelle pour l’Institut et c’est donc avec grand plaisir que je me joindrai à ses membres pour ce pèlerinage, tout en invoquant l’intercession de Notre-Dame de Lourdes pour leurs intentions et, en union avec son Cœur Immaculé, j’unis mon propre cœur au Cœur Sacré de Jésus, Fils unique de Dieu et de Marie.
propos recueillis par
Christophe Geffroy

http://www.lanef.net/t_article/benoit-xvi-lamour-du-bon-pasteur-mgr-raymond-leo-burke.asp?page=2