segunda-feira, 10 de janeiro de 2011

Ven. Pie XII : Quand nous psalmodions, soyons tels que notre esprit s’accorde avec notre voix " (S. Benoît, Regula Monachorum, c. XIX). Il ne s’agit donc pas uniquement d’une récitation ou d’un chant qui, malgré la perfection due à sa conformité aux règles de l’art musical et des rites sacrés, toucherait uniquement les oreilles ; ce dont il s’agit, c’est avant tout l’élévation de notre esprit et de notre âme vers Dieu afin de lui consacrer pleinement, en union avec Jésus-Christ, nos personnes et toutes nos actions.


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Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE


La dévotion, intérieure y est requise

A cette haute dignité de la prière de l’Église il faut que correspondent l’attention et la piété de notre âme. Et puisque la voix de celui qui prie redit les chants composés sous l’inspiration du Saint-Esprit, où se trouve exprimée et mise en relief la souveraine grandeur de Dieu, il faut que le mouvement intérieur de notre esprit l’accompagne, en sorte que nous fassions nôtres ces mêmes sentiments, qui nous élèveront vers le ciel, et par lesquels nous adorerons la sainte Trinité en lui adressant les louanges et actions de grâces qui lui sont dues. " Quand nous psalmodions, soyons tels que notre esprit s’accorde avec notre voix " (S. Benoît, Regula Monachorum, c. XIX). Il ne s’agit donc pas uniquement d’une récitation ou d’un chant qui, malgré la perfection due à sa conformité aux règles de l’art musical et des rites sacrés, toucherait uniquement les oreilles ; ce dont il s’agit, c’est avant tout l’élévation de notre esprit et de notre âme vers Dieu afin de lui consacrer pleinement, en union avec Jésus-Christ, nos personnes et toutes nos actions.

Voilà certainement d’où dépend pour une grande partie l’efficacité de nos supplications. Sans doute ne s’adressent-elles pas au Verbe même en tant que fait homme, mais elles se terminent par les paroles " par Notre-Seigneur Jésus-Christ ", et lui, comme conciliateur entre nous et Dieu, montrant ses glorieux stigmates au Père céleste, reste " toujours vivant pour interpeller en notre faveur " (He VII, 25).

Merveilleux contenu du psautier

Les psaumes, tout le monde le sait, constituent la partie principale de " l’office divin ". Ce sont eux qui, embrassant tout le cours de la journée, la sanctifient et l’embellissent. Comme le dit Cassiodore en parlant du psautier tel qu’il était distribué de son temps dans l’office divin, " les psaumes rendent favorable le jour qui vient par la joie du matin ; ils sanctifient pour nous la première heure du jour ; ils consacrent pour nous la troisième heure ; ils sont la joie de la sixième dans la fraction du pain ; à none, ils rompent notre jeûne ; ils concluent les derniers instants du jour et, quand la nuit arrive, ils empêchent les ténèbres d’envahir notre esprit " (Explicatio in Psalterium. Praefatio : P. L., LXX, 10. Certains pensent cependant que ce passage ne doit pas être attribué à Cassiodore).

Ils rappellent à l’esprit les vérités divinement révélées au peuple élu, terrifiantes parfois, mais respirant parfois une très douce suavité. Ils réveillent et animent l’espérance du Libérateur promis, qu’on entretenait jadis en les chantant, soit au foyer familial soit dans la majesté du temple. De même mettent-ils en lumière la gloire du Christ, qu’ils annonçaient d’avance, sa souveraine et éternelle puissance, sa venue ensuite et son abaissement dans l’exil terrestre, sa dignité de roi et son pouvoir de prêtre, le bienfait enfin de ses travaux et le sang qu’il répandrait pour notre rédemption. De même expriment-ils la joie de nos âmes, nos peines, notre espérance, notre crainte, notre confiance en Dieu et notre volonté de lui rendre amour pour amour, ainsi que notre ascension mystique vers les tabernacles éternels.

" Le psaume… est la bénédiction du peuple, la louange de Dieu, l’acclamation du peuple, l’applaudissement de tous, le discours universel, la voix de l’Église, la confession de foi retentissante, la dévotion pleine d’autorité, la joie de la liberté, l’expression du contentement, l’écho de la félicité " (S. Ambroise, Enarrat. in Ps. I, n. 9).

La participation des fidèles aux vêpres du dimanche

Jadis les fidèles prenaient part plus nombreux à ces heures de prière ; mais, peu à peu, cet usage s’est perdu et, comme Nous venons de le dire, la récitation des heures n’incombe plus qu’au clergé et aux religieux. En cette matière, il n’y a donc rien de prescrit pour les laïques ; cependant, il est extrêmement souhaitable qu’en les récitant ou en les chantant, ils s’associent, de fait, chacun dans leur paroisse, aux prières qui y ont lieu dans la soirée. Nous vous exhortons vivement, Vénérables Frères, vous et vos fidèles, à ne pas laisser se perdre cette habitude et là où elle s’est perdue, à la rétablir autant que possible. On y arrivera très fructueusement si, non content d’apporter à la célébration des vêpres la dignité et l’éclat qui leur conviennent, on cherche les divers moyens d’y intéresser la piété des fidèles.

Que les jours de fête soient fidèlement observés : ils doivent être destinés et consacrés à Dieu d’une façon particulière, le jour du dimanche surtout, que les apôtres, instruits par le Saint-Esprit, substituèrent au sabbat. Il avait été dit aux juifs : " Vous travaillerez six jours ; le septième jour, c’est le sabbat, repos consacré au Seigneur ; quiconque travaillera ce jour-là, mourra " (Ex XXXI, 15). Comment donc n’auraient-ils pas à craindre la mort spirituelle les chrétiens qui, les jours de fête, se livreraient aux œuvres serviles et qui profiteraient de ces jours de repos pour s’abandonner sans retenue aux entraînements de ce monde au lieu de s’appliquer à la piété et à la religion ?

C’est donc aux choses divines par lesquelles on honore Dieu et l’on donne à l’âme une nourriture céleste que doivent être consacrés le dimanche et les autres jours de fête. L’Église, il est vrai, ne prescrit aux fidèles que l’abstention du travail servile et l’assistance au sacrifice de la messe ; elle ne donne aucun précepte pour l’office du soir ; mais elle ne l’en recommande pas moins avec insistance et elle ne l’en désire pas moins. Au reste, il s’impose encore, par ailleurs, en vertu du besoin et du devoir commun à tous et à chacun de se rendre Dieu propice pour obtenir ses bienfaits.

Grande est la douleur qui remplit Notre âme à voir la manière dont, de nos jours, le peuple chrétien passe son après-midi les jours de fête. On remplit les lieux de spectacles et d’amusements publics, bien loin de se rendre comme il conviendrait aux édifices religieux. Tous, au contraire, doivent venir à nos églises pour s’y entendre enseigner la vérité de la foi catholique, pour y chanter les louanges de Dieu, pour y recevoir du prêtre la bénédiction eucharistique et y être réconfortés contre les adversités de cette vie par le secours du ciel. Qu’ils s’appliquent autant qu’ils le peuvent à retenir ces formules qui se chantent aux prières du soir et qu’ils se pénètrent l’âme de leur signification. Sous l’action et l’impulsion de ces paroles, ils éprouveront ce que saint Augustin dit de lui-même : " Que de larmes j’ai versées aux hymnes et aux cantiques ; les doux accents des paroles de votre Église m’émouvaient profondément. Ces paroles pénétraient par mes oreilles et en vérité s’écoulaient dans mon cœur ; la ferveur de leurs sentiments m’embrasait, et mes larmes coulaient, et je me trouvais bien " (Confessions, lib. IX, cap. 6.)