sábado, 9 de outubro de 2010

Venérable Pape PIE XII : Il est vrai que les sacrements et le sacrifice de la messe ont une valeur intrinsèque en tant qu’ils sont les actions du Christ lui-même ; c’est lui qui communique la grâce divine de Chef et la diffuse dans les membres du Corps mystique ; mais pour avoir l’efficacité requise, il est absolument nécessaire que les âmes soient bien disposées. Il faut donc affirmer que l’œuvre rédemptrice, indépendante en soi de notre volonté, requiert notre effort intérieur pour pouvoir nous conduire au salut éternel. Si la piété privée et intérieure des individus négligeait le saint sacrifice de la messe et les sacrements et se soustrayait à l’influx salvifique qui émane du Chef dans les membres, ce serait évidemment chose blâmable et stérile.


Encyclique MEDIATOR DEI


de Sa Sainteté le Pape PIE XII

SUR LA SAINTE LITURGIE


Nécessité de la piété subjective

Il est vrai que les sacrements et le sacrifice de la messe ont une valeur intrinsèque en tant qu’ils sont les actions du Christ lui-même ; c’est lui qui communique la grâce divine de Chef et la diffuse dans les membres du Corps mystique ; mais pour avoir l’efficacité requise, il est absolument nécessaire que les âmes soient bien disposées. Ainsi, à propos de l’Eucharistie, l’apôtre Paul nous dit : " Que chacun s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice " (I Co XI, 28). C’est pourquoi l’Église, en termes expressifs et concis, nomme-t-elle " défense de la milice chrétienne " (Missale Rom., Feria IV Cinerum : orat post imposit. cinerum.) tous les exercices de purification de l’âme, surtout durant le jeûne du carême ; ils représentent, en effet, les efforts actifs des membres qui veulent, avec l’aide de la grâce, adhérer à leur Chef, afin que, dit saint Augustin " la source même de la grâce apparaisse dans notre Chef " (De praedestinatione sanctorum, 31). Mais il faut remarquer que ce sont des membres vivants, doués de raison et de volonté personnelles ; en approchant leurs lèvres de la source, ils doivent donc nécessairement s’emparer vitalement de l’aliment, se l’assimiler et écarter tout ce qui pourrait en empêcher l’efficacité. Il faut donc affirmer que l’œuvre rédemptrice, indépendante en soi de notre volonté, requiert notre effort intérieur pour pouvoir nous conduire au salut éternel.
Nécessité de la méditation et des pratiques de piété

Si la piété privée et intérieure des individus négligeait le saint sacrifice de la messe et les sacrements et se soustrayait à l’influx salvifique qui émane du Chef dans les membres, ce serait évidemment chose blâmable et stérile. Mais lorsque tous les exercices de piété non strictement liturgiques ne visent l’activité humaine que pour la diriger vers le Père des cieux, pour exciter efficacement les hommes à la pénitence et à la crainte de Dieu, pour les arracher à l’attrait du monde et des plaisirs, et réussir à les conduire par un dur chemin au sommet de la sainteté, alors ils ne méritent pas seulement Nos plus grands éloges, mais ils s’imposent par une absolue nécessité, car ils démasquent les écueils de la vie spirituelle, ils nous poussent à l’acquisition des vertus et ils augmentent l’ardeur avec laquelle nous devons nous consacrer entièrement au service de Jésus-Christ. La piété authentique, que le docteur angélique appelle " dévotion " et qui est l’acte principal de la vertu de religion - acte qui met les hommes dans l’ordre, les oriente vers Dieu et les fait s’adonner librement à tous les exercices du culte divin (Cf. s. Thomas. Summa Theol., IIa IIae. q. 82, a. 1.) cette piété authentique a besoin de la méditation des réalités surnaturelles et des pratiques de piété pour s’alimenter, s’enflammer, s’épanouir et nous pousser à la perfection. Car une juste conception de la religion chrétienne réclame qu’avant tout la volonté soit consacrée à Dieu et qu’elle exerce son influence sur les autres facultés de l’âme. Mais tout acte de volonté présuppose l’exercice de l’intelligence, et avant même que naissent le désir et le projet de se consacrer à Dieu dans le sacrifice de soi-même, il est nécessaire de connaître les raisons et les motifs qui commandent la religion, comme la fin dernière de l’homme et la grandeur de la majesté divine, le devoir de se soumettre au Créateur, les inépuisables trésors de l’amour dont Dieu a voulu nous enrichir, la nécessité de la grâce pour atteindre le but assigné, et la voie spéciale que la divine Providence a voulue pour nous, en nous unissant tous à Jésus-Christ notre Chef, comme les membres d’un corps. Et parce que les motifs de l’amour n’ont pas toujours de prise sur notre âme agitée par les mauvaises passions, il est fort opportun que la considération de la justice divine nous impressionne salutairement pour nous amener à l’humilité chrétienne, à la pénitence et à l’amendement.