terça-feira, 9 de fevereiro de 2010

Mgr Gherardini: "La valeur magistérielle du Concile Vatican II" et Commentaires de la déclaration de Mgr Gherardini

Mgr Gherardini: "La valeur magistérielle du Concile Vatican II"

Source: http://disputationes.over-blog.com/article-31133534.html

Il m’a été demandé si le Concile Vatican II a une valeur magistérielle. La question est mal posée.

Un Concile – quel que soit son caractère et quelle que soit la finalité ou la nécessité contingente à laquelle il veuille répondre – est toujours Magistère Suprême de l’Eglise. Le plus solennel, au plus haut niveau. De ce point de vue et abstraction faite de la matière examinée, chacune de ses déclarations est toujours magistérielle. Et elle est magistérielle dans le sens le plus propre et le plus noble du terme. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un Concile oblige absolument (« vincolante in assoluto »), c’est-à-dire dogmatiquement et sur le plan des comportements éthiques. « Magistériel », en effet, ne fait pas nécessairement allusion au dogme ou au domaine de la doctrine morale, vu que ce terme se limite à qualifier une assertion, ou un document, ou une série de documents provenant du Magistère, qu’il soit suprême ou non. J’ai exclu qu’il oblige absolument, parce que non-absolument (« vincolante non in assoluto »), il oblige toujours. Le fait même qu’une simple exhortation provienne d’une chaire d’une si grande autorité engendre un lien de façon certaine. Non pas cependant le lien qui exige l’assentiment inconditionné de tous (évêques, prêtres, peuple de Dieu) et qui en engage la foi ; mais le lien qui demande à tous un hommage religieux, interne et externe. Pour que naisse l’exigence d’un assentiment inconditionné et donc sa traduction dans des comportements cohérents, il faut qu’entrent en jeu certaines circonstances, en l’absence desquelles une déclaration conciliaire, qui est sans aucun doute magistérielle, reste cependant dépourvue de la capacité juridique et morale de lier la liberté de l’Eglise et de chacun de ses membres. Dans un tel cas, il est clair que la requête de l’attention, de l’hommage, et du respect non seulement public mais aussi privé, concerne la responsabilité de chaque chrétien-catholique. Quelles doivent être les circonstances dont il est question, cela est connu de tous, y compris, j’imagine, de ceux qui n’en tiennent pas compte. Ne voulant pas qu’on puisse considérer ces propos comme mes idées personnelles, je vais utiliser les termes d’une personnalité qui ne peut pas être contestée, tant à cause des mérites qui lui sont universellement reconnus, que par son rôle dans l’Eglise, et par la charge qui était la sienne au moment où il les a manifestés publiquement et officiellement : le 16 novembre 1964, en plein déroulement de Vatican II, pour en clarifier la valeur conciliaire. En réponse à des questions réitérées, le Secrétaire du Concile, S.E.Rev. Mgr Pericle Felici affirma que « le texte devra toujours être interprété à la lumière des règles générales, connues de tous ». Selon ces règles, toute l’Eglise sans exception « est tenue de professer les choses concernant la foi et les mœurs que le Concile aura ouvertement déclarées ». Puisqu’il s’agissait toutefois d’un Concile pastoral – sans exclure qu’il pouvait assumer quelques énoncés dogmatiques parmi ceux qui avaient été définis par d’autres conciles et en d’autres circonstances – S.E. Mgr Felici précisa que même les directives pastorales étaient proposées par le concile Vatican II « comme doctrine du Magistère Suprême de l’Eglise » et qu’en tant que telles, « il fallait les accepter et les embrasser en conformité à l’esprit de ce Saint Synode ; cet esprit, selon les normes de l’herméneutique théologique, étant manifesté tant par la doctrine traitée, que par la teneur de l’expression utilisée »1.

Comme on peut le voir, afin d’indiquer de quelle nature était la valeur contraignante de Vatican II, le Secrétaire du Concile fit appel à différents facteurs. En évoquant sa "pastoralité" il mentionna: · Les limites imposées au Concile par Jean XXIII, dans l’ouverture de celui-ci : non pas la condamnation d’erreurs ni la formulation de nouveaux dogmes, mais l’adéquation de la vérité révélée « au monde contemporain, à sa mentalité et sa culture »2 ; · L’herméneutique théologique, c'est-à-dire l’analyse des problèmes qui se présentaient, à la lumière du donné révélé et de la Tradition ecclésiastique ; · La teneur des expressions utilisées.

Les deux premières expressions ne nécessitent pas de longues explications ; la troisième se réfère à des notions techniques dans lesquelles se manifeste soit l’intention de dogmatiser soit, plus simplement, celle d’exhorter. Il est à noter qu’un dogme ne naît pas parce qu’un Concile (comme même Vatican II l’a fait) fait recours à des notions comme celles-ci : « Haec Sancta Synodus docet….Nos docemus et declaramus….definimus », ou autres expressions semblables, mais parce que le contenu doctrinal d’un chapitre entier ou de ses articles est synthétisé dans un « canon » qui affirme le dogme et condamne l’erreur contraire. La teneur des expressions verbales est donc formellement décisive. On peut aisément affirmer qu’un Concile est ou n’est pas dogmatique en vertu principalement de sa « voluntas definiendi », clairement manifestée par la teneur des expressions.

     Vatican II n’a jamais manifesté une telle « voluntas », comme on le relève facilement par la teneur des notions employées et de ses formulations : jamais un « canon », jamais une condamnation, jamais une nouvelle définition, mais au maximum le renvoi à quelque définition du passé. La conclusion qu’on peut en tirer est évidente : il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques ; celles-ci, tout en n’étant pas dogmatiques par elles-mêmes, n’auraient pu parvenir au rang de dogme que si la matière en avait été définie par d’autres Conciles et qu’elles étaient maintenant proposées de nouveau. En tout autre cas, les éventuelles nouveautés ne sont rien d’autre que des tentatives pour répondre aux problèmes du moment, et il serait théologiquement incorrect, ou plus précisément il serait sans effet de les élever à une valeur dogmatique sans le fondement de la « voluntas definiendi » mentionnée. Il s’ensuit qu’une telle surévaluation reviendrait à forcer Vatican II, dont l’enseignement ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment.
Sur la base des principes herméneutiques de S.E. Mgr Felici, cela ne comporte pour personne – ni pour un évêque, ni pour un prêtre ou un théologien, ni pour le peuple de Dieu – la liberté de « snober » les enseignements de Vatican II. En tant qu’ils proviennent du Magistère Suprême, ils jouissent en effet tous d’une dignité et d’une autorité hors du commun. Personne ne pourra empêcher au savant d’en vérifier le fondement – au contraire, l’herméneutique théologique mentionnée l’exige – mais personne ne devrait non plus oser leur refuser une considération religieuse interne et externe.

Il y a toutefois un « mais » et un « si ». Faisons l’hypothèse que dans l’un des seize documents de Vatican II, ou même dans tous, on relève des erreurs. Dans l’abstrait, cela est envisageable : on a toujours discuté s’il était possible qu’un Concile n’atteigne pas ses intentions déclarées et ses finalités, ou si à la limite il pouvait tomber dans l’hérésie. Mon humble avis est que cela n’est pas à exclure, étant donnée la fragilité et la malice du cœur humain. Je pense cependant, que, dans le cas où cela se vérifierait, un Concile cesserait d’être tel. Quant à Vatican II, depuis cinquante ans l’attention critique s’est comme assoupie devant lui, étouffée par l’hosanna continuel qui l’a entouré. Et pourtant les problèmes ne manquent pas, et ils sont extrêmement sérieux. Je ne parle pas, c’est évident, d’hérésie, mais de suggestions doctrinales qui ne sont pas dans la ligne de la Tradition de toujours et qu’on ne peut donc pas aisément ramener au « quod semper, quod ubique, quod ab omnibus » du Père de Lérins, puisqu’il leur manque la continuité de l’« eodem sensu eademque sententia » de son Commonitorium. Par exemple, un « subsistit in » ne peut pas être accueilli à la légère, si on ne démontre pas, à travers la recherche et la discussion critique – je veux dire à haut niveau scientifique – que tout compte fait il peut être interprété de façon orthodoxe. Ce qui, à mon avis, devrait exclure l’élargissement tant vanté de la « catholicité » et de la capacité salvifique aux dénominations chrétiennes non catholiques. Si, ensuite, on considère « Dignitatis humanae » comme l’anti-Syllabus, en référence au fameux document du bienheureux Pie IX (1864), la continuité avec la Tradition est enfreinte avant même d’en poser le problème. Enfin, si on déclare traditionnelle la doctrine des deux titulaires du pouvoir suprême, plénier et universel du gouvernement de l’Eglise – le Pape et le Collège des évêques, avec le Pape et sous le Pape, jamais sans lui ni au-dessus de lui – en la justifiant par « la relation réelle et inadéquate », on affirme un non-sens plus encore qu’une erreur historique et théologique.

Il faut ensuite tenir compte d’une autre circonstance, sur la base de laquelle la valeur des documents, même s’ils sont tous conciliaires et donc magistériels, n’est pas toujours la même : autre chose est une Constitution, autre chose un Décret et autre chose encore une Déclaration. Il y a une validité décroissante d’un document à l’autre. Et même s’il résultait avec une évidence certaine une éventuelle erreur de Vatican II, sa gravité varierait sur la base de sa situation dans l’un des trois types de documents.

En résumé, donc, je dirais que : · Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel ; · Sans aucun doute non plus, il n’est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu’il s’est toujours présenté comme tel ; · Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques ; · Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire et donc magistériel, bien que non dogmatique, qui engendre donc l’obligation non pas de la foi, mais d’un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d’une adhésion loyale et déférente ; · Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique.

Tout ceci,cela va sans dire, « Salvo meliore iudicio ».

Brunero Gherardini

Commentaires de la déclaration de Mgr Gherardini (source Libre Forum Catholique)

Important: Nous reproduisons certains extraits d'un "fil" de discussion paru dans le "Libre Forum Catholique".

Ladécision de les faire paraitre ne vaut ni acceptation ni refus de tout les contenus parus sur ceforum mais la présente discussion nous a semblé pertinente et digne de publication:

La Rédaction de "Vox Fidelium"


Commentaires de la déclaration de Mgr Gherardini (source Libre Forum Catholique)

Important: Nous reproduisons certains extraits d'un "fil" de discussion paru dans le "Libre Forum Catholique".

Ladécision de les faire paraitre ne vaut ni acceptation ni refus de tout les contenus parus sur ceforum mais la présente discussion nous a semblé pertinente et digne de publication:

La Rédaction de "Vox Fidelium"

Source:

http://www.phpbbserver.com/lelibreforumcat/viewtopic.php?t=4272&mforum=lelibreforumcat

"Pluchon":

"Un ami me communique les réflexions suivantes":

1. Mgr Gherardini insiste sur le fait qu'en soi les actes du concile Vatican II (censés venir d'un vrai et légitime concile promulgué par un vrai et légitime pape) exigent minimalement, comme tout acte du magistère authentique (même non infaillible au sens strict), un assentiment religieux, interne ET externe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ceux qui se camouflent derrière la figure de Mgr Gherardini n'ont (pour l'instant ?) que faire d'un tel assentiment. Ce sont des hypocrites...

2. Mgr Gherardini a, je le crois, tout à fait tort lorsqu'il envisage la possibilité pour un concile de verser dans l'erreur relativement à la foi et aux moeurs, même lorsqu'il n'entendrait pas définir quelles sont la foi et les moeurs. A la suite de Journet, je crois en effet que l'autorité suprême, même lorsqu'elle n'exerce pas le "pouvoir déclaratif" engageant l'infaillibilité au sens strict, jouit néanmoins d'une assistance prudentielle infaillible dans toutes ses actes de destination universelle. Pas plus qu'une loi ecclésiastique universelle ou un rite de l'Eglise, les actes d'un concile oecuménique ne peuvent être préjudiciables à la foi et aux moeurs.

3. Il est absolument faux d'établir une hiérarchie des normes, en matière d'autorité des textes magistériels, en fonction de la titulature desdits documents : de soi, un décret n'a pas plus d'autorité qu'une déclaration par le simple fait qu'il est un décret. Exemple typique : Pie XII règle la question de l'usage des droits du mariage durant les périodes agénésiques au moyen d'un simple discours aux sages-femmes. A contrario, on trouvera des décrets ou des bulles qui ont bien moins d'autorité (en terme de "hiérarchie des normes").

4. Il est faux également d'affirmer que la présence de canons et autres anathèmes est condition sine qua non de la volonté de définir ("pouvoir déclaratif"). A ce compte-là, on pourrait par exemple considérer comme "non définitif" l'enseignement de Pie XI dans Casti Connubii au motif qu'il n'y a pas d'anathèmes... La Députation de la Foi, en la personne du R.P. Kleutgen, a spécifié le contraire de ce qu'avance Mgr Gherardini, lors du Concile Vatican I : "Dans les décrets, il est nécessaire de distinguer l'interdiction (ou le commandement) de la définition (ou du jugement sur la doctrine). D'abord en effet, l'Eglise définit que telles opinions sont mauvaises ; ensuite, elle les interdit comme telles, et elle établit des peines contre les contumaces. Or, on doit la soumission de l'esprit à l'Eglise qui définit, même si elle n'ajoute aucun précepte. Puisqu'en effet Dieu nous a donné l'Eglise comme mère et maîtresse pour tout ce qui concerne la religion et la piété, nous sommes tenus de l'écouter quand elle enseigne. C'est pourquoi, si la pensée et la doctrine de toute l'Eglise apparaît, nous sommes tenus d'y adhérer, même s'il n'y a pas de définition : combien plus donc si cette pensée et cette doctrine nous apparaissent par une définition publique." (Mansi 53, 330 B) 5. Dans les actes de Vatican II, "jamais aucune définition", mais "au maximum le renvoi à des définitions du passé" ? Ah bon ? Un simple "renvoi" à une "définition du passé" la proposition selon laquelle il y a bel et bien sacramentalité de l'épiscopat (constitution dogmatique Lumen gentium) ? Et de quelle "définition du passé" s'agit-il ? On serait sans doute bien en peine de le préciser... Et le droit à la liberté religieuse n'est-il pas attesté comme "fondé sur la Révélation" ? N'est-il pas là évident que le concile

Mgr Gherardini: "La valeur magistérielle du Concile Vatican II"

Source: http://disputationes.over-blog.com/article-31133534.html

Il m’a été demandé si le Concile Vatican II a une valeur magistérielle. La question est mal posée.

Un Concile – quel que soit son caractère et quelle que soit la finalité ou la nécessité contingente à laquelle il veuille répondre – est toujours Magistère Suprême de l’Eglise. Le plus solennel, au plus haut niveau. De ce point de vue et abstraction faite de la matière examinée, chacune de ses déclarations est toujours magistérielle. Et elle est magistérielle dans le sens le plus propre et le plus noble du terme. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un Concile oblige absolument (« vincolante in assoluto »), c’est-à-dire dogmatiquement et sur le plan des comportements éthiques. « Magistériel », en effet, ne fait pas nécessairement allusion au dogme ou au domaine de la doctrine morale, vu que ce terme se limite à qualifier une assertion, ou un document, ou une série de documents provenant du Magistère, qu’il soit suprême ou non. J’ai exclu qu’il oblige absolument, parce que non-absolument (« vincolante non in assoluto »), il oblige toujours. Le fait même qu’une simple exhortation provienne d’une chaire d’une si grande autorité engendre un lien de façon certaine. Non pas cependant le lien qui exige l’assentiment inconditionné de tous (évêques, prêtres, peuple de Dieu) et qui en engage la foi ; mais le lien qui demande à tous un hommage religieux, interne et externe. Pour que naisse l’exigence d’un assentiment inconditionné et donc sa traduction dans des comportements cohérents, il faut qu’entrent en jeu certaines circonstances, en l’absence desquelles une déclaration conciliaire, qui est sans aucun doute magistérielle, reste cependant dépourvue de la capacité juridique et morale de lier la liberté de l’Eglise et de chacun de ses membres. Dans un tel cas, il est clair que la requête de l’attention, de l’hommage, et du respect non seulement public mais aussi privé, concerne la responsabilité de chaque chrétien-catholique. Quelles doivent être les circonstances dont il est question, cela est connu de tous, y compris, j’imagine, de ceux qui n’en tiennent pas compte. Ne voulant pas qu’on puisse considérer ces propos comme mes idées personnelles, je vais utiliser les termes d’une personnalité qui ne peut pas être contestée, tant à cause des mérites qui lui sont universellement reconnus, que par son rôle dans l’Eglise, et par la charge qui était la sienne au moment où il les a manifestés publiquement et officiellement : le 16 novembre 1964, en plein déroulement de Vatican II, pour en clarifier la valeur conciliaire. En réponse à des questions réitérées, le Secrétaire du Concile, S.E.Rev. Mgr Pericle Felici affirma que « le texte devra toujours être interprété à la lumière des règles générales, connues de tous ». Selon ces règles, toute l’Eglise sans exception « est tenue de professer les choses concernant la foi et les mœurs que le Concile aura ouvertement déclarées ». Puisqu’il s’agissait toutefois d’un Concile pastoral – sans exclure qu’il pouvait assumer quelques énoncés dogmatiques parmi ceux qui avaient été définis par d’autres conciles et en d’autres circonstances – S.E. Mgr Felici précisa que même les directives pastorales étaient proposées par le concile Vatican II « comme doctrine du Magistère Suprême de l’Eglise » et qu’en tant que telles, « il fallait les accepter et les embrasser en conformité à l’esprit de ce Saint Synode ; cet esprit, selon les normes de l’herméneutique théologique, étant manifesté tant par la doctrine traitée, que par la teneur de l’expression utilisée »1.

Comme on peut le voir, afin d’indiquer de quelle nature était la valeur contraignante de Vatican II, le Secrétaire du Concile fit appel à différents facteurs. En évoquant sa "pastoralité" il mentionna: · Les limites imposées au Concile par Jean XXIII, dans l’ouverture de celui-ci : non pas la condamnation d’erreurs ni la formulation de nouveaux dogmes, mais l’adéquation de la vérité révélée « au monde contemporain, à sa mentalité et sa culture »2 ; · L’herméneutique théologique, c'est-à-dire l’analyse des problèmes qui se présentaient, à la lumière du donné révélé et de la Tradition ecclésiastique ; · La teneur des expressions utilisées.

Les deux premières expressions ne nécessitent pas de longues explications ; la troisième se réfère à des notions techniques dans lesquelles se manifeste soit l’intention de dogmatiser soit, plus simplement, celle d’exhorter. Il est à noter qu’un dogme ne naît pas parce qu’un Concile (comme même Vatican II l’a fait) fait recours à des notions comme celles-ci : « Haec Sancta Synodus docet….Nos docemus et declaramus….definimus », ou autres expressions semblables, mais parce que le contenu doctrinal d’un chapitre entier ou de ses articles est synthétisé dans un « canon » qui affirme le dogme et condamne l’erreur contraire. La teneur des expressions verbales est donc formellement décisive. On peut aisément affirmer qu’un Concile est ou n’est pas dogmatique en vertu principalement de sa « voluntas definiendi », clairement manifestée par la teneur des expressions.

     Vatican II n’a jamais manifesté une telle « voluntas », comme on le relève facilement par la teneur des notions employées et de ses formulations : jamais un « canon », jamais une condamnation, jamais une nouvelle définition, mais au maximum le renvoi à quelque définition du passé. La conclusion qu’on peut en tirer est évidente : il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques ; celles-ci, tout en n’étant pas dogmatiques par elles-mêmes, n’auraient pu parvenir au rang de dogme que si la matière en avait été définie par d’autres Conciles et qu’elles étaient maintenant proposées de nouveau. En tout autre cas, les éventuelles nouveautés ne sont rien d’autre que des tentatives pour répondre aux problèmes du moment, et il serait théologiquement incorrect, ou plus précisément il serait sans effet de les élever à une valeur dogmatique sans le fondement de la « voluntas definiendi » mentionnée. Il s’ensuit qu’une telle surévaluation reviendrait à forcer Vatican II, dont l’enseignement ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment.

Mgr Gherardini: "La valeur magistérielle du Concile Vatican II"

Source: http://disputationes.over-blog.com/article-31133534.html

Il m’a été demandé si le Concile Vatican II a une valeur magistérielle. La question est mal posée.

Un Concile – quel que soit son caractère et quelle que soit la finalité ou la nécessité contingente à laquelle il veuille répondre – est toujours Magistère Suprême de l’Eglise. Le plus solennel, au plus haut niveau. De ce point de vue et abstraction faite de la matière examinée, chacune de ses déclarations est toujours magistérielle. Et elle est magistérielle dans le sens le plus propre et le plus noble du terme. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un Concile oblige absolument (« vincolante in assoluto »), c’est-à-dire dogmatiquement et sur le plan des comportements éthiques. « Magistériel », en effet, ne fait pas nécessairement allusion au dogme ou au domaine de la doctrine morale, vu que ce terme se limite à qualifier une assertion, ou un document, ou une série de documents provenant du Magistère, qu’il soit suprême ou non. J’ai exclu qu’il oblige absolument, parce que non-absolument (« vincolante non in assoluto »), il oblige toujours. Le fait même qu’une simple exhortation provienne d’une chaire d’une si grande autorité engendre un lien de façon certaine. Non pas cependant le lien qui exige l’assentiment inconditionné de tous (évêques, prêtres, peuple de Dieu) et qui en engage la foi ; mais le lien qui demande à tous un hommage religieux, interne et externe. Pour que naisse l’exigence d’un assentiment inconditionné et donc sa traduction dans des comportements cohérents, il faut qu’entrent en jeu certaines circonstances, en l’absence desquelles une déclaration conciliaire, qui est sans aucun doute magistérielle, reste cependant dépourvue de la capacité juridique et morale de lier la liberté de l’Eglise et de chacun de ses membres. Dans un tel cas, il est clair que la requête de l’attention, de l’hommage, et du respect non seulement public mais aussi privé, concerne la responsabilité de chaque chrétien-catholique. Quelles doivent être les circonstances dont il est question, cela est connu de tous, y compris, j’imagine, de ceux qui n’en tiennent pas compte. Ne voulant pas qu’on puisse considérer ces propos comme mes idées personnelles, je vais utiliser les termes d’une personnalité qui ne peut pas être contestée, tant à cause des mérites qui lui sont universellement reconnus, que par son rôle dans l’Eglise, et par la charge qui était la sienne au moment où il les a manifestés publiquement et officiellement : le 16 novembre 1964, en plein déroulement de Vatican II, pour en clarifier la valeur conciliaire. En réponse à des questions réitérées, le Secrétaire du Concile, S.E.Rev. Mgr Pericle Felici affirma que « le texte devra toujours être interprété à la lumière des règles générales, connues de tous ». Selon ces règles, toute l’Eglise sans exception « est tenue de professer les choses concernant la foi et les mœurs que le Concile aura ouvertement déclarées ». Puisqu’il s’agissait toutefois d’un Concile pastoral – sans exclure qu’il pouvait assumer quelques énoncés dogmatiques parmi ceux qui avaient été définis par d’autres conciles et en d’autres circonstances – S.E. Mgr Felici précisa que même les directives pastorales étaient proposées par le concile Vatican II « comme doctrine du Magistère Suprême de l’Eglise » et qu’en tant que telles, « il fallait les accepter et les embrasser en conformité à l’esprit de ce Saint Synode ; cet esprit, selon les normes de l’herméneutique théologique, étant manifesté tant par la doctrine traitée, que par la teneur de l’expression utilisée »1.

Comme on peut le voir, afin d’indiquer de quelle nature était la valeur contraignante de Vatican II, le Secrétaire du Concile fit appel à différents facteurs. En évoquant sa "pastoralité" il mentionna: · Les limites imposées au Concile par Jean XXIII, dans l’ouverture de celui-ci : non pas la condamnation d’erreurs ni la formulation de nouveaux dogmes, mais l’adéquation de la vérité révélée « au monde contemporain, à sa mentalité et sa culture »2 ; · L’herméneutique théologique, c'est-à-dire l’analyse des problèmes qui se présentaient, à la lumière du donné révélé et de la Tradition ecclésiastique ; · La teneur des expressions utilisées.

Les deux premières expressions ne nécessitent pas de longues explications ; la troisième se réfère à des notions techniques dans lesquelles se manifeste soit l’intention de dogmatiser soit, plus simplement, celle d’exhorter. Il est à noter qu’un dogme ne naît pas parce qu’un Concile (comme même Vatican II l’a fait) fait recours à des notions comme celles-ci : « Haec Sancta Synodus docet….Nos docemus et declaramus….definimus », ou autres expressions semblables, mais parce que le contenu doctrinal d’un chapitre entier ou de ses articles est synthétisé dans un « canon » qui affirme le dogme et condamne l’erreur contraire. La teneur des expressions verbales est donc formellement décisive. On peut aisément affirmer qu’un Concile est ou n’est pas dogmatique en vertu principalement de sa « voluntas definiendi », clairement manifestée par la teneur des expressions.

     Vatican II n’a jamais manifesté une telle « voluntas », comme on le relève facilement par la teneur des notions employées et de ses formulations : jamais un « canon », jamais une condamnation, jamais une nouvelle définition, mais au maximum le renvoi à quelque définition du passé. La conclusion qu’on peut en tirer est évidente : il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques ; celles-ci, tout en n’étant pas dogmatiques par elles-mêmes, n’auraient pu parvenir au rang de dogme que si la matière en avait été définie par d’autres Conciles et qu’elles étaient maintenant proposées de nouveau. En tout autre cas, les éventuelles nouveautés ne sont rien d’autre que des tentatives pour répondre aux problèmes du moment, et il serait théologiquement incorrect, ou plus précisément il serait sans effet de les élever à une valeur dogmatique sans le fondement de la « voluntas definiendi » mentionnée. Il s’ensuit qu’une telle surévaluation reviendrait à forcer Vatican II, dont l’enseignement ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment.
Sur la base des principes herméneutiques de S.E. Mgr Felici, cela ne comporte pour personne – ni pour un évêque, ni pour un prêtre ou un théologien, ni pour le peuple de Dieu – la liberté de « snober » les enseignements de Vatican II. En tant qu’ils proviennent du Magistère Suprême, ils jouissent en effet tous d’une dignité et d’une autorité hors du commun. Personne ne pourra empêcher au savant d’en vérifier le fondement – au contraire, l’herméneutique théologique mentionnée l’exige – mais personne ne devrait non plus oser leur refuser une considération religieuse interne et externe.

Il y a toutefois un « mais » et un « si ». Faisons l’hypothèse que dans l’un des seize documents de Vatican II, ou même dans tous, on relève des erreurs. Dans l’abstrait, cela est envisageable : on a toujours discuté s’il était possible qu’un Concile n’atteigne pas ses intentions déclarées et ses finalités, ou si à la limite il pouvait tomber dans l’hérésie. Mon humble avis est que cela n’est pas à exclure, étant donnée la fragilité et la malice du cœur humain. Je pense cependant, que, dans le cas où cela se vérifierait, un Concile cesserait d’être tel. Quant à Vatican II, depuis cinquante ans l’attention critique s’est comme assoupie devant lui, étouffée par l’hosanna continuel qui l’a entouré. Et pourtant les problèmes ne manquent pas, et ils sont extrêmement sérieux. Je ne parle pas, c’est évident, d’hérésie, mais de suggestions doctrinales qui ne sont pas dans la ligne de la Tradition de toujours et qu’on ne peut donc pas aisément ramener au « quod semper, quod ubique, quod ab omnibus » du Père de Lérins, puisqu’il leur manque la continuité de l’« eodem sensu eademque sententia » de son Commonitorium. Par exemple, un « subsistit in » ne peut pas être accueilli à la légère, si on ne démontre pas, à travers la recherche et la discussion critique – je veux dire à haut niveau scientifique – que tout compte fait il peut être interprété de façon orthodoxe. Ce qui, à mon avis, devrait exclure l’élargissement tant vanté de la « catholicité » et de la capacité salvifique aux dénominations chrétiennes non catholiques. Si, ensuite, on considère « Dignitatis humanae » comme l’anti-Syllabus, en référence au fameux document du bienheureux Pie IX (1864), la continuité avec la Tradition est enfreinte avant même d’en poser le problème. Enfin, si on déclare traditionnelle la doctrine des deux titulaires du pouvoir suprême, plénier et universel du gouvernement de l’Eglise – le Pape et le Collège des évêques, avec le Pape et sous le Pape, jamais sans lui ni au-dessus de lui – en la justifiant par « la relation réelle et inadéquate », on affirme un non-sens plus encore qu’une erreur historique et théologique.

Il faut ensuite tenir compte d’une autre circonstance, sur la base de laquelle la valeur des documents, même s’ils sont tous conciliaires et donc magistériels, n’est pas toujours la même : autre chose est une Constitution, autre chose un Décret et autre chose encore une Déclaration. Il y a une validité décroissante d’un document à l’autre. Et même s’il résultait avec une évidence certaine une éventuelle erreur de Vatican II, sa gravité varierait sur la base de sa situation dans l’un des trois types de documents.

En résumé, donc, je dirais que : · Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel ; · Sans aucun doute non plus, il n’est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu’il s’est toujours présenté comme tel ; · Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques ; · Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire et donc magistériel, bien que non dogmatique, qui engendre donc l’obligation non pas de la foi, mais d’un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d’une adhésion loyale et déférente ; · Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique.

Tout ceci,cela va sans dire, « Salvo meliore iudicio ».

Brunero Gherardini

     Sur la base des principes herméneutiques de S.E. Mgr Felici, cela ne comporte pour personne – ni pour un évêque, ni pour un prêtre ou un théologien, ni pour le peuple de Dieu – la liberté de « snober » les enseignements de Vatican II. En tant qu’ils proviennent du Magistère Suprême, ils jouissent en effet tous d’une dignité et d’une autorité hors du commun. Personne ne pourra empêcher au savant d’en vérifier le fondement – au contraire, l’herméneutique théologique mentionnée l’exige – mais personne ne devrait non plus oser leur refuser une considération religieuse interne et externe.

Il y a toutefois un « mais » et un « si ». Faisons l’hypothèse que dans l’un des seize documents de Vatican II, ou même dans tous, on relève des erreurs. Dans l’abstrait, cela est envisageable : on a toujours discuté s’il était possible qu’un Concile n’atteigne pas ses intentions déclarées et ses finalités, ou si à la limite il pouvait tomber dans l’hérésie. Mon humble avis est que cela n’est pas à exclure, étant donnée la fragilité et la malice du cœur humain. Je pense cependant, que, dans le cas où cela se vérifierait, un Concile cesserait d’être tel. Quant à Vatican II, depuis cinquante ans l’attention critique s’est comme assoupie devant lui, étouffée par l’hosanna continuel qui l’a entouré. Et pourtant les problèmes ne manquent pas, et ils sont extrêmement sérieux. Je ne parle pas, c’est évident, d’hérésie, mais de suggestions doctrinales qui ne sont pas dans la ligne de la Tradition de toujours et qu’on ne peut donc pas aisément ramener au « quod semper, quod ubique, quod ab omnibus » du Père de Lérins, puisqu’il leur manque la continuité de l’« eodem sensu eademque sententia » de son Commonitorium. Par exemple, un « subsistit in » ne peut pas être accueilli à la légère, si on ne démontre pas, à travers la recherche et la discussion critique – je veux dire à haut niveau scientifique – que tout compte fait il peut être interprété de façon orthodoxe. Ce qui, à mon avis, devrait exclure l’élargissement tant vanté de la « catholicité » et de la capacité salvifique aux dénominations chrétiennes non catholiques. Si, ensuite, on considère « Dignitatis humanae » comme l’anti-Syllabus, en référence au fameux document du bienheureux Pie IX (1864), la continuité avec la Tradition est enfreinte avant même d’en poser le problème. Enfin, si on déclare traditionnelle la doctrine des deux titulaires du pouvoir suprême, plénier et universel du gouvernement de l’Eglise – le Pape et le Collège des évêques, avec le Pape et sous le Pape, jamais sans lui ni au-dessus de lui – en la justifiant par « la relation réelle et inadéquate », on affirme un non-sens plus encore qu’une erreur historique et théologique.

Il faut ensuite tenir compte d’une autre circonstance, sur la base de laquelle la valeur des documents, même s’ils sont tous conciliaires et donc magistériels, n’est pas toujours la même : autre chose est une Constitution, autre chose un Décret et autre chose encore une Déclaration. Il y a une validité décroissante d’un document à l’autre. Et même s’il résultait avec une évidence certaine une éventuelle erreur de Vatican II, sa gravité varierait sur la base de sa situation dans l’un des trois types de documents.

En résumé, donc, je dirais que : · Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel ; · Sans aucun doute non plus, il n’est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu’il s’est toujours présenté comme tel ; · Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques ; · Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire et donc magistériel, bien que non dogmatique, qui engendre donc l’obligation non pas de la foi, mais d’un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d’une adhésion loyale et déférente ; · Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique.

Tout ceci,cela va sans dire, « Salvo meliore iudicio ».

Brunero Gherardini

entend manifestement définir que ce droit est à tout le moins nécessairement lié au Donné Révélé (même si la définition n'est pas solennelle) ? Quant à une quelconque continuité avec des "définitions du passés", là aussi on la cherche encore... Conclusion : Mgr Gherardini cherche à ménager la chèvre et le chou. Manifestement, il semble bien sentir qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de Montini... mais là s'arrête tout son courage. Plutôt que de somnambuler une réconciliation des irréconciliables, façon Chémeré ou Le Barroux, on fait non seulement semblant de croire que Vatican II n'a rien voulu définir (même l'Eglise ? même la sacramentalité de l'épiscopat ? même la liberté religieuse ? Allons donc !), mais on somnambule un conditionnement de la fonction définitoire par le recours sine qua non aux anathèmes (en conséquence de quoi exit des pans entiers du magistère infaillible !) et l'on admet implicitement au passage que Jésus-Christ qui "gouverne visiblement et ordinairement son Corps Mystique par son Vicaire sur la terre" (Pie XII dixit, dans Mystici Corporis) – et le Concile n'est rien sans le Pape (ainsi que l'admet Mgr Gherardini par sa référence transparente à la querelle de la collégialité) – que Jésus-Christ donc, par son Vicaire et par son Eglise hiérarchique, puisse donner du poison à nous autres qui sommes ses membres. Rien que de très normal, donc... On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe. On attend donc sur ce point les ralliés de la onzième heure (ceux de l'IBP... et d'ailleurs !).

Réponse de « EA » :

Citation: "1. Mgr Gherardini insiste sur le fait qu'en soi les actes du concile Vatican II (censés venir d'un vrai et légitime concile promulgué par un vrai et légitime pape) exigent minimalement, comme tout acte du magistère authentique (même non infaillible au sens strict), un assentiment religieux, interne ET externe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ceux qui se camouflent derrière la figure de Mgr Gherardini n'ont (pour l'instant ?) que faire d'un tel assentiment. bCe sont des hypocrites.../b "

Présomptueux ! Qu'est ce qui fait dire à l'auteur qu'il y aurait un camouflage d'hypocrite ? Un bon point quand même à l'auteur qui admet qu'il y a un magistère authentique non infaillible. Ce n'est pas le cas de tous ici.

"Citation: 2. Mgr Gherardini a, je le crois, tout à fait tort lorsqu'il envisage la possibilité pour un concile de verser dans l'erreur relativement à la foi et aux moeurs, même lorsqu'il n'entendrait pas définir quelles sont la foi et les moeurs. A la suite de Journet, je crois en effet que l'autorité suprême, même lorsqu'elle n'exerce pas le "pouvoir déclaratif" engageant l'infaillibilité au sens strict, jouit néanmoins d'une assistance prudentielle infaillible dans toutes ses actes de destination universelle. Pas plus qu'une loi ecclésiastique universelle ou un rite de l'Eglise, les actes d'un concile oecuménique ne peuvent être préjudiciables à la foi et aux moeurs. "

Il semble qu'ici l'auteur suppose que V2 revêtirait le caractère de l'"autorité suprême". Or c'est précisément ce que nie Mgr Gherardini à la suite de Paul VI.

"Citation: 3. Il est absolument faux d'établir une hiérarchie des normes, en matière d'autorité des textes magistériels, en fonction de la titulature desdits documents : de soi, un décret n'a pas plus d'autorité qu'une déclaration par le simple fait qu'il est un décret. Exemple typique : Pie XII règle la question de l'usage des droits du mariage durant les périodes agénésiques au moyen d'un simple discours aux sages-femmes. A contrario, on trouvera des décrets ou des bulles qui ont bien moins d'autorité (en terme de "hiérarchie des normes")."

Le discours de Pie XII aux sages-femmes a fait autorité, certes. Mais il ne peut pas servir de contre exemple au principe de la hiérarchie des normes. Surtout s'il s'inscrit dans le magistère ordinaire universel semper ubique.

"Citation: 4. Il est faux également d'affirmer que la présence de canons et autres anathèmes est condition sine qua non de la volonté de définir ("pouvoir déclaratif"). A ce compte-là, on pourrait par exemple considérer comme "non définitif" l'enseignement de Pie XI dans Casti Connubii au motif qu'il n'y a pas d'anathèmes... "

L'autorité ne définit pas en matière de moeurs comme elle définit en matière de foi. Ce n'est pas la morale qui pose problème dans V2 mais la foi. Casti Connubbii est un enseignement moral pour lequel aucune définition n'a été faite. Il n'est définitif, en l'espèce, que s'il s'inscrit dans le magistère ordinaire universel. Ce qui semble le cas en cette matière de la morale.

Citation: 5. Dans les actes de Vatican II, "jamais aucune définition", mais "au maximum le renvoi à des définitions du passé" ? Ah bon ? Un simple "renvoi" à une "définition du passé" la proposition selon laquelle il y a bel et bien sacramentalité de l'épiscopat (constitution dogmatique Lumen gentium) ? Et de quelle "définition du passé" s'agit-il ? On serait sans doute bien en peine de le préciser... Et le droit à la liberté religieuse n'est-il pas attesté comme "fondé sur la Révélation" ?

Là, l'auteur fait une faute de raisonnement. Mgr Gherardini dit "au maximum" des renvois. Donc au minimum... rien... pas de renvoi pour ces soi disant "nouveaux dogmes" de l'herméneutique de la rupture. Quant au droit à la liberté religieuse, la déclaration, prétend effectivement qu'il est fondé sur la Révélation. Mais il ne s'agit pas du magistère de l'Eglise, puisque celui ci est infaillible. Or Léon XIII précise bien qu'il faut que ce soit le magistère de l'Eglise qui s'appuie sur la Révélation : Citation: Toutes les fois donc que la parole de ce Magistère de l'Eglise déclare que telle ou telle vérité fait partie de l'ensemble de la doctrine révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai

Or Mgr Gherardini exclut une telle possibilité.

Citation: On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe.

Rappel très utile , effectivement, venant d'un ami de Pluchon à l'attention des sédévacantistes qui croyaient que tout magistère est systématiquement infaillible. Il semble, en ce qui concerne, les discussions théologiques de la FSSPX, que le silence imposé aux parties, respecte cet assentiemment requis.

Réponse de Pluchon:

EA a écrit: Citation: On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe. Rappel très utile , effectivement, venant d'un ami de Pluchon à l'attention des sédévacantistes qui croyaient que tout magistère est systématiquement infaillible. Il semble, en ce qui concerne, les discussions théologiques de la FSSPX, que le silence imposé aux parties, respecte cet assentiemment requis.

A propos d’assentiment religieux interne et externe, le texte suivant en n’en constitue-t-il pas un beau contre-exemple ? Tout comme le souhait de Mgr Williamson d’envoyer tout V2 à la poubelle. Je ne le lui reproche pas, ni à vous : je pense que ce serait le meilleur sort à réserver à V2. Mais je me jugerais certainement hypocrite si j’osais affirmer conserver envers V2 un quelconque assentiment !

EA a écrit: "Un concile avec le pape à sa tête, réuni de façon extraordinaire au Vatican dans les années 1960, a promulgué en se référant explicitement à la Révélation divine, une doctrine contraire à la Révélation (mineure admise par hypothèse d'école) Tout concile réuni de façon extraordinaire et se référant explicitement à la Révélation divine et avec le pape à sa tête promulgue un dogme relevant de l'infaillibilité de l'Eglise. (majeure) Donc toute définition selon le mode extraordinaire de ce concile est infaillible. Or certains estiment qu'il y a une incompatibilité entre un dogme antérieur et une déclaration de ce concile (DH). Ce qu'un concile de l'Eglise catholique ne peut pas faire. Conclusion : Vatican II n'est pas un concile de l'Eglise catholique.

C'est d'ailleurs ce qui ressort de la volonté expresse de concile qui a évité de définir de façon extraordinaire. Dès lors le pape qui a exprimé explicitement sa volonté d'être pape, reste pape. Et c'est l'autorité du concile explicitement reniée par lui-même qui est déchue."

Voici les réponses à vos remarques que vient de m’envoyer mon correspondant : Citation: 1. Hypocrisie de ceux qui se revendiquent de Mgr Gherardini ? Sans l'ombre d'un doute... et j'en veux pour preuve EA lui-même ! Mgr Gherardini rappelle à raison que le magistère simplement authentique ("non-infaillible") requiert un assentiment religieux interne et externe. Au point que le défaut d'assentiment équivaut selon Salaverri à une "erreur dans la doctrine catholique". Au point que le défaut (pertinace) d'assentiment équivaut selon Cartechini à un péché mortel de désobéissance, sinon à un péché mortel indirect contre la foi. Excusez du peu... Or Mgr Gherardini soutient que les actes de Vatican II relèvent au moins du magistère simplement authentique. Ceux qui se camouflent derrière Mgr Gherardini peuvent-ils, sans mentir, affirmer qu'ils font montre d'un assentiment interne et externe aux actes du concile Vatican II ? EA, qui est jusqu'à preuve du contraire un contempteur notoire du concile Vatican II, peut-il, sans mentir, affirmer qu'il assentit d'un assentiment religieux interne et externe aux actes du concile Vatican II ? Le principe, vrai, rappelé par Mgr Gherardini, porte condamnation de toute la résistance à Vatican II... dans l'hypothèse où Vatican II est un concile oecuménique, c'est-à-dire un concile promulgué par un vrai et légitime Souverain Pontife.

2. Mgr Gherardini ne nie nullement que Vatican II - comme tout concile oecuménique (supposé) - relève de soi de l'autorité suprême. Mais encore faut-il comprendre ce que signifie "autorité suprême". Il ne s'agit point du degré dans l'exercice de l'autorité usité à tel ou tel endroit de tel ou tel acte du concile. Il s'agit d'une expression désignant le sujet de l'autorité dans l'Eglise. Est l'autorité suprême dans l'Eglise le sujet qui a autorité sur l'Eglise universelle: à savoir premièrement le pape seul, et deuxièmement le pape faisant participer le corps épiscopal de l'autorité sur l'Eglise universelle (il s'agit alors du collège épiscopal : les évêques mais non pas sans le pape). Illustration concernant le pape seul : "Ainsi le pape ne peut pas confirmer un décret doctrinal sans faire usage de son autorité suprême, qui est la sienne propre ; mais il peut le faire sans exercer son autorité et son magistère avec toute sa force possible, car cela a lieu seulement lorsqu'il fait des définitions ex cathedra." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura - traduction de l'Abbé J.M. Gleize dans son édition du Tractatus de divina traditione - Card. J.B. Franzelin, La Tradition, Courrier de Rome, 2008, p. 166.

Cette autorité suprême, même lorsqu'elle n'engage pas l'infaillibilité proprement dite, et donc même dans son magistère simplement authentique, ne peut être préjudiciable à la foi et aux moeurs : "Dans ce genre de déclarations, la vérité de la doctrine n'est sans doute pas infaillible puisque par hypothèse le magistère n'a pas l'intention d'en donner la détermination. Mais la doctrine est pourtant infailliblement sûre. On parle ici de la sûreté de la doctrine proposée (dans l'absolu ou en raison de certaines circonstances) et aussi de la sûreté subjective, selon qu'il est sûr ou non pour tous les fidèles d'embrasser une doctrine et selon qu'on ne saurait refuser de l'embrasser sans violer la soumission requise au magistère divinement institué." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura - traduction de l'Abbé J.M. Gleize, p. 164.

3. Concernant le discours de Pie XII aux sages-femmes du 29 octobre 1951, observons ce qui suit :

- Ce simple discours non pas "a fait autorité" (???) mais fait autorité. Hic et nunc. - L'enseignement en question de Pie XII s'inscrit-il dans le "semper et ubique" ? Oui et non. Oui, dans la mesure où ledit enseignement ne s'inscrit pas en discontinuité avec ce que l'Eglise a cru toujours et partout. Mais non, dans la mesure où c'est une question absolument nouvelle qui se pose et que le pape vient trancher. Ce que Pie XII enseigne là n'a objectivement pas été cru toujours et partout par l'Eglise. C'est l'évidence. "Ainsi tel point de doctrine contenu dans la révélation objective peut, à partir d'une certaine époque (lorsqu'il a été suffisamment expliqué et proposé), appartenir aux vérités qu'il faut nécessairement croire de foi catholique : et cependant ce point de doctrine, quoique contenu depuis toujours dans le dépôt de la révélation, n'a pas été cru explicitement, toujours, partout et par tous, et n'avait pas à l'être. Ainsi, bien que les notes énumérées dans le canon de saint Vincent de Lérins démontrent à l'évidence, par leur présence, que la doctrine à laquelle elles s'appliquent est un dogme de foi catholique, elles ne prouvent cependant pas, par leur absence, qu'une doctrine n'est pas contenue dans le dépôt de la foi. ... Le canon est donc vrai au sens affirmatif, mais il ne peut pas être accepté au sens négatif et exclusif." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura. Où l'on remarque encore une fois que le "semper et ubique" ne peut pas être une condition du magistère infaillible. C'est au contraire la conséquence et la note de l'exercice passé du magistère infaillible, mais non point la note exclusive. - La pseudo objection d'EA est donc nulle et sans portée aucune.

- Ainsi qu'en administre la preuve le discours de Pie XII aux sages-femmes en date du 29 octobre 1951, la "hiérarchie des normes" en terme de degrés d'autorité du magistère n'obéit absolument pas à une pseudo logique de titulature des documents usités (qui sent le nominalisme de pacotille).

4. Réponses à un festival d'énormités.

- EA écrit que "l'autorité ne définit pas en matière de moeurs comme elle définit en matière de foi". Est-ce à dire que dans l'Eglise, l'autorité suprême n'a pas pouvoir de se prononcer en matière de moeurs ? Quelle énormité ! Admettons qu'EA se soit mal exprimé et qu'il ne tienne pas pour une thèse aussi aberrante. Est-ce à dire alors que l'autorité suprême ne peut pas se prononcer avec le même degré d'autorité sur les questions de foi et sur les questions de moeurs ? C'est moins énorme... mais c'est encore une énormité ! - J'en veux pour preuve que, contrairement à ce qu'affirme faussement EA, l'encyclique Casta Conubii est réputée contenir au moins une définition ex cathedra (cf. Dom Nau)... en matière de moeurs ! "En conséquence, comme certains, s'écartant manifestement de la doctrine chrétienne telle qu'elle a été transmise depuis le commencement, et toujours fidèlement gardée, ont jugé bon récemment de prêcher d'une façon retentissante, sur ces pratiques, une autre doctrine, l'Eglise catholique, investie par Dieu même de la mission d'enseigner et de défendre l'intégrité et l'honnêteté des moeurs, l'Eglise catholique, debout au milieu des ruines morales, élève bien haut la voix par Notre bouche, en signe de sa divine mission, pour garder la chasteté du lien nuptial à l'abri de cette souillure, et elle promulgue de nouveau : que tout usage du mariage, quel qu'il soit, dans l'exercice duquel l'acte est privé, par l'artifice des hommes, de sa puissance naturelle de procréer la vie, offense la loi de Dieu et la loi naturelle, et que tous ceux qui auront commis quelque chose de pareil se sont souillés d'une faute grave." Pie XI, encyclique Casti Connubii, 31 décembre 1930. S'il ne s'agit pas là d'une définition ex cathedra, on se demande bien de quoi il peut bien s'agir... et on se demande bien ce qui peut être "définition ex cathedra" si un tel jugement n'en est pas une.

- Nous ne reviendrons pas sur la rengaine "semper et ubique" : complet contre sens d'EA qui prétend que la note "semper et ubique" est condition nécessaire et exclusive du magistère infaillible (cf. infra les explications de Franzelin). Si tel était le cas (absit) le magistère, c'est-à-dire l'Eglise enseignante, serait infaillible au même titre que l'Eglise croyante. Pire encore, le pape serait infaillible au même titre que le particulier EA. Infaillible de fait et non de droit. Un tel faux principe constitue la ruine du magistère infaillible (qui est infaillible d'une infaillibilité de droit).

5. Faute de raisonnement ? Non point. Selon Mgr Gherardini, il n'y a "jamais aucune définition" dans les actes de Vatican II, "au maximum, le renvoi à des définitions du passé". Or, par exemple, Vatican II a prétendu définir la sacramentalité de l'épiscopat. Donc il est faux d'affirmer, comme le fait Mgr G., que dans Vatican II il n'y a tout au plus que des "renvois à des définitions du passé". Et j'ajoute au passage que l'on serait bien en peine, sur tel ou tel sujet, de renvoyer effectivement et ad rem à une définition du passé... lors même que Vatican II en prend le contre-pied. Concernant DH, je suis bien d'accord que Mgr Gherardini exclut apparemment que Vatican II définit que le droit à la liberté religieuse est révélé ou lié à la Révélation. Sauf que les Pères de Vatican II, ainsi qu'EA le reconnaît, définissent bel et bien que "le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même". Force est donc de constater que le droit à la liberté religieuse est défini comme nécessairement lié à la Révélation. Sauf à nier que le magistère soit infaillible lorsqu'il déclare qu'une proposition est liée à la Révélation (objet secondaire du magistère infaillible), il faut conclure que l'enseignement de DH relatif au droit à la liberté religieuse relève du magistère infaillible... à moins que DH n'émane pas du collège épiscopal, c'est-à-dire que Paul VI ne soit pas pape. « C’est à double titre qu’une proposition peut relever de la foi : à titre direct et principal, comme les articles de foi ; à titre indirect et secondaire, comme les propositions dont la négation entraîne la corruption de quelque article de foi. Dans les deux cas, de même que la foi est engagée, de même il peut y avoir hérésie. » Saint Thomas d’Aquin, IIa IIæ, q.XI a.2 : Si l’hérésie a proprement comme objet ce qui est de foi "Pour que, dans ces diverses occurrences, le magistère ordinaire et universel soit infaillible, il est nécessaire que son enseignement soit manifestement donné comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation chrétienne." Dublanchy, DTC IV, 2195. "Ce magistère s'étend à toute la doctrine de l'Eglise, ainsi que nous l'avons remarqué à plusieurs reprises. Le corps épicopal enseigne infailliblement et le peuple fidèle accepte tous les points obligatoires de la doctrine chrétienne." Vacant, DTC, II, 111. "Nous savons qu'une doctrine nécessairement connexe avec les vérités révélées peut être infailliblement proposée comme "à tenir" par le magistère universel et ordinaire de l'Eglise. " Salaverri, De Ecclesia Christi, n°901.

Mgr Gherardini: "La valeur magistérielle du Concile Vatican II"

Source: http://disputationes.over-blog.com/article-31133534.html

Il m’a été demandé si le Concile Vatican II a une valeur magistérielle. La question est mal posée.

Un Concile – quel que soit son caractère et quelle que soit la finalité ou la nécessité contingente à laquelle il veuille répondre – est toujours Magistère Suprême de l’Eglise. Le plus solennel, au plus haut niveau. De ce point de vue et abstraction faite de la matière examinée, chacune de ses déclarations est toujours magistérielle. Et elle est magistérielle dans le sens le plus propre et le plus noble du terme. Néanmoins, cela ne signifie pas qu’un Concile oblige absolument (« vincolante in assoluto »), c’est-à-dire dogmatiquement et sur le plan des comportements éthiques. « Magistériel », en effet, ne fait pas nécessairement allusion au dogme ou au domaine de la doctrine morale, vu que ce terme se limite à qualifier une assertion, ou un document, ou une série de documents provenant du Magistère, qu’il soit suprême ou non. J’ai exclu qu’il oblige absolument, parce que non-absolument (« vincolante non in assoluto »), il oblige toujours. Le fait même qu’une simple exhortation provienne d’une chaire d’une si grande autorité engendre un lien de façon certaine. Non pas cependant le lien qui exige l’assentiment inconditionné de tous (évêques, prêtres, peuple de Dieu) et qui en engage la foi ; mais le lien qui demande à tous un hommage religieux, interne et externe. Pour que naisse l’exigence d’un assentiment inconditionné et donc sa traduction dans des comportements cohérents, il faut qu’entrent en jeu certaines circonstances, en l’absence desquelles une déclaration conciliaire, qui est sans aucun doute magistérielle, reste cependant dépourvue de la capacité juridique et morale de lier la liberté de l’Eglise et de chacun de ses membres. Dans un tel cas, il est clair que la requête de l’attention, de l’hommage, et du respect non seulement public mais aussi privé, concerne la responsabilité de chaque chrétien-catholique. Quelles doivent être les circonstances dont il est question, cela est connu de tous, y compris, j’imagine, de ceux qui n’en tiennent pas compte. Ne voulant pas qu’on puisse considérer ces propos comme mes idées personnelles, je vais utiliser les termes d’une personnalité qui ne peut pas être contestée, tant à cause des mérites qui lui sont universellement reconnus, que par son rôle dans l’Eglise, et par la charge qui était la sienne au moment où il les a manifestés publiquement et officiellement : le 16 novembre 1964, en plein déroulement de Vatican II, pour en clarifier la valeur conciliaire. En réponse à des questions réitérées, le Secrétaire du Concile, S.E.Rev. Mgr Pericle Felici affirma que « le texte devra toujours être interprété à la lumière des règles générales, connues de tous ». Selon ces règles, toute l’Eglise sans exception « est tenue de professer les choses concernant la foi et les mœurs que le Concile aura ouvertement déclarées ». Puisqu’il s’agissait toutefois d’un Concile pastoral – sans exclure qu’il pouvait assumer quelques énoncés dogmatiques parmi ceux qui avaient été définis par d’autres conciles et en d’autres circonstances – S.E. Mgr Felici précisa que même les directives pastorales étaient proposées par le concile Vatican II « comme doctrine du Magistère Suprême de l’Eglise » et qu’en tant que telles, « il fallait les accepter et les embrasser en conformité à l’esprit de ce Saint Synode ; cet esprit, selon les normes de l’herméneutique théologique, étant manifesté tant par la doctrine traitée, que par la teneur de l’expression utilisée »1.

Comme on peut le voir, afin d’indiquer de quelle nature était la valeur contraignante de Vatican II, le Secrétaire du Concile fit appel à différents facteurs. En évoquant sa "pastoralité" il mentionna: · Les limites imposées au Concile par Jean XXIII, dans l’ouverture de celui-ci : non pas la condamnation d’erreurs ni la formulation de nouveaux dogmes, mais l’adéquation de la vérité révélée « au monde contemporain, à sa mentalité et sa culture »2 ; · L’herméneutique théologique, c'est-à-dire l’analyse des problèmes qui se présentaient, à la lumière du donné révélé et de la Tradition ecclésiastique ; · La teneur des expressions utilisées.

Les deux premières expressions ne nécessitent pas de longues explications ; la troisième se réfère à des notions techniques dans lesquelles se manifeste soit l’intention de dogmatiser soit, plus simplement, celle d’exhorter. Il est à noter qu’un dogme ne naît pas parce qu’un Concile (comme même Vatican II l’a fait) fait recours à des notions comme celles-ci : « Haec Sancta Synodus docet….Nos docemus et declaramus….definimus », ou autres expressions semblables, mais parce que le contenu doctrinal d’un chapitre entier ou de ses articles est synthétisé dans un « canon » qui affirme le dogme et condamne l’erreur contraire. La teneur des expressions verbales est donc formellement décisive. On peut aisément affirmer qu’un Concile est ou n’est pas dogmatique en vertu principalement de sa « voluntas definiendi », clairement manifestée par la teneur des expressions.

     Vatican II n’a jamais manifesté une telle « voluntas », comme on le relève facilement par la teneur des notions employées et de ses formulations : jamais un « canon », jamais une condamnation, jamais une nouvelle définition, mais au maximum le renvoi à quelque définition du passé. La conclusion qu’on peut en tirer est évidente : il s’agit d’un Concile qui, par principe, a exclu la formulation de nouvelles doctrines dogmatiques ; celles-ci, tout en n’étant pas dogmatiques par elles-mêmes, n’auraient pu parvenir au rang de dogme que si la matière en avait été définie par d’autres Conciles et qu’elles étaient maintenant proposées de nouveau. En tout autre cas, les éventuelles nouveautés ne sont rien d’autre que des tentatives pour répondre aux problèmes du moment, et il serait théologiquement incorrect, ou plus précisément il serait sans effet de les élever à une valeur dogmatique sans le fondement de la « voluntas definiendi » mentionnée. Il s’ensuit qu’une telle surévaluation reviendrait à forcer Vatican II, dont l’enseignement ne peut être dit infaillible et irréformable que là où se trouve un enseignement défini précédemment.
Sur la base des principes herméneutiques de S.E. Mgr Felici, cela ne comporte pour personne – ni pour un évêque, ni pour un prêtre ou un théologien, ni pour le peuple de Dieu – la liberté de « snober » les enseignements de Vatican II. En tant qu’ils proviennent du Magistère Suprême, ils jouissent en effet tous d’une dignité et d’une autorité hors du commun. Personne ne pourra empêcher au savant d’en vérifier le fondement – au contraire, l’herméneutique théologique mentionnée l’exige – mais personne ne devrait non plus oser leur refuser une considération religieuse interne et externe.

Il y a toutefois un « mais » et un « si ». Faisons l’hypothèse que dans l’un des seize documents de Vatican II, ou même dans tous, on relève des erreurs. Dans l’abstrait, cela est envisageable : on a toujours discuté s’il était possible qu’un Concile n’atteigne pas ses intentions déclarées et ses finalités, ou si à la limite il pouvait tomber dans l’hérésie. Mon humble avis est que cela n’est pas à exclure, étant donnée la fragilité et la malice du cœur humain. Je pense cependant, que, dans le cas où cela se vérifierait, un Concile cesserait d’être tel. Quant à Vatican II, depuis cinquante ans l’attention critique s’est comme assoupie devant lui, étouffée par l’hosanna continuel qui l’a entouré. Et pourtant les problèmes ne manquent pas, et ils sont extrêmement sérieux. Je ne parle pas, c’est évident, d’hérésie, mais de suggestions doctrinales qui ne sont pas dans la ligne de la Tradition de toujours et qu’on ne peut donc pas aisément ramener au « quod semper, quod ubique, quod ab omnibus » du Père de Lérins, puisqu’il leur manque la continuité de l’« eodem sensu eademque sententia » de son Commonitorium. Par exemple, un « subsistit in » ne peut pas être accueilli à la légère, si on ne démontre pas, à travers la recherche et la discussion critique – je veux dire à haut niveau scientifique – que tout compte fait il peut être interprété de façon orthodoxe. Ce qui, à mon avis, devrait exclure l’élargissement tant vanté de la « catholicité » et de la capacité salvifique aux dénominations chrétiennes non catholiques. Si, ensuite, on considère « Dignitatis humanae » comme l’anti-Syllabus, en référence au fameux document du bienheureux Pie IX (1864), la continuité avec la Tradition est enfreinte avant même d’en poser le problème. Enfin, si on déclare traditionnelle la doctrine des deux titulaires du pouvoir suprême, plénier et universel du gouvernement de l’Eglise – le Pape et le Collège des évêques, avec le Pape et sous le Pape, jamais sans lui ni au-dessus de lui – en la justifiant par « la relation réelle et inadéquate », on affirme un non-sens plus encore qu’une erreur historique et théologique.

Il faut ensuite tenir compte d’une autre circonstance, sur la base de laquelle la valeur des documents, même s’ils sont tous conciliaires et donc magistériels, n’est pas toujours la même : autre chose est une Constitution, autre chose un Décret et autre chose encore une Déclaration. Il y a une validité décroissante d’un document à l’autre. Et même s’il résultait avec une évidence certaine une éventuelle erreur de Vatican II, sa gravité varierait sur la base de sa situation dans l’un des trois types de documents.

En résumé, donc, je dirais que : · Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel ; · Sans aucun doute non plus, il n’est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu’il s’est toujours présenté comme tel ; · Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques ; · Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire et donc magistériel, bien que non dogmatique, qui engendre donc l’obligation non pas de la foi, mais d’un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d’une adhésion loyale et déférente ; · Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique.

Tout ceci,cela va sans dire, « Salvo meliore iudicio ».

Brunero Gherardini

mforum=lelibreforumcat

"Pluchon":

"Un ami me communique les réflexions suivantes":

1. Mgr Gherardini insiste sur le fait qu'en soi les actes du concile Vatican II (censés venir d'un vrai et légitime concile promulgué par un vrai et légitime pape) exigent minimalement, comme tout acte du magistère authentique (même non infaillible au sens strict), un assentiment religieux, interne ET externe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ceux qui se camouflent derrière la figure de Mgr Gherardini n'ont (pour l'instant ?) que faire d'un tel assentiment. Ce sont des hypocrites...

2. Mgr Gherardini a, je le crois, tout à fait tort lorsqu'il envisage la possibilité pour un concile de verser dans l'erreur relativement à la foi et aux moeurs, même lorsqu'il n'entendrait pas définir quelles sont la foi et les moeurs. A la suite de Journet, je crois en effet que l'autorité suprême, même lorsqu'elle n'exerce pas le "pouvoir déclaratif" engageant l'infaillibilité au sens strict, jouit néanmoins d'une assistance prudentielle infaillible dans toutes ses actes de destination universelle. Pas plus qu'une loi ecclésiastique universelle ou un rite de l'Eglise, les actes d'un concile oecuménique ne peuvent être préjudiciables à la foi et aux moeurs.

3. Il est absolument faux d'établir une hiérarchie des normes, en matière d'autorité des textes magistériels, en fonction de la titulature desdits documents : de soi, un décret n'a pas plus d'autorité qu'une déclaration par le simple fait qu'il est un décret. Exemple typique : Pie XII règle la question de l'usage des droits du mariage durant les périodes agénésiques au moyen d'un simple discours aux sages-femmes. A contrario, on trouvera des décrets ou des bulles qui ont bien moins d'autorité (en terme de "hiérarchie des normes").

4. Il est faux également d'affirmer que la présence de canons et autres anathèmes est condition sine qua non de la volonté de définir ("pouvoir déclaratif"). A ce compte-là, on pourrait par exemple considérer comme "non définitif" l'enseignement de Pie XI dans Casti Connubii au motif qu'il n'y a pas d'anathèmes... La Députation de la Foi, en la personne du R.P. Kleutgen, a spécifié le contraire de ce qu'avance Mgr Gherardini, lors du Concile Vatican I : "Dans les décrets, il est nécessaire de distinguer l'interdiction (ou le commandement) de la définition (ou du jugement sur la doctrine). D'abord en effet, l'Eglise définit que telles opinions sont mauvaises ; ensuite, elle les interdit comme telles, et elle établit des peines contre les contumaces. Or, on doit la soumission de l'esprit à l'Eglise qui définit, même si elle n'ajoute aucun précepte. Puisqu'en effet Dieu nous a donné l'Eglise comme mère et maîtresse pour tout ce qui concerne la religion et la piété, nous sommes tenus de l'écouter quand elle enseigne. C'est pourquoi, si la pensée et la doctrine de toute l'Eglise apparaît, nous sommes tenus d'y adhérer, même s'il n'y a pas de définition : combien plus donc si cette pensée et cette doctrine nous apparaissent par une définition publique." (Mansi 53, 330 B) 5. Dans les actes de Vatican II, "jamais aucune définition", mais "au maximum le renvoi à des définitions du passé" ? Ah bon ? Un simple "renvoi" à une "définition du passé" la proposition selon laquelle il y a bel et bien sacramentalité de l'épiscopat (constitution dogmatique Lumen gentium) ? Et de quelle "définition du passé" s'agit-il ? On serait sans doute bien en peine de le préciser... Et le droit à la liberté religieuse n'est-il pas attesté comme "fondé sur la Révélation" ? N'est-il pas là évident que le concile entend manifestement définir que ce droit est à tout le moins nécessairement lié au Donné Révélé (même si la définition n'est pas solennelle) ? Quant à une quelconque continuité avec des "définitions du passés", là aussi on la cherche encore... Conclusion : Mgr Gherardini cherche à ménager la chèvre et le chou. Manifestement, il semble bien sentir qu'il y a quelque chose de pourri au royaume de Montini... mais là s'arrête tout son courage. Plutôt que de somnambuler une réconciliation des irréconciliables, façon Chémeré ou Le Barroux, on fait non seulement semblant de croire que Vatican II n'a rien voulu définir (même l'Eglise ? même la sacramentalité de l'épiscopat ? même la liberté religieuse ? Allons donc !), mais on somnambule un conditionnement de la fonction définitoire par le recours sine qua non aux anathèmes (en conséquence de quoi exit des pans entiers du magistère infaillible !) et l'on admet implicitement au passage que Jésus-Christ qui "gouverne visiblement et ordinairement son Corps Mystique par son Vicaire sur la terre" (Pie XII dixit, dans Mystici Corporis) – et le Concile n'est rien sans le Pape (ainsi que l'admet Mgr Gherardini par sa référence transparente à la querelle de la collégialité) – que Jésus-Christ donc, par son Vicaire et par son Eglise hiérarchique, puisse donner du poison à nous autres qui sommes ses membres. Rien que de très normal, donc... On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe. On attend donc sur ce point les ralliés de la onzième heure (ceux de l'IBP... et d'ailleurs !).

Réponse de « EA » :

Citation: "1. Mgr Gherardini insiste sur le fait qu'en soi les actes du concile Vatican II (censés venir d'un vrai et légitime concile promulgué par un vrai et légitime pape) exigent minimalement, comme tout acte du magistère authentique (même non infaillible au sens strict), un assentiment religieux, interne ET externe. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ceux qui se camouflent derrière la figure de Mgr Gherardini n'ont (pour l'instant ?) que faire d'un tel assentiment. bCe sont des hypocrites.../b "

Présomptueux ! Qu'est ce qui fait dire à l'auteur qu'il y aurait un camouflage d'hypocrite ? Un bon point quand même à l'auteur qui admet qu'il y a un magistère authentique non infaillible. Ce n'est pas le cas de tous ici.

"Citation: 2. Mgr Gherardini a, je le crois, tout à fait tort lorsqu'il envisage la possibilité pour un concile de verser dans l'erreur relativement à la foi et aux moeurs, même lorsqu'il n'entendrait pas définir quelles sont la foi et les moeurs. A la suite de Journet, je crois en effet que l'autorité suprême, même lorsqu'elle n'exerce pas le "pouvoir déclaratif" engageant l'infaillibilité au sens strict, jouit néanmoins d'une assistance prudentielle infaillible dans toutes ses actes de destination universelle. Pas plus qu'une loi ecclésiastique universelle ou un rite de l'Eglise, les actes d'un concile oecuménique ne peuvent être préjudiciables à la foi et aux moeurs. "

Il semble qu'ici l'auteur suppose que V2 revêtirait le caractère de l'"autorité suprême". Or c'est précisément ce que nie Mgr Gherardini à la suite de Paul VI.

"Citation: 3. Il est absolument faux d'établir une hiérarchie des normes, en matière d'autorité des textes magistériels, en fonction de la titulature desdits documents : de soi, un décret n'a pas plus d'autorité qu'une déclaration par le simple fait qu'il est un décret. Exemple typique : Pie XII règle la question de l'usage des droits du mariage durant les périodes agénésiques au moyen d'un simple discours aux sages-femmes. A contrario, on trouvera des décrets ou des bulles qui ont bien moins d'autorité (en terme de "hiérarchie des normes")."

Le discours de Pie XII aux sages-femmes a fait autorité, certes. Mais il ne peut pas servir de contre exemple au principe de la hiérarchie des normes. Surtout s'il s'inscrit dans le magistère ordinaire universel semper ubique.

"Citation: 4. Il est faux également d'affirmer que la présence de canons et autres anathèmes est condition sine qua non de la volonté de définir ("pouvoir déclaratif"). A ce compte-là, on pourrait par exemple considérer comme "non définitif" l'enseignement de Pie XI dans Casti Connubii au motif qu'il n'y a pas d'anathèmes... "

L'autorité ne définit pas en matière de moeurs comme elle définit en matière de foi. Ce n'est pas la morale qui pose problème dans V2 mais la foi. Casti Connubbii est un enseignement moral pour lequel aucune définition n'a été faite. Il n'est définitif, en l'espèce, que s'il s'inscrit dans le magistère ordinaire universel. Ce qui semble le cas en cette matière de la morale.

Citation: 5. Dans les actes de Vatican II, "jamais aucune définition", mais "au maximum le renvoi à des définitions du passé" ? Ah bon ? Un simple "renvoi" à une "définition du passé" la proposition selon laquelle il y a bel et bien sacramentalité de l'épiscopat (constitution dogmatique Lumen gentium) ? Et de quelle "définition du passé" s'agit-il ? On serait sans doute bien en peine de le préciser... Et le droit à la liberté religieuse n'est-il pas attesté comme "fondé sur la Révélation" ?

Là, l'auteur fait une faute de raisonnement. Mgr Gherardini dit "au maximum" des renvois. Donc au minimum... rien... pas de renvoi pour ces soi disant "nouveaux dogmes" de l'herméneutique de la rupture. Quant au droit à la liberté religieuse, la déclaration, prétend effectivement qu'il est fondé sur la Révélation. Mais il ne s'agit pas du magistère de l'Eglise, puisque celui ci est infaillible. Or Léon XIII précise bien qu'il faut que ce soit le magistère de l'Eglise qui s'appuie sur la Révélation : Citation: Toutes les fois donc que la parole de ce Magistère de l'Eglise déclare que telle ou telle vérité fait partie de l'ensemble de la doctrine révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai

Or Mgr Gherardini exclut une telle possibilité.

Citation: On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe.

Rappel très utile , effectivement, venant d'un ami de Pluchon à l'attention des sédévacantistes qui croyaient que tout magistère est systématiquement infaillible. Il semble, en ce qui concerne, les discussions théologiques de la FSSPX, que le silence imposé aux parties, respecte cet assentiemment requis.

Réponse de Pluchon:

EA a écrit: Citation: On appréciera néanmoins un très utile rappel à l'ordre, celui qui concerne le magistère non-infaillible, c'est-à-dire le magistère simplement authentique : il requiert l'assentiment religieux interne et externe. Rappel très utile , effectivement, venant d'un ami de Pluchon à l'attention des sédévacantistes qui croyaient que tout magistère est systématiquement infaillible. Il semble, en ce qui concerne, les discussions théologiques de la FSSPX, que le silence imposé aux parties, respecte cet assentiemment requis.

A propos d’assentiment religieux interne et externe, le texte suivant en n’en constitue-t-il pas un beau contre-exemple ? Tout comme le souhait de Mgr Williamson d’envoyer tout V2 à la poubelle. Je ne le lui reproche pas, ni à vous : je pense que ce serait le meilleur sort à réserver à V2. Mais je me jugerais certainement hypocrite si j’osais affirmer conserver envers V2 un quelconque assentiment !

EA a écrit: "Un concile avec le pape à sa tête, réuni de façon extraordinaire au Vatican dans les années 1960, a promulgué en se référant explicitement à la Révélation divine, une doctrine contraire à la Révélation (mineure admise par hypothèse d'école) Tout concile réuni de façon extraordinaire et se référant explicitement à la Révélation divine et avec le pape à sa tête promulgue un dogme relevant de l'infaillibilité de l'Eglise. (majeure) Donc toute définition selon le mode extraordinaire de ce concile est infaillible. Or certains estiment qu'il y a une incompatibilité entre un dogme antérieur et une déclaration de ce concile (DH). Ce qu'un concile de l'Eglise catholique ne peut pas faire. Conclusion : Vatican II n'est pas un concile de l'Eglise catholique.

C'est d'ailleurs ce qui ressort de la volonté expresse de concile qui a évité de définir de façon extraordinaire. Dès lors le pape qui a exprimé explicitement sa volonté d'être pape, reste pape. Et c'est l'autorité du concile explicitement reniée par lui-même qui est déchue."

Voici les réponses à vos remarques que vient de m’envoyer mon correspondant : Citation: 1. Hypocrisie de ceux qui se revendiquent de Mgr Gherardini ? Sans l'ombre d'un doute... et j'en veux pour preuve EA lui-même ! Mgr Gherardini rappelle à raison que le magistère simplement authentique ("non-infaillible") requiert un assentiment religieux interne et externe. Au point que le défaut d'assentiment équivaut selon Salaverri à une "erreur dans la doctrine catholique". Au point que le défaut (pertinace) d'assentiment équivaut selon Cartechini à un péché mortel de désobéissance, sinon à un péché mortel indirect contre la foi. Excusez du peu... Or Mgr Gherardini soutient que les actes de Vatican II relèvent au moins du magistère simplement authentique. Ceux qui se camouflent derrière Mgr Gherardini peuvent-ils, sans mentir, affirmer qu'ils font montre d'un assentiment interne et externe aux actes du concile Vatican II ? EA, qui est jusqu'à preuve du contraire un contempteur notoire du concile Vatican II, peut-il, sans mentir, affirmer qu'il assentit d'un assentiment religieux interne et externe aux actes du concile Vatican II ? Le principe, vrai, rappelé par Mgr Gherardini, porte condamnation de toute la résistance à Vatican II... dans l'hypothèse où Vatican II est un concile oecuménique, c'est-à-dire un concile promulgué par un vrai et légitime Souverain Pontife.

2. Mgr Gherardini ne nie nullement que Vatican II - comme tout concile oecuménique (supposé) - relève de soi de l'autorité suprême. Mais encore faut-il comprendre ce que signifie "autorité suprême". Il ne s'agit point du degré dans l'exercice de l'autorité usité à tel ou tel endroit de tel ou tel acte du concile. Il s'agit d'une expression désignant le sujet de l'autorité dans l'Eglise. Est l'autorité suprême dans l'Eglise le sujet qui a autorité sur l'Eglise universelle: à savoir premièrement le pape seul, et deuxièmement le pape faisant participer le corps épiscopal de l'autorité sur l'Eglise universelle (il s'agit alors du collège épiscopal : les évêques mais non pas sans le pape). Illustration concernant le pape seul : "Ainsi le pape ne peut pas confirmer un décret doctrinal sans faire usage de son autorité suprême, qui est la sienne propre ; mais il peut le faire sans exercer son autorité et son magistère avec toute sa force possible, car cela a lieu seulement lorsqu'il fait des définitions ex cathedra." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura - traduction de l'Abbé J.M. Gleize dans son édition du Tractatus de divina traditione - Card. J.B. Franzelin, La Tradition, Courrier de Rome, 2008, p. 166.

Cette autorité suprême, même lorsqu'elle n'engage pas l'infaillibilité proprement dite, et donc même dans son magistère simplement authentique, ne peut être préjudiciable à la foi et aux moeurs : "Dans ce genre de déclarations, la vérité de la doctrine n'est sans doute pas infaillible puisque par hypothèse le magistère n'a pas l'intention d'en donner la détermination. Mais la doctrine est pourtant infailliblement sûre. On parle ici de la sûreté de la doctrine proposée (dans l'absolu ou en raison de certaines circonstances) et aussi de la sûreté subjective, selon qu'il est sûr ou non pour tous les fidèles d'embrasser une doctrine et selon qu'on ne saurait refuser de l'embrasser sans violer la soumission requise au magistère divinement institué." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura - traduction de l'Abbé J.M. Gleize, p. 164.

3. Concernant le discours de Pie XII aux sages-femmes du 29 octobre 1951, observons ce qui suit :

- Ce simple discours non pas "a fait autorité" (???) mais fait autorité. Hic et nunc. - L'enseignement en question de Pie XII s'inscrit-il dans le "semper et ubique" ? Oui et non. Oui, dans la mesure où ledit enseignement ne s'inscrit pas en discontinuité avec ce que l'Eglise a cru toujours et partout. Mais non, dans la mesure où c'est une question absolument nouvelle qui se pose et que le pape vient trancher. Ce que Pie XII enseigne là n'a objectivement pas été cru toujours et partout par l'Eglise. C'est l'évidence. "Ainsi tel point de doctrine contenu dans la révélation objective peut, à partir d'une certaine époque (lorsqu'il a été suffisamment expliqué et proposé), appartenir aux vérités qu'il faut nécessairement croire de foi catholique : et cependant ce point de doctrine, quoique contenu depuis toujours dans le dépôt de la révélation, n'a pas été cru explicitement, toujours, partout et par tous, et n'avait pas à l'être. Ainsi, bien que les notes énumérées dans le canon de saint Vincent de Lérins démontrent à l'évidence, par leur présence, que la doctrine à laquelle elles s'appliquent est un dogme de foi catholique, elles ne prouvent cependant pas, par leur absence, qu'une doctrine n'est pas contenue dans le dépôt de la foi. ... Le canon est donc vrai au sens affirmatif, mais il ne peut pas être accepté au sens négatif et exclusif." Card. J.B. Franzelin, s.j., Tractatus de divina traditione et scriptura. Où l'on remarque encore une fois que le "semper et ubique" ne peut pas être une condition du magistère infaillible. C'est au contraire la conséquence et la note de l'exercice passé du magistère infaillible, mais non point la note exclusive. - La pseudo objection d'EA est donc nulle et sans portée aucune.

- Ainsi qu'en administre la preuve le discours de Pie XII aux sages-femmes en date du 29 octobre 1951, la "hiérarchie des normes" en terme de degrés d'autorité du magistère n'obéit absolument pas à une pseudo logique de titulature des documents usités (qui sent le nominalisme de pacotille).

4. Réponses à un festival d'énormités.

- EA écrit que "l'autorité ne définit pas en matière de moeurs comme elle définit en matière de foi". Est-ce à dire que dans l'Eglise, l'autorité suprême n'a pas pouvoir de se prononcer en matière de moeurs ? Quelle énormité ! Admettons qu'EA se soit mal exprimé et qu'il ne tienne pas pour une thèse aussi aberrante. Est-ce à dire alors que l'autorité suprême ne peut pas se prononcer avec le même degré d'autorité sur les questions de foi et sur les questions de moeurs ? C'est moins énorme... mais c'est encore une énormité ! - J'en veux pour preuve que, contrairement à ce qu'affirme faussement EA, l'encyclique Casta Conubii est réputée contenir au moins une définition ex cathedra (cf. Dom Nau)... en matière de moeurs ! "En conséquence, comme certains, s'écartant manifestement de la doctrine chrétienne telle qu'elle a été transmise depuis le commencement, et toujours fidèlement gardée, ont jugé bon récemment de prêcher d'une façon retentissante, sur ces pratiques, une autre doctrine, l'Eglise catholique, investie par Dieu même de la mission d'enseigner et de défendre l'intégrité et l'honnêteté des moeurs, l'Eglise catholique, debout au milieu des ruines morales, élève bien haut la voix par Notre bouche, en signe de sa divine mission, pour garder la chasteté du lien nuptial à l'abri de cette souillure, et elle promulgue de nouveau : que tout usage du mariage, quel qu'il soit, dans l'exercice duquel l'acte est privé, par l'artifice des hommes, de sa puissance naturelle de procréer la vie, offense la loi de Dieu et la loi naturelle, et que tous ceux qui auront commis quelque chose de pareil se sont souillés d'une faute grave." Pie XI, encyclique Casti Connubii, 31 décembre 1930. S'il ne s'agit pas là d'une définition ex cathedra, on se demande bien de quoi il peut bien s'agir... et on se demande bien ce qui peut être "définition ex cathedra" si un tel jugement n'en est pas une.

- Nous ne reviendrons pas sur la rengaine "semper et ubique" : complet contre sens d'EA qui prétend que la note "semper et ubique" est condition nécessaire et exclusive du magistère infaillible (cf. infra les explications de Franzelin). Si tel était le cas (absit) le magistère, c'est-à-dire l'Eglise enseignante, serait infaillible au même titre que l'Eglise croyante. Pire encore, le pape serait infaillible au même titre que le particulier EA. Infaillible de fait et non de droit. Un tel faux principe constitue la ruine du magistère infaillible (qui est infaillible d'une infaillibilité de droit).

5. Faute de raisonnement ? Non point. Selon Mgr Gherardini, il n'y a "jamais aucune définition" dans les actes de Vatican II, "au maximum, le renvoi à des définitions du passé". Or, par exemple, Vatican II a prétendu définir la sacramentalité de l'épiscopat. Donc il est faux d'affirmer, comme le fait Mgr G., que dans Vatican II il n'y a tout au plus que des "renvois à des définitions du passé". Et j'ajoute au passage que l'on serait bien en peine, sur tel ou tel sujet, de renvoyer effectivement et ad rem à une définition du passé... lors même que Vatican II en prend le contre-pied. Concernant DH, je suis bien d'accord que Mgr Gherardini exclut apparemment que Vatican II définit que le droit à la liberté religieuse est révélé ou lié à la Révélation. Sauf que les Pères de Vatican II, ainsi qu'EA le reconnaît, définissent bel et bien que "le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même". Force est donc de constater que le droit à la liberté religieuse est défini comme nécessairement lié à la Révélation. Sauf à nier que le magistère soit infaillible lorsqu'il déclare qu'une proposition est liée à la Révélation (objet secondaire du magistère infaillible), il faut conclure que l'enseignement de DH relatif au droit à la liberté religieuse relève du magistère infaillible... à moins que DH n'émane pas du collège épiscopal, c'est-à-dire que Paul VI ne soit pas pape. « C’est à double titre qu’une proposition peut relever de la foi : à titre direct et principal, comme les articles de foi ; à titre indirect et secondaire, comme les propositions dont la négation entraîne la corruption de quelque article de foi. Dans les deux cas, de même que la foi est engagée, de même il peut y avoir hérésie. » Saint Thomas d’Aquin, IIa IIæ, q.XI a.2 : Si l’hérésie a proprement comme objet ce qui est de foi "Pour que, dans ces diverses occurrences, le magistère ordinaire et universel soit infaillible, il est nécessaire que son enseignement soit manifestement donné comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation chrétienne." Dublanchy, DTC IV, 2195. "Ce magistère s'étend à toute la doctrine de l'Eglise, ainsi que nous l'avons remarqué à plusieurs reprises. Le corps épicopal enseigne infailliblement et le peuple fidèle accepte tous les points obligatoires de la doctrine chrétienne." Vacant, DTC, II, 111. "Nous savons qu'une doctrine nécessairement connexe avec les vérités révélées peut être infailliblement proposée comme "à tenir" par le magistère universel et ordinaire de l'Eglise. " Salaverri, De Ecclesia Christi, n°901.

fonte:http://www.voxfidelium.fr/