Nous devons aimer nos cimetières, car nous y sentons une présence : la présence de corps, qui furent les temples de l’âme et du Saint-Esprit, qui retournent à la terre, d’où ils sont sortis, et qui ne sont plus que pourriture et poussière. Ils nous rappellent la sentence qui fut portée contre l’homme au paradis terrestre « Tu mourras de mort ». Bientôt, notre corps viendra reposer dans l’attente de la résurrection de toute chair.
Au cimetière, nous pensons aux âmes de nos chers défunts. Où sont-elles ? Au ciel ? Il faut être si pur pour en franchir les limites ! Ne vont droit au ciel que les âmes qui meurent dans un acte de parfait amour de Dieu. Certes, nul d’entre nous ne voudrait que l’âme d’un être aimé fût en enfer ! C’est pourquoi nous allons les chercher dans les abîmes du purgatoire. Oh ! Que ce dogme est consolant ! Le purgatoire est le vestibule du paradis. Ce dogme est sanctifiant, consolant ! Le purgatoire est le vestibule du paradis. Ce dogme est sanctifiant, car la pensée du purgatoire a orienté tant d’âmes vers la perfection.
L’Eglise universelle affirme l’existence du purgatoire lorsqu’elle « prie pour les défunts afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés » (Macch. XII, 46). Dans le purgatoire, nous le savons, les âmes souffrent ! Je ne vous décris pas leurs peines, ce serait œuvre de pure imagination. Mais nous en connaissons la plus grande : la privation de Dieu.
Tous les chrétiens, unis par la charité, sont membres d’un seul corps, l’Eglise corps mystique du Christ : et dans un corps, les membres peuvent s’aider mutuellement. Nous pouvons soulager les âmes du purgatoire par nos prières, la messe, l’aumône, l’application des indulgences. C’est principalement par le Saint Sacrifice de la Messe où se renouvelle sans cesse le sacrifice du Calvaire que les âmes sont délivrées du purgatoire ; là, le Fils de Dieu s’immole toujours comme rançon pour les pécheurs et donc pour les âmes du purgatoire qui ont besoin de se purifier. L’Eglise nous l’a toujours enseigné dans ses conciles et elle l’a défini dans la liturgie : « Memento, Domine… » « Souvenez-vous, Seigneur, de vos serviteurs et de vos servantes qui sont partis avant nous et qui dorment dans le sommeil de la paix » ; et encore « Agneau de Dieu, qui enlevez les péchés du monde, donnez-leur le repos éternel ! » Par nos suffrages, par notre assistance à la Messe et notre prière se répand sur les âmes du purgatoire la vertu du sang de Jésus-Christ.
La Sainte Messe est le plus efficace soulagement des âmes du Purgatoire, le plus salutaire. Le concile de Trente a déclaré : « Les âmes du Purgatoire sont secourues par les suffrages des fidèles, principalement par le Sacrifice de l’autel. » Deux siècles auparavant saint Thomas d’Aquin disait : « Selon l’usage général, l’Eglise sacrifie et prie pour les défunts et ainsi les libère promptement du purgatoire. » Alors il nous importe de prendre une bonne résolution pour ce mois de novembre : celle de ne pas oublier ces âmes souffrantes pour les tirer du gouffre où elles gémissent dans l’attente de leur délivrance. Pourquoi chacun ne pendrait-il pas la résolution d’assister à une messe, à deux, ou même tous les jours, en semaine, pour la délivrance des âmes du purgatoire ? Ne nous contentons pas de la messe obligatoire du dimanche ! Venons en semaine : une messe, une communion a d’autant plus de valeur qu’elle nous a coûté un effort !
L’Amour de Dieu nous le commande. Notre-Seigneur a dit que tout acte de charité fait envers le prochain, il le reçoit comme fait à lui-même. S’il y a grande joie dans le ciel pour un pécheur qi se convertit, à combien plus fort raison lorsqu’un élu fait son entrée dans la Cité Sainte ! C’est donc procurer un accroissement de joie aux bienheureux que de grossir leur nombre en délivrant des âmes du purgatoire. C’est un devoir de charité fraternelle, de reconnaissance envers des parents, des amis envers qui nous sommes redevables ; ce peut-être un devoir de justice parfois, car qui sait si des âmes n’expient pas des fautes que nous leur aurions fait commettre… ? En tout cas, c’est notre intérêt car si nous avons pratiqué la charité envers les défunts, eux-mêmes, au ciel, ne pourront pas nous oublier et Dieu nous fera miséricorde.
En voici un exemple : L’écrivain Rosignoli raconte le fait suivant, qui se passa au 19e siècle. Une pieuse servante faisait dire tous les mis une messe pour les âmes du purgatoire, et autant que possible elle assistait à cette messe, priant ardemment, surtout pour l’âme qui était la plus près d’être délivrée. Plus tard ses maîtres s’établirent à Paris ; elle les y suivit, y tomba malade, perdit sa place peu à peu consuma ses épargnes. Lorsqu’elle fut rétablie, elle n’avait plus qu’un franc.
Sa première course fut pour visiter une église avant de chercher une place. Elle entra à Saint-Eustache, juste au moment où un prêtre célébrait ma messe. Aussitôt elle se souvint que pendant ce mois elle n’avait pas encore fait dire de messe pour les morts. Elle aurait volontiers donné son franc, mais que lui resterait-il pour vivre ? Pendant quelques instants son âme fut en proie à une lutte douloureuse, mais enfin elle se décida malgré tout à faire dire une messe. Elle se rendit à la sacristie et remit l’argent à un prêtre, qui lui promit de dire la messe à son intention. Elle assista à la messe et implora le secours de Dieu pour les âmes du purgatoire et pour elle-même.
Au sortir de l’église, tandis qu’elle cherchait anxieusement un bureau de placement, elle vit venir à elle un jeune homme élancé et pâle qui lui demanda : « N’est-ce pas vous qui cherchez une place ? Allez chez Madame N., telle rue, tel numéro, je crois que vous y serez bien. » Puis le jeune homme disparut dans la foule. Vers midi, la pieuse servante se rendit à la maison indiquée et arriva juste au moment où l’ancienne bonne, un paquet de linge à la main, venait de partir. La servante sonna et une vieille dame ouvrit la porte en disant : « Que désirez-vous ? » La servante répondit : « Madame, ce matin un jeune homme m’a dit de me présenter ici parce que vous avez besoin d’une bonne. » La dame parut étonnée. « Chose étrange, fit-elle, ce matin il ne me fallait encore personne, il n’y a qu’une demi-heure que j’ai renvoyé cette fille insolente. »
La dame lui posa quelques questions qui prouvèrent à l’évidence qu’il n’y avait pas erreur. Elle fit entrer la nouvelle bonne, qui lui raconta tout ce qui s’était passé. Pendant qu’elle parlait, ses yeux rencontrèrent un portrait qu’elle reconnut tout de suite. « Voilà, dit-elle, à la dame, le jeune homme qui m’a envoyé ici. – C’est mon fils, répondit la dame, mais il est mort depuis deux ans. » Peu à peu, toute l’affaire s’expliqua, lorsque la servante raconta sa détresse et la messe qu’elle avait offerte pour les âmes raconta sa détresse et la messe qu’elle avait offerte pour les âmes du purgatoire. La dame reconnut que le bon Dieu avait aidé miraculeusement la pauvre bonne à cause de sa piété envers les âmes du purgatoire, et elle la traita comme son enfant.
Il est évident que les âmes du purgatoire sont reconnaissantes envers leurs bienfaiteurs. Il est donc utile de prier souvent pour que Dieu abrège leurs peines.