Insuffisance des sacrifices de l’ancien testament, et dignité
de celui du nouveau
Mais comme tous ces sacrifices de l’ancienne loi n’étaient
point capables d’honorer Dieu dignement, ni de mériter les grâces du salut, ni
d’expier les péchés, ils ont été abolis tous ; et Jésus-Christ leur a substitué
le sacrifice de son Corps et de son Sang, qu’il a offert uns fois sur la Croix
pour la gloire de son Père et pour le salut des hommes, et qu’il renouvelle
chaque jour sur nos Autels. Ainsi dans la loi nouvelle il n’y a proprement qu’un
seul sacrifice, qui est celui de la Croix, renouvelé et continué par celui de la
Messe, parce qu’il n’y a que ce seul sacrifice qui soit absolument digne de
Dieu, qui lui soit uniquement agréable, et qui puisse mériter les grâces du
salut et expier les péchés des hommes.
1° Ce sacrifice est digne de Dieu et il lui procure la gloire
et l’honneur qu’il mérite, puisqu’on lui offre une victime d’un prix infini,
c’est-à-dire Jésus-Christ qui est Dieu lui-même, égal à son Père.
2° Il lui est uniquement agréable, puisque c’est son Fils
bien-aimé.
3° C’est la source de toutes les grâces du salut, car toutes
les grâces qui ont été données aux hommes, même avant l’Incarnation, viennent
des mérites infinis de Jésus-Christ. Il nous les a mérités en mourant sur la
Croix, et il nous les applique en s’immolant sur nos Autels. Ainsi le sacrifice
de la Croix a amassé le trésor des grâces, et celui de la Messe les distribue à
chacun selon ses dispositions.
4° Le sacrifice de la Croix et de la Messe est plus que
suffisant pour réparer l’outrage infini que les péchés ont fait à Dieu, et pour
les expier, puisqu’une seule goutte du Sang de Jésus-Christ, étant d’un prix
infini, eût suffi pour effacer les péchés du monde entier. De tout cela il
s’ensuit aisément que la Messe est tout ce qu’il y a de plus grand, de plus
saint dans la religion. Rien n’est plus glorieux à Dieu ni plus avantageux pour
l’homme.
Les trois parties les plus essentielles de la Messe sont,
1° la consécration, puisque c’est dans ce moment que
Jésus-Christ descend du ciel sur l’autel, et que le pain et le vin sont changés
en son Corps et en son Sang ;
2° l’offrande du sacrifice, non seulement celle du pain
et du vin, qui se fait à l’offertoire, mais surtout celle de Jésus-Christ même,
qui se fait immédiatement après la consécration, lorsque le Prêtre levant la
sainte Hostie et le Calice vers le Ciel présente au Père éternel son Fils
bien-aimé, et lorsque ensuite, faisant le signe de la Croix sur l’hostie et sur
le calice, il prononce ces paroles : " Nous vous offrons une hostie sainte, une
hostie pure, une hostie sans tache, et le calice du salut éternel
"
[Prière, Unde et memores... après la
consécration dans la messe tridentine]. C’est donc surtout dans
ces deux moments qu’on doit offrir à Dieu, avec le Prêtre, Jésus-Christ en
sacrifice à son Père ;
3° la communion, qui est la participation et la
consommation du sacrifice ; car de même que dans l’ancienne loi le Prêtre, après
avoir offert une victime, y participait lui-même et en faisait part à celui qui
l’avait donnée et pour qui elle avait été offerte, de même dans la nouvelle le
Prêtre, après avoir offert le saint sacrifice de la Messe, doit nécessairement y
participer ; et l’Église souhaiterait que les fidèles pour qui il est offert
vécussent assez saintement pour être en état d’y participer aussi par la
communion sacramentelle. Ils doivent du moins y participer par la communion
spirituelle, qui se fait en s’unissant à Jésus-Christ en esprit par désir et par
amour.lire...