(Fontgombault, le 1er mars 2017)
Scindite corda vestra et non vestimenta vestra.
Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements.
(Joël 2,13)
Chers Frères et Sœurs,
Mes très chers Fils,
’ÉGLISE DEMANDE AU PROPHÈTE JOËL d’ouvrir la sainte
quarantaine en lui empruntant la lecture de ce matin. Au
terme du temps de la Pentecôte, le vendredi et le samedi dans
l’octave, c’est le même prophète qui fera entendre sa voix,
annonçant l’effusion du Saint-Esprit sur toute chair. Auparavant,
nous aurons revécu la Pâque du Seigneur, sa mort et sa
résurrection. Renonçant au mal et à Satan, nous aurons renouvelé
durant la sainte Vigile les promesses de notre baptême,
revivant à nouveau dans la lumière du Ressuscité notre propre
pâque.
L
Aujourd’hui le cri du prophète n’annonce pas un bienfait
divin, il est tout autre : « Revenez-à moi de tout votre cœur. »
Il ne semble pas anodin que la parole d’un même prophète,
arrivée jusqu’à nous dans un petit livre de seulement quatre
chapitres, se fasse entendre dans l’année liturgique uniquement
à l’ouverture et à la clôture de ce grand cycle que constitue le
carême, le temps pascal et le temps de la Pentecôte, semblant
ainsi vouloir renforcer l’unité de cet ensemble.
De fait, si nous voulons recevoir une effusion renouvelée de
l’Esprit, si nous voulons que notre être soit régénéré dans le
Sang de l’Agneau, alors il faut que l’invitation à la table des
mystères sacrés touche réellement notre vie, qu'elle provoque
des tourbillons dans le cours du long fleuve tranquille du traintrain
quotidien, qu'elle nous fasse repousser les compromissions
avec les habitudes mauvaises. Il faut nous convertir, c’est-à-dire
réorienter radicalement notre vie : cesser le péché et faire le
bien, dans la confiance en l’aide de la grâce, avec l’espérance
de la miséricorde divine.
La parole du Seigneur par la bouche du prophète est vive :
« Revenez à moi de tout votre cœur dans le jeûne, les larmes et
le deuil. » La demi-mesure n’est plus d’actualité.
« L'appel du Christ à la conversion, souligne le Caté-
chisme de l’Église Catholique, continue à retentir dans
la vie des chrétiens. Cette conversion est une tâche
ininterrompue pour toute l’Église qui ''enferme des
pécheurs dans son propre sein'' qui ''est donc à la fois
sainte et appelée à se purifier, et qui poursuit constamment
son effort de pénitence et de renouvellement''
(Vatican II, Lumen Gentium 8). Cet effort de conversion n'est
pas seulement une œuvre humaine. Elle est le mouvement
du ''cœur contrit'' (Ps 51,19) attiré et mû par la
grâce (cf. Jn 6,44 12,32) à répondre à l'amour miséricordieux
de Dieu qui nous a aimés le premier (cf. 1Jn 4,10). »
(n° 1428)
C’est donc bien au Seigneur qu’il faut revenir... mais
comment revenir ?
Le prophète Joël invite le peuple à « déchirer son cœur ».
Déchirer son cœur, c’est permettre au mal qui y demeure de
s’évacuer, à la pourriture qui a pu y élire domicile de s’écouler.
Déchirer son cœur, c’est aussi, en le plaçant sous un autre
cœur, blessé par la pointe d’une lance et devenu ainsi source de
vie, le laisser être lavé, irrigué, nourri, par le Sang et l’Eau qui
jaillissent de cette fontaine d’amour.
La réception de l’Eucharistie et du sacrement de Pénitence, la
lecture de l’Écriture sainte soutiendront notre chemin de conversion
et de pénitence. Par le jeûne, la prière, l'aumône, les efforts
de réconciliation avec le prochain et le souci de son salut, par le
recours à l'intercession des saints et la pratique de la charité, nous
préparerons notre rencontre avec le Christ au matin de Pâques.
Notre course doit s’achever comme celle des saintes femmes
auprès du tombeau vide, ou encore comme celle des pèlerins
d’Emmaüs au cours de la fraction du pain.
Dieu l’a promis par la bouche du prophète Joël : « Voici que
je vous envoie le blé, le vin, l'huile fraîche. Vous en aurez à
satiété. Et jamais plus je ne ferai de vous l'opprobre des
nations. » (Joël 2,19)
En cette année du centenaire des apparitions de Notre-Dame
à Fatima, rappelons la demande de Marie aux petits bergers :
« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances
qu’il voudra vous envoyer, en acte de réparation pour
les péchés par lesquels il est offensé et de supplication pour la
conversion des pécheurs ? » Déchirer son cœur, c'est aussi lui
donner de devenir source.
Confiants que Marie ne manquera pas de nous accompagner
de sa maternelle présence comme elle a su le faire pour son Fils
et pour les petits bergers, offrons généreusement les efforts de
ce carême qui commence.
Stabat Mater dolorosa juxta crucem lacrimosa, dum
pendebat Filius… Debout, elle se tenait en larmes, la
Mère des douleurs, au pied de la croix où son Fils était
suspendu. (Séquence de la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs)
Saint et fructueux Carême.
Amen.
- E senti o espírito inundado por um mistério de luz que é Deus e N´Ele vi e ouvi -A ponta da lança como chama que se desprende, toca o eixo da terra, – Ela estremece: montanhas, cidades, vilas e aldeias com os seus moradores são sepultados. - O mar, os rios e as nuvens saem dos seus limites, transbordam, inundam e arrastam consigo num redemoinho, moradias e gente em número que não se pode contar , é a purificação do mundo pelo pecado em que se mergulha. - O ódio, a ambição provocam a guerra destruidora! - Depois senti no palpitar acelerado do coração e no meu espírito o eco duma voz suave que dizia: – No tempo, uma só Fé, um só Batismo, uma só Igreja, Santa, Católica, Apostólica: - Na eternidade, o Céu! (escreve a irmã Lúcia a 3 de janeiro de 1944, em "O Meu Caminho," I, p. 158 – 160 – Carmelo de Coimbra)